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Le personnage : quel a été ce djihadiste condamné à trente ans de réclusion ?
Tous les experts s’accordent pour dire Tyler Vilus est un « djihadiste intégral ». Présent auprès de l’Etat Islamique depuis les débuts (son premier séjour en Syrie remonte à l’automne 2012), il y aurait exercé de nombreux rôles. En effet, on lui attribue aussi bien le rôle de recruteur (de femmes principalement), de membre de la « police » de l’EI, mais aussi selon ses propres dires, d’ « émir des français ». Ce sont les mots qu’il a employés pour raconter son quotidien à sa mère, Christine Rivière (surnommée mamie djihad et condamnée à 10 ans de prison il y a tout juste deux ans).
Son dossier est important car même s’il n’est pas le français le plus haut gradé au sein de l’Etat Islamique, il en demeure l’un des membres historiques. Il a fréquenté l’ensemble des figures du djihad francophone, y compris bien sûr le commando des attentats de Paris.
Tyler Vilus a aussi fait partie de la machine de communication de l’EI, félicitant par exemple l’auteur de l’attentat du musée juif de Bruxelles, ou appelant à frapper sur le sol français.
Un procès pas comme les autres
Plusieurs éléments ont rendu ce procès bien différent de ceux que l’on a l’habitude de voir dans ce genre d’affaires.
Il y a d’abord eu ce moment de gêne extrême lorsqu’une mère d’une des épouses de Vilus a appris à la barre que sa fille était décédée dans un bombardement à Mossoul en 2017 avec sa fille, et étant enceinte de quelques mois. Personne ne l’avait informée (y compris les services de renseignement), et elle espérait encore avoir de ses nouvelles, ou la retrouver dans une prison.
L’ombre des attentats du 13 novembre a plané tout le long de ce procès. En effet, Vilus était tout indiqué pour diriger le commando. Arrêté l’été 2015 en Turquie, c’est ce qui l’aurait empêché d’être à Paris le 13 novembre. Même si cela n’a pas pu être prouvé, il est établi que Vilus a connu et fréquenté l’ensemble des terroristes de Paris et Bruxelles.
Autre fait notable lors de ce procès : Vilus parle. Contrairement à d’autres terroristes qui se terrent dans un mutisme calculé, Vilus s’exprime. Il raconte son jihad, et s’exprime en langage clair et châtié… ce qui corroborerait le fait qu’il ait pu avoir accès à des postes à responsabilité.
Perpétuité encourue, condamnation à 30 ans de prison
Que s’est-il passé au moment du verdict ? Après 10 longues heures de délibération, les magistrats ont décidé d’envisager une « lueur d’espoir ». Emprisonné depuis 4 ans et demi (et placé à l’isolement), Vilus s’est donc vu laisser une chance de « s’en sortir ». Seul l’avenir nous dira s’il saura saisir cette opportunité. Il est pour l’instant condamné à 30 ans de prison, assortis d’une période de sûreté des deux tiers.