Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

De la situation aux États unis par Richard Prasquier

24 Novembre 2016 | 128 vue(s)
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Actualité

Il y a six ans (ndlr. : cet article a été rédigé en mars 2018), en mars 2012, à Montauban et Toulouse, sept vies ont été fauchées par un terroriste islamique, donc je me refuse à rappeler le nom.

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Donald Trump est un excentrique narcissique qui au cours de sa campagne électorale a fait du mensonge une arme redoutable.

Donald Trump estaussi un pragmatique,qui ne tiendra pas  toutes ses promesses électorales (il ne sera pas le seul dans ce cas) mais qui les abandonnera pas toutes non plus.

L’orientation nationaliste, protectionniste et anti-interventionniste qu’il a promis de donner à la politique américaine peut être lourde de conséquences pour le développement économique du monde entier et la sécurité collective d’une Europe qui subit déjà une dramatique perte de crédibilité et dans laquelle rôde la tentation autoritaire. Les Etats Unis ne nous sont pas un pays totalement étranger: nous leur devons d’avoir échappé au douteux paradis marxiste des démocraties populaires, ni démocratiques, ni populaires.
 
Comme  d’autres, j’ai été écoeuré par la campagne de Trump, beauf aux déblatérations outrancières, au vocabulaire minimal et au comportement de matamore de cour de récréation. J’ai pensé qu’il ne pouvait être élu après avoir insulté femmes, latinos et noirs, et  proposé un repli autarcique dans un pays au dynamisme économique et scientifique  et aux taux de chômage plus qu’enviables.
Comme  d’autres, j'ai négligé les fractures culturelles et sociales de la société américaine: contraste entre  grandes villes et  périphéries, blessures de désindustrialisation , sensation de déclassement, écarts énormes de revenus, puissance religieuse évangélique, la grande spécificité américaine,surimposées aux constantes de la répartition électorale, avec au centre cet immense territoire que l’étranger et le sondeur ont ignoré, car il est loin de la côte Nord Est et de la Californie, bastions démocrates d’un entre-soi élitaire que recouvre un discours culturellement dominant mais théorique d’ouverture à l’autre. Air connu.
Cette élection  ne fut pas un raz-de-marée mais l’homme à l’improbable tignasse orange a compris mieux que d’autres les attentes des électeurs « moyens ». Il a fait rêver au retour de la puissance américaine les exaspérés du politiquement correct, comme Martin Luther King avait fait rêver à une société fraternelle dans son célébrissime discours de Washington. La cérébrale Hillary Clinton ne faisait pas rêver. Le rêve en politique est la meilleure et la pire des choses.
 
Obama lui aussi avait fait rêver (« yes, we can »).
Son éloquence élégante, son habileté relationnelle et gestuelle lui assurent une carrière exceptionnelle dans le circuit des conférenciers et peut-être des maitres à penser. Pourtant, s’il fut flexible avec les autocrates, il fut brutal  avec les pays amis quand ils s’écartaient de ses plans. Son silence lors des élections iraniennes truquées de 2009, son soutien des Frères Musulmans lors du printemps arabe, sa longue proximité avec Erdogan  avant que celui-ci ne se transfère sous giron russe, et, bien sûr, sa volonté de circonscrire à l’occupation de territoires après 1967, un conflit israélo-arabe dû à un rejet existentiel, furent les indices d’une vision du monde dans laquelle l’élimination de Ben Laden et l’usage de drones contre ses supporters autorisaient une mansuétude totale à l’égard de l’islamisme. Les années Obama furent une période où les droits de l’homme furent détournés et colonisés (on ne colonise pas que des territoires) par une rhétorique anti-israélienne réellement antisémite dans les Universités ou les mouvements de défense des opprimés (Black lives matter….).
Les subventions financières de la péninsule arabe ou celles de la Fondation Soros, promoteur de J Street et soutien de nombre d’organisations hostiles à Israël ne sont pas étrangères à ces développements récents. George Soros a été l’un des soutiens majeurs de Mme Clinton et aurait certainement joué un rôle important en politique étrangère. Dans ces conditions, alors que 70% des Juifs américains ont voté  Clinton, ceux qui se préoccupent des attaques contre Israël devraient tenir compte de ce que entre les deux milliardaires new-yorkais, le froid philosophe spéculateur juif hongrois est porté par une haine envers Israël et un mépris envers le judaisme que l’extravagant promoteur immobilier n’a, lui, jamais manifestés.
 
Ce qui ne signifie pas qu’il faille fermer les yeux sur la moindre allusion raciste, d’où qu’elle vienne. C’est évident, mais par les temps qui courent, autant le rappeler.