Jean-Pierre Allali
Le rendez-vous des Gobelins, par Martine Gozlan (*)
Grand reporter à l’hebdomadaire Marianne, l’auteure, dans son dernier roman, accomplit une véritable prouesse, un tour de force : associer le judaïsme lituanien et celui de l’Algérie. C’est le Gaon de Vilna se pavanant dans les gorges du Rummel !
C’est dans un bar du quartier des Gobelins à Paris, le « Canon des Gobelins » dirigé par le sympathique Victor, que commence le récit de l’étrange aventure de l’héroïne, Rose, elle-même journaliste dans un hebdomadaire, La République, que dirige avec autorité, un certain Jean Vallières.
Très vite, c’est le mystère avec l’apparition d’une cliente fantomatique, Rose, qui déclare venir de l’au-delà et qui se lie d’amitié avec son homonyme, bien réelle, elle.
La fantôme raconte sa vie d’avant quand elle vivait au 82, boulevard Saint-Marcel et où son père, Yankel Avijanski, originaire de Kovno, en Lituanie, dirigeait une tannerie. C’était avant que la famille décide d’aller vivre à Paris.
Des personnages surgis du néant reprennent vie : Élie Ben Salomon, Sabbataï Zevi, Schneour Zalman Schneerson, Rabbi Samuel Ha Naguid... Sans oublier la Kahina ! Au fil des solennités du calendrier des fêtes juives, le récit oscille entre le présent et le passé. Puis c’est l’irruption de l’Algérie juive avec le personnage de Mardochée-Mimoun. Et, de là, direction Constantine en train.
Le statut de la femme agouna, celle qui, dans le monde juif, n’a pas été libérée du mariage par l’attribution du guet par son mari est longuement examiné, notamment à travers le traité Nashim, « Les femmes », du Talmud.
On se perd un peu dans le tourbillon lituano-berbère dans lequel nous entraîne Martine Gozlan mais c’est, pour le moins, original.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Écriture. Août 2020. 176 pages. 18 €.