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Propos recueillis par Carol Binder, publié dans Actualité Juive le 15 mars 2015
Actualité Juive : Votre vie, foisonnante, mérite bien des présentations. Il en est une, implacable et chiffrée : « Je suis l’une des 160 qui vivent encore sur les 2 500 qui sont revenus»…
Marceline Loridan-Ivens : Oui. La permanence du camp est en moi.
La lettre que votre père a réussi à vous faire passer -perdue et dont vous avez oublié les mots - tient une place majeure dans le livre. L’écriture vous a-t-elle permis de vous libérer de l’étreinte insupportable du souvenir ?
Cette lettre est un cheminement intérieur. Mais aucune étreinte ne saura jamais être desserrée. Jamais.
Vous écrivez «Il faut vieillir pour accéder aux pensées de ses parents». Peut-être avez-vous recréé les mots de votre père…
Difficile de le savoir. C’est le bilan d’un itinéraire qui me fait sortir des camps et y retourner en permanence, comme c’est le cas pour de nombreux déportés. La lettre que mon père a écrite aurait pu tenir lieu de testament : elle ne l’a pas été parce que je l’ai perdue et que je ne m’en souviens pas. Où l’ai-je perdue ? Pourquoi ? Je ne sais même pas si mon père a reçu ce que je lui ai envoyé. Et toujours cette impossibilité de savoir jusqu’où il est allé… Lire l’intégralité.
Marceline Loridan-Ivens, "Et tu n'es pas revenu", Grasset, 112 pages
Source : http://www.actuj.com/2015-03/culture/1571-marceline-loridan-ivens-la-permanence-du-camp-est-en-moi