Blog du Crif - Hommage au Professeur Bernard Debré, par Marc Zerbib

15 Septembre 2020 | 505 vue(s)
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Opinion

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

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Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Le Professeur Bernard Debré nous a quittés ce dimanche 13 septembre à la suite d’une longue maladie.  

Je voudrais ici évoquer l’Homme qu’il était et que j’ai côtoyé professionnellement pendant plus de 25 ans. Effectivement le Professeur Bernard Debré était Chirurgien Urologue mais aussi homme politique, ancien maire d’Amboise, ancien député d’Indre et Loire puis député de Paris. Il a été également Ministre de la Coopération au moment du gouvernement Balladur en 1994.  

Mais c’est surtout de l’Homme, du collègue dont je veux honorer la mémoire.

Mon premier souvenir de Bernard Debré remonte à 1980, à un dîner, qu’il avait organisé chez lui, pour ses Chefs de clinique dont j’étais. Il m’a immédiatement dirigé vers sa bibliothèque pour me montrer le Sidour (livre de prières) de son arrière-grand-père, Grand Rabbin de Neuilly.

Bernard avait conscience de ses origines juives alsaciennes dont il était fier, et qui ont fait de lui un homme toujours bienveillant auprès de la Communauté Juive de France qu’il aimait visiter comme maire ou député pour les fêtes de Tichri (fêtes de début d'année dans le calendrier juif). 

Le Professeur Bernard Debré a eu la passion de l’Urologie, au début de son Internat, au Pavillon Albarran à Cochin au contact du Professeur Aboulker assisté à l’époque du Professeur Ady Steg, passion qui ne l’a plus jamais quitté. Il a ensuite été nommé Professeur Agrégé et Adjoint du Professeur Ady Steg dont j’étais le deuxième Agrégé. En 1990, il a accédé à la Chefferie de Service de la Clinique Urologique de l’Hôpital Cochin et s’est engagé alors dans une grande épopée que nous avons partagée sans cesse. Je lui ai succédé après 20 ans de collaboration permanente. 

Le Professeur Bernard Debré, bien qu’issu d’une famille prestigieuse, représentant l’Autorité de l’Etat, a eu finalement un parcours médical et politique en dehors des sentiers battus. Il n’aimait pas l’embrigadement des sociétés savantes, ni les recommandations livresques que celles-ci pouvaient publier. Il voulait garder sa liberté pour innover et sortir des sentiers battus. C’est comme cela qu’il a mené sa carrière de chirurgien et d’homme politique. Il aimait l’Afrique dont il était passionné et qu’il connaissait parfaitement ce qui lui a valu d’être nommé, à juste titre, Ministre de la Coopération du gouvernement Balladur. 

Fidèle à son Grand Père le Pr Robert Debré, grand médecin fédérateur de la Pédiatrie moderne et à son père Michel Debré, rédacteur de la Constitution et ancien Premier Ministre, Bernard a toujours pu et su mener de front ses deux carrières médicale et politique. Il a toujours conservé le même esprit tourné vers l’Autre. Bernard était un homme accueillant, chaleureux, bienveillant et altruiste. Il aimait aider les autres et permettre leur épanouissement qu’il soit professionnel, personnel ou au service de la Collectivité.  

C’est donc avec beaucoup de tristesse que je le vois nous quitter encore jeune et toujours désireux d’innover et de troubler un quotidien stéréotypé. Bernard a démontré tout au long de sa vie que c’était un Mensch.

 

Pr Marc Zerbib, Membre du Bureau exécutif du Crif