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Une petite fille engoncée dans un manteau d’hiver pose devant une vitrine. C’est un portrait d’enfant dans la rue, banal, comme chaque famille en possède dans de vieilles boîtes à chaussures. Et pourtant cette photo est subversive. Les yeux de la petite fille sont fermés au moment du déclenchement comme si elle ne voulait pas voir la scène. Il faut alors examiner la photo de plus près pour comprendre. Sur la gauche une croix gammée est collée. Sur la droite une affiche reproduit le visage stylisé d’un soldat casqué. Les inscriptions sont en allemand.
Nous sommes en 1933 à Berlin. Le magasin est un magasin spécialisé dans la vente d’instruments mesurant les crânes pour distinguer les Aryens des non-Aryens. La petite fille s’appelle Mara. Elle est la fille d’un photographe juif, Roman Vishniac. Depuis peu, les photographes juifs n’ont plus le droit de photographier dans la rue. Et Roman Vishniac est un photographe juif, installé depuis 1920, à l’âge de 23 ans, à Berlin où ses parents d’origine russe vivent déjà. Il utilise un simple procédé de portrait d’enfant pour témoigner. Comme un symbole, il devient photographe professionnel au moment où les nazis arrivent au pouvoir. Très vite ses clichés vont le faire remarquer et de 1935 à 1939 il est chargé par le Joint (American Jewish Joint Distribution Commitee) de parcourir les communautés juives appauvries d’Europe orientale afin de rendre compte et aider ainsi à la collecte de fonds… Lire la suite.
Exposition : De Berlin à New York. 1920-1975, photographies de Roman Vishniac. Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, 71 rue du Temple 75003 Paris. Jusqu’au 25 janvier 2015 Livre : Roman Vishniac. Photo Poche n°153. Introduction de Maya Benton.
Source: http://www.unidivers.fr/roman-vishniac-photographe-photo-poche/