Jean-Pierre Allali
Dieu, la République et Macron : Cuisine et confessions, par Salomon Malka*
Quelle est la position du président de la République pour ce qui concerne les religions ? Dans une enquête qui l’a conduit à rencontrer de nombreuses personnalités, Salomon Malka se pose, d’entrée de jeu la question : Emmanuel Macron, au cours de sa mandature, sera-t-il influencé par sa conversion au catholicisme quand il était élève au lycée La Providence d’Amiens, berceau de la Macronie ou fera-il la part égale à toutes les religions de France : catholicisme, bien sûr, mais aussi protestantisme, judaïsme, islam et bouddhisme. Le président modifiera-t-il la sacro-sainte loi de 1905 sur la laïcité ? Quelle direction donnera-t-il aux débats délicats sur la bioéthique ? Trouvera-t-il une solution aux problèmes engendrés par les dérives d’une forme dévoyée de l’islam ? Que proposera-t-il à propos de la crise migratoire ?
L’auteur, qui propose, en couverture, une photographie du chef de l’État en compagnie du pape François, lors de sa visite au Vatican le 28 juin 2018, a choisi, comme scène fondatrice de son enquête, la cérémonie des funérailles de Johnny Halliday célébrées en l’église de la Madeleine le 9 décembre 2017. À cette occasion, on a pu voir le président saisir brièvement, conformément au rite latin, le goupillon, laissant à son épouse, le soin de procéder à l’aspersion d’eau bénite. Quelques mois plus tard, le 9 avril 2018, ce sont les retrouvailles au Collège des Bernardins à l’initiative de la hiérarchie épiscopale aux cours desquelles le président Macron prononcera une adresse solennelle aux catholiques de France.
Le questionnement posé par Salomon Malka surgit à un moment où, estime-t-il, « le catholicisme se conçoit affaibli et connaît les affres des scandales sexuels, où le protestantisme est agité par la croissance de l’évangélisme et se trouve tiraillé, où l’orthodoxie se divise en schismes importés de ses terres natales, où le judaïsme subit un repli identitaire sous l’effet des nouvelles formes d’antisémitisme, où l’islam échoue à se structurer et à se dégager des dérives fondamentalistes et haineuses, où le bouddhisme peine à se rassembler et où les traditions humanistes se déclarent elles-mêmes en quête de définitions neuves ».
Parmi les personnalités interrogées par Salomon Malka : Rémy Brague, Henri Tincq, François Clavairoly, Olivier Abel, le Grand rabbin Haïm Korsia, David de Rothshild, Anouar Kbibech, Ahmet Ogras, Ghaleb Bencheikh, Didier Leschi, Christian Monjou, ou encore l’Américain Simon Serfaty
Un développement intéressant concerne le Dîner du Crif et le parcours de son actuel président, Francis Kalifat. Une occasion de rappeler le discours du président Macron au dîner du 7 mars 2018 , le 33ème du nom, au Carrousel du Louvre. Le 4 septembre 2018, le président se retrouvera, revêtu d’une kippa, à la Grande Synagogue de la Victoire pour célébrer Roch Hachana.
Une étude intéressante pleine d’enseignements précieux.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions du Cerf. Avril 2019. 222 pages. 20 €.
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