LAICITE ET FAIT RELIGIEUX, EN VISITE A L’EDUCATION NATIONALE, PAR JOSIANE SBERRO

31 Octobre 2016 | 38 vue(s)
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France
À l'occasion de la fête juive de Hanoucca, découvrez les vœux du Président du Crif, Yonathan Arfi.
 

La 12ème Convention nationale du Crif a eu lieu hier, dimanche 4 décembre, à la Maison de la Chimie. Les nombreux ateliers, tables-rondes et conférences de la journée se sont articulés autour du thème "La France dans tous ses états". Aujourd'hui, découvrez un des temps forts de la plénière de clôture : le discours de Yonathan Arfi, Président du Crif.

 

"For the union makes us strong" : car l'union nous rend forts, Solidarity forever, Peter Seegers

La 77ème cérémonie du Yizkor organisée par le FARBAND - Union des Sociétés Juives de France s'est déroulée dimanche 2 octobre 2022, à 11h30 au cimetière de Bagneux. 

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Antisémitisme

Découvrez mon discours prononcé lors de la plénière de clôture de la 11ème Convention nationale du Crif, le 14 novembre 2021, en présence du Premier ministre Jean Castex.

Lors de la cérémonie nationale d'hommage commémorant le Vel d'Hiv, le Président du Crif s'est dit "choqué et révolté par les images indécentes des récalcitrant à la vaccination arborant l’étoile jaune et faisant des raccourcis honteux. C’est un outrage à la mémoire des victimes de la Shoah".

Discours prononcé à la cérémonie du 18 juillet par M. Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine, lors de la « Journée nationale à la mémoire des crimes racistes et antisémites commis par l’État français de Vichy et en hommage aux Justes de France. »

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En 2005, le fait religieux envahissait peu à peu et dans la confrontation, les cours de récréation. L’agitation religieuse commençait à provoquer des dégâts dont nous payons le prix lourd aujourd’hui.

Josiane Sberro, membre de la commission Education du CRIF, et ancienne directrice de collèges.
 

Dans un désintérêt général méprisant et souvent irresponsable, brimés et violentés les élèves juifs quittaient peu à peu le statut « d’élèves de la Nation », pour se protéger et s’enfermer, dans des écoles confessionnelles juives ou chrétiennes.

 
Il est bien rare aujourd’hui - surtout en banlieue - de rencontrer des enfants juifs dans une cour d’école. Cela se fait au détriment de la richesse, de la pluralité du tissu national: une fraction des membres de la république se voit obligée de se calfeutrer de se protéger de se faire invisible.
 
L’Inspecteur Général Jean Pierre Obin bien avant tout le monde, avait parfaitement perçu la réalité du terrain. Son fameux rapport était, pour nous chefs d’établissement, un outil attendu, espéré,  qui nous donnait des clés pour comprendre et maitriser la réalité française à l’aube  d’un multiculturalisme envahissant, voir conquérant.
 
Il n’en fut rien car en 2005, le Ministre de l’Education nationale d’alors,eut bien vite fait d’enterrer ce rapport, dont il redoutait des conséquences d’agitation inutile ; ce fut une erreur majeure.
 
Chef d’Etablissement, spécialisée dans l’intégration de jeunes ados issus de l’immigration, alors élue et responsable communautaire, c’est à ces différents titres que ce problème est devenu peu à peu ma définition éducative, ma feuille de route.
 
Dans mon département du Val d’Oise depuis plus de trente ans, les établissements scolaires privés m’ont offert une réelle possibilité d’échange intellectuel, philosophique, et multiculturel en présence d’élèves curieux et ouverts-de toutes origines et religions confondues-, d’équipes pédagogiques efficaces, prêtes à l’échange sans à priori.
 
Nous avons mené de nombreuses opérations d’explications, de connaissance mutuelle, de rencontres du fait religieux « de l’autre » pour le comprendre et le respecter.
 
Ensemble nous avons pu développer à partir de programmes longuement travaillés avec ces équipes, une image démystifiée des religions, de leur rapport à la vie commune et au respect de la laïcité.
 
Aujourd’hui, et c’est une première : Une enseignante de l’Education Nationale demande au CRIF une intervention en cours d’histoire et en classe de 5eme, sur le thème incroyable de « judaïsme et laïcité ». Le Crif me charge de ce beau projet et me voilà en route pour une banlieue inconnue.
 
L’arrivée est morose, dans une commune sombre et négligée. L’accueil au collège et chaleureux et me réintègre à mon ministère passé.
Me voilà donc accompagnée d’une jeune et charmante professeure, accueillie dans la classe par un collectif et joyeux « bonjour madame » de bon augure.
Nous sommes bien vite, dans le vif du sujet. Une rapide question pour savoir comment aborder mon jeune public, me révèle qu’un seul élève de la classe est non musulman. Cela me permet de cerner une méthode d’approche cohérente.
 
Devant parler de judaïsme j’ai prévu toutes sortes d’objets symboliques à montrer à faire circuler et surtout à démystifier. Pour créer immédiatement l’échange, je demande qui sait écrire en arabe. De nombreux petits doigts se lèvent.
 
Je demande donc au « doigt » le plus insistant, d’écrire bonjour en arabe au tableau. Etonnement, éclats de rire timides, mais rapidement, le mot « Salam » que j’attends est écrit au tableau. C’est à partir du mot « chalom » écrit en hébreu au-dessous qu’un dialogue animé s’engage aussitôt avec une classe réactive et intéressante.
 
On découvre ainsi le même sens d’appel à la paix écrit avec les mêmes racines et la même prononciation, et l’on s’étonne que ces deux langues puissent avoir quelque chose de commun !
 
Je maintiens l’intérêt avec quelques termes communs dans les deux langues ; cela les amuse les étonne et les touche visiblement. Nous entamons alors l’explication de quelques symboles sur le taleth les tsitsith, les phylactères, la mezouza, en insistant sur  une seule donnée : tous ces objets disent une seule chose que vous dites aussi : il y a pour tous les hommes un seul Dieu !
 
Un alphabet en hébreu est présenté ainsi qu’un rouleau de parchemin de l’histoire d’Esther, qui permet de s’intéresser à la fabrication du parchemin, et de  comparer avec la facilité de lire une livre plutôt que de dérouler ce document.
 
Les questions pleuvent, ce rapide tour d’horizon est vivant il y a du répondant ; et nous passons laïcité oblige, aux lois alimentaires. Halal-Cacher y passent et la question attendue : Je veux manger Halal à la cantine.
 
Cela n’est pas possible dans tous les cas. Que faire ? C’est indispensable d’apprendre à trier à la cantine ce que je peux ou ne peux pas manger. La discussion fut longue et des possibilités découvertes ensemble.
 
Une autre question brûlante : certains tuent pour aller au Paradis et vous croyez aussi au Paradis ? J’explique alors que le paradis pour les juifs-le Pardes- est  bien plus dans le bonheur de l’étude d’un texte pour en découvrir le secret plutôt que de rêver à ce que je ne connais pas ; autrement dit le paradis c’est Etudie ! étudie ! Grand éclat de rire général.
 
Nous devions discuter une heure la session a duré deux heures et le temps a passé bien vite.
 
Une surprise de taille m’attendait à la sortie, demandant à un petit djerbien de quel village il était.. Un village perdu sans eau ni électricité où mon mari directeur d’école en centre ville, fut « exilé », une direction à 500km de chez lui pour avoir maintenu toutes les activités des étudiants juifs en dépit de l’interdiction du gouvernement tunisien de l’époque.
 
Et ce petit de me répondre : je sais madame ! Mon père a vu votre nom il était son élève !!
La classe debout dans un tonnerre d’applaudissements, échange, émotion, complicité, éclats de rire et tant de message sur les lois la règle l’égalité des hommes.
 
Pour moi, ce fut un total ravissement, complété par la missive qui suit, du professeur le lendemain.
 
Chère Madame, 
J'ai discuté avec les élèves et ils vous ont adorée! 
Lorsque les élèves auront rédigé une affiche à partir de votre intervention, je ne manquerai pas de vous le faire savoir!
Je vous en remercie.
 
L’Education Nationale se doit d’être le lieu de la rencontre de l’Education ouverte sur l’autre et le monde. Merci à cette enseignante et merci à ces merveilleux gamins qui m’ont fait chaud au cœur sur la possibilité de se connaître sans se haïr.