Fils de réfugiés et de migrants, je me lèverai pour les réfugiés

08 Septembre 2015 | 921 vue(s)
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Actualité

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

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L'Europe doit se mobilier pour le sort des réfugiés

Publié dans le Huffington Post le 7 Septembre 2015
 
Comment pourrais-je être insensible au sort des réfugiés syriens, irakiens, moi, dont les grands-parents, Juifs d'Ukraine et de Pologne, ont fui eux aussi, dans les années 1910, les pogroms, l'antisémitisme, la misère, l'expulsion, cherchant désespérément à être "heureux comme Dieu en France?". Ils arpentèrent les routes, les rues, les villes, les villages, marchèrent dans le froid, la boue, la neige, la merde avec comme seuls compagnons des souvenirs et traînant ici ou là leur seule et petite peau et des larmes, des larmes et des larmes. Je me souviens de ma grand-mère Bassia Golda Keisserman, venant d'Ukraine, fuyant la misère, parce que juive ; fuyant les pogroms, parce que juive ; fuyant la mort, parce que juive. Et trouvant la liberté et goûtant à la liberté en France.
 
La France, en ce qu'elle a de plus beau, voyez-vous?
 
J'ai compris alors très tôt -à l'énoncé des récits de ma grand-mère- que, de toutes les gloires de la France, la plus grande des gloires est d'être le pays des Droits de l'Homme. La plus grande des gloires de la France est de proclamer non pas seulement son amour de la liberté, sa quête d'égalité mais son attachement indéfectible à la fraternité.
 
C'est ainsi que la France a accueilli tant bien que mal les légions d'Italiens fuyant le fascisme, d'Espagnols fuyant le franquisme, d'Allemands et d'Autrichiens fuyant le nazisme, de Slaves fuyant la misère, de juifs fuyant l'antisémitisme et tant d'autres.
 
Ils sont tous devenus nos concitoyens. Je dis bien, TOUS.
 
Alors, devrais-je oublier, moi qui suis juif, ce que je suis et d'où je viens?
 
Devrais-je oublier certains de nos Commandements et la Loi ?
 
Dieu demande d'aimer l'étranger. Ce commandement figure dans le Lévitique et le Deutéronome: "Vous traiterez l'étranger en séjour parmi vous comme un autochtone du milieu de vous ; tu l'aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers dans le pays d'Égypte. Je suis l'Éternel, votre Dieu." (Lév 19.33) "Vous aimerez l'étranger, car vous avez été des étrangers dans le pays d'Égypte." (Deut 10.19) L'étranger n'est pas et ne peut être exclu de cet amour du prochain qui est l'essence même de la Loi.
 
Alors, aujourd'hui, n'en déplaise à certains: aux populistes d'extrême droite d'abord qui ne goûtent qu'à la peur, au racisme, au mépris; aux sectaires, qui ne goûtent qu'à l'égoïsme petit bourgeois; aux indifférents que rien n'interpelle jamais, que la France s'honorera à accueillir non pas toute la misère du monde mais quelques damnés de la terre.
 
Et je proclamerai aussi: " j'ai décidé d'opter pour l'amour. La haine est un fardeau trop lourd à porter..." (Martin Luther King).