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Historiens, rabbins, philosophes, juristes s’expriment pour percer ce mystère et pour présenter les courants qui traversent le judaïsme contemporain. Nés de la confrontation avec les Lumières et la modernité, les courants, qu’ils soient réformés ou orthodoxes – on devrait dire orthopraxes – débattent des différentes façons de préserver la tradition, l’idée de révélation et les rites au contact de l’ère moderne. Une modernité séduisante, laïque, stimulante. Facteur de remises en cause, vecteur de forces contraires, repli ou adaptation. La modernité est difficile à ignorer pour le judaïsme qui a toujours dû, dans son histoire, affronter des vents contraires et a su s’adapter avec sagesse et souplesse pour renaître et transmettre ses valeurs essentielles.
Les courants qui traversent le judaïsme contemporain, en France comme aux États-Unis, en Israël ou dans les foyers importants de vie juive dans le monde sont une réalité : néo-orthodoxes, harédim, libéraux et Loubavitch, Consistoriaux, Massorti, reconstructionnistes ou laïcs. Ils témoignent des réponses protéiformes apportées à la question de l’adaptation de la foi mosaïque à la modernité.
En quoi ce pluralisme peut-il constituer un obstacle à la quête de l’unité religieuse ou spirituelle du judaïsme ? Alors que l’unité apparaît comme une injonction du monothéisme, comme la profession de foi du Chema semble l’indiquer, Armand Abécassis rappelle dans l’entretien exclusif qu’il nous a accordé, que l’unité est un objectif du judaïsme vers lequel on doit tendre, mais qu’elle n’a jamais été, depuis le Sinaï, une réalité historique. Et un maître comme Manitou nous invite à réfléchir à la différence entre le concept d’unité et celui d’unicité, l’unicité étant la volonté de soumettre autrui à une vérité unique, ce qui conduit tout droit au totalitarisme ; l’unité, elle, devant être comprise comme l’unité des valeurs au sein de laquelle chacun reste unique.
Pour Rachi, c’est l’unité de la transcendance qui nous rassemble, mais elle n’est pas encore accomplie : c’est une unité à faire advenir par nos actes et notre témoignage. Et le philosophe Édouard Robberechts d’ajouter que c’est probablement dans la relation entre texte et interprétation que l’appel à l’unité de l’Infini peut véritablement rebondir dans l’histoire et faire histoire à travers le peuple d’Israël.
La revue Mikhtav Hadash est éditée par Adath Shalom. Elle est avant tout conçue comme un lieu de réflexion et d’échanges, un espace d’écoute et de pensée, elle entend aborder les grandes questions auxquelles est confronté le judaïsme contemporain dans son ensemble. En dépassant l’actualité pour traiter des enjeux et de l’avenir. La revue entend donner la parole aux différents courants tout en les faisant dialoguer, consciente qu’ils représentent une richesse lorsqu’ils se complètent et transmettent, mais pas lorsqu’ils se querellent. La Michna ne dit-elle pas que « tous les Juifs ont besoin les uns des autres » ?
Aujourd’hui, loin d’être source de division, les courants sont un vecteur de rassemblement. Sans le pluralisme, il n’est point de judaïsme. L’unité dans la diversité reste une idée neuve.
La revue Mikhtav Hadash fait aussi la part belle à la culture sous tous ses aspects : littérature, arts visuels, musique. Elle met à l’honneur des artistes dont la néchama s’exprime dans leur démarche artistique comme par exemple dans ce numéro, le musicien Yaron Herman, le peintre Patrick Haziot ou le photographe Aviv Itzhaky.
La revue, dans sa démarche, cherche à se poser dans un rythme lent, adapté à sa vision réflexive du judaïsme contemporain. Elle se distingue ainsi des magazines et elle enrichit le paysage des publications juives, dans une forme papier soignée et un site mettant à disposition une large sélection d’articles.
La revue est disponible par abonnement (www.mikhtav.org) ou dans les principales librairies spécialisées de la capitale.
Ont participé entres autres à cette revue : Philippe Chriqui (directeur), Armand Abécassis, Ruth Scheps, Yeshaya Dalsace, Mireille Hadas-Lebel, Stéphane Encel, Rivon Krygier, Emmanuel Bloch, Stephen Berkowitz, Gabriel Abensour, Edouard Robberechts, Julien Taieb, Aviv Itzhaky, Yaron Herman, David Ruzié, Marc Haffen, Robert Zaretsky, Michèle Tauber, Geneviève Barbier et Patrick Haziot.