Alex ou le porte-drapeau, par Hélène Waysbord (*)

Dans son nouveau livre, elle brosse le portrait de celui qu'elle considère comme le porte-drapeau de la France à l'époque de la Seconde Guerre mondiale, Alexandre Halaunbrenner. Cela nous vaut une description fine et très intéressante de la communauté juive parisienne, notamment celle du Petzl, le quartier Saint-Paul. C'est là, rue des Rosiers,  que vivent Ita Rose, originaire de Galicie, son mari, Jacob et ses cinq enfants, Alex, Léon, Mina, Claudine et la toute dernière, Monique, encore un bébé.

La vie au quotidien, l'école de la rue des Hospitalières-Saint-Gervais, la boutique du libraire, la « Confiserie de l'enfant gâté », les « Caves de Palestine » où l'on peut trouver du bon hareng fumé et des cous d'oie farcis, la rue du Roi de Sicile et les cafés où l'on se retrouve les jours de congés pour déguster un schnaps

Les références au cinéma et à la littérature sont nombreuses et viennent régulièrement illustrer le propos de l'auteur.

Rue des Rosiers, la vie, certes simple et modeste, s'écoule paisiblement. C'est hélas sans compter sur la folie meurtrière d'Hitler et des nazis qui va bouleverser le quotidien paisible de milliers de gens. C'est le temps de l'exil et des déportations, le temps des déménagements à la sauvette, de l'errance et des séparations, le temps des assassins et du malheur. Le temps de la débrouille aussi : Gurs, Rivesaltes, Nexon, Villeurbanne, Ryes en Normandie, Izieu...
La famille Halaunbrenner, comme tant d'autres, paiera un lourd tribut à l'ogre nazi : quatre membres sur sept disparaissent dans l'enfer de la Shoah.

À partir de l'an 2000, Alex est devenu le porte-drapeau lors des cérémonies officielles du souvenir. « Le porte-drapeau est un rôle majeur. Il est le garant de la bataille ».

Un livre émouvant. Afin que nul n'oublie.

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Christian Bourgois. Mars 2014. 160 pages. 10 euros.

(1) Voir la Newsletter du 3 mai 2013.