Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali - France Bloch-Sérazin : Une femme en résistance, par Alain Quella-Villéger

26 Juin 2019 | 91 vue(s)
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France Bloch-Sérazin : Une femme en résistance (1913-1943), par Alain Quella-Villéger*

Ce livre veut réparer une injustice : le fait que l’action héroïque de certains résistants, notamment de femmes, contre l’occupant nazi, soit ignorée du grand public. Comme le dit la préfacière : « La participation active des femmes à la Résistance a longtemps été sous-estimée, voire occultée.

Françoise dite France Bloch-Sérazin aura été de ces figures exceptionnelles dont il convient de garder vivace le souvenir. Née à Paris le 21 février 1913, elle était la fille de l’écrivain Jean-Richard Bloch, d’origine alsacienne et de Marguerite Herzog, héritière d’une famille bourgeoise de drapiers juifs d’Elbeuf et sœur d’André Maurois. Elle avait deux sœurs, Marianne et Claude et un frère, Michel.

Une famille juive laïque, rationaliste et traditionaliste. Dans une lettre à son ami Romain Rolland, Jean-Richard Bloch se définit ainsi : « Je suis Juif, je suis Français, mais avec ces deux éléments, je n’aspire qu’à fonder mon statut d’Européen et plus encore, d’homme ».

Les Bloch passeront une grande partie de leur vie dans leur propriété de la Vienne, La Mérigote. Très jeune, France est attirée par la lecture, la musique, le dessin et le latin. En 1931, elle entreprend des études à la faculté des sciences de Poitiers et, en 1934, elle décroche une licence de chimie. Un an plus tard, elle rejoint Paris où elle est assistante à l’Institut de Chimie. Parallèlement, elle se lance dans l’action politique et, en 1937, adhère au parti communiste. C’est à la cellule du PC du 14ème arrondissement que France va rencontrer celui qui sera le compagnon de sa courte vie : Frédéric Baptiste Marie dit Frédo Sérazin, tourneur-outilleur et militant communiste. France et Frédo se marient le 13 mai 1939.

3 septembre 1939. C’est la Guerre. Bien qu’enceinte (son fils, Roland, verra le jour le 28 janvier 1940) , France se lance avec fougue dans l’action. Frédo, lui, est arrêté et interné à Sisteron et s’évadera. Dans la cave de France, le matériel d’impression et les tracts anti-hitlériens sont stockés.

Le 11 février 1942, France échappe de justesse à la police. Elle est désormais activement recherchée et sera finalement arrêtée. Elle va, dès lors, subir des interrogatoires musclés avant d’être incarcérée.

Un procès s’ouvre le 16 septembre 1942 devant un tribunal militaire allemand à l’issue duquel elle est condamnée à mort. Le 27 novembre, elle est transférée à Lübeck. Elle sera exécutée le 12 février 1943 à Hambourg. Frédo sera, lui, assassiné peu après par la milice de Saint-Étienne.

Un cahier photos agrémente ce bel ouvrage. À découvrir.

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Des Femmes Antoinette Fouque. Préface de Marie-José Chombart de Lauwe. Janvier 2019. 304 pages. 18 €.