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Publié le 11 Décembre 2014

Comment l’idéologie nazie a voulu se rendre “acceptable”

Par Gilles Heuré, publié dans Télérama le 9 décembre 2014

Droit, biologie, histoire... Les sciences se sont mises au service de l’idéologie nazie pour préparer le peuple à adhérer au pire. Un “univers mental” cartographié par l’historien Johann Chapoutot dans son dernier ouvrage “La loi du sang. Penser et agir en nazi”.

En 1949, dix-huit médecins allemands, accusés par la justice de leur pays de crime contre l'humanité pour avoir tué par injection létale, entre 1939 et 1945, cinquante-six enfants considérés comme malades, bénéficient d'une ordonnance de non-lieu. L'argument avancé par la défense était qu'ils n'avaient pas commis de crime contre l'humanité puisqu'il s'agissait d'individus ne pouvant être considérés comme des êtres humains : ils n'avaient fait qu'obéir à la loi de « prévention de l'hérédité malade » du 14 juillet 1933.

Cette plaidoirie rappelait le « nicht schuldig » (non coupable) proclamé par tous les dignitaires nazis au procès de Nuremberg en 1945 : loin de se voir comme des criminels, nombre d'acteurs du nazisme étaient convaincus d'avoir agi dans la « norme » imposée par le régime national-socialiste depuis 1933. Ils avaient eu une « tâche » à accomplir.

Pour qu'ils l'exécutent sans se poser de question, l'idéologie national-socialiste a instrumentalisé toutes les disciplines savantes (philosophie, droit, biologie, histoire, anthropologie raciale), instaurant une « vision du monde » acceptable – malgré sa monstruosité –, car scientifique et fondée en droit. Il sera ainsi plus facile, ensuite, de demander à tous les Allemands de la mettre en pratique… Lire la suite.

« La Loi du sang. Penser et agir en nazi », de Johann Chapoutot, éd. Gallimard, 576 p.

Source: http://www.telerama.fr/idees/ideologie-nazie-sciences,120087.php

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