- English
- Français
L’UNESCO est la première agence des Nations Unies à accueillir une exposition sur les liens du Peuple juif avec la Terre Sainte, et réaffirme ainsi son rôle de plateforme universelle de coopération intellectuelle et de dialogue des cultures.
Cette exposition est le fruit d’un long travail mené avec des experts éminents.
Elle est une invitation à découvrir l’histoire du peuple juif sur la Terre Sainte des trois monothéismes, Terre de tous « les fils d’Abraham » dans les mots d’Yitzak Rabin, mosaïque de cultures et de peuples dont l’histoire a façonné l’histoire de l’humanité.
La culture juive a donné à la civilisation mondiale quelques-unes de ses figures universelles, que vous voyez sur ces panneaux : d’Abraham, à Einstein, de David à Spinoza, elle a contribué à l’enrichissement de l’humanité et au dialogue des cultures dans un mouvement continuel d’enrichissement réciproque.
Aucune exposition ne saurait prétendre en épuiser la richesse et la complexité, mais chacune apporte un éclairage, et je suis heureuse que le Centre Simon Wiesenthal, ONG partenaire de l’UNESCO, puisse apporter le sien dans ce lieu où par nature chacun est libre de s’exprimer dans le respect de l’autre.
Cette idée fait écho aux valeurs fondatrices de l’UNESCO, créée justement sur la conviction que la compréhension mutuelle et la solidarité morale des peuples sont les seules réponses durables au racisme et à l’antisémitisme – et c’est pourquoi l’UNESCO s’attache à l’enseignement de l’histoire, au partage des savoirs, à la promotion de toutes les cultures, comme la culture juive.
Je pense à la protection des sites millénaires de Massada, de Beer sheva, jusqu’à l’architecture moderne de Tel Aviv, témoins de l’histoire juive, inscrits par l’UNESCO au patrimoine mondial, un outil unique de coopération internationale.
Je pense à notre coopération avec les ONG pour la jeunesse comme YaLa, avec les artistes israéliens Ruti Sela et Mayaan Amir, qui ont reçu de l’UNESCO un prix pour la paix.
Nous avons eu hier un colloque passionnant sur les langues judéo-espagnoles, mené par la délégation de l’Espagne, que je remercie une nouvelle fois… et l’année dernière ici même avec B’nai B’rith une conférence sur le Yiddish, un autre aspect central de la culture juive.
Je prends également l’exemple du savoir faire israélien dans le domaine de l’irrigation, sur lequel l’UNESCO s’appuie pour accompagner d’autres États membres – au talent des chercheurs comme Ada Yonath, Prix UNESCO / L’Oréal et Prix Nobel, qui participe au Conseil Consultatif Scientifique auprès du Secrétaire général des Nations Unies, créé par l’UNESCO.
Je pense aux bourses éducatives UNESCO / MASHAV, à notre coopération pour l’égalité des genres avec le Centre Golda Meir du Mont Carmel, ou avec l’Institut de recherche Weizmann… au projet scientifique UNESCO SESAME au Moyen-Orient, qui sont quelques exemples du rayonnement de l’expertise Israélienne et de la culture juive au sein et à travers l’UNESCO.
Nous faisons de cette coopération un outil de dialogue et de construction de la paix, et ce travail nous éclaire aussi sur les défis de la communauté juive aujourd’hui. Nous ne les ignorons pas et l’UNESCO est à vos côtés pour y faire face, résolument.
Je le dis avec une émotion d’autant plus vive après les attaques du musée juif du Bruxelles, qui ont tué 4 personnes et visé une institution dédiée à l’histoire des juifs en Belgique, 2 ans à peine après les assassinats d’enfants juifs à Toulouse.
Je suis inquiète du regain de l’antisémitisme, notamment en Europe, et des violences contre des hommes, des femmes, des enfants, attaqués et tués parce qu’ils sont juifs.
Je suis inquiète, car ces violences ne sont pas des « actes isolés » commis par des « loups solitaires » : elles s’appuient sur un climat et des discours publics qui cautionnent le racisme ordinaire et la haine envers les juifs.
Le rôle de l’UNESCO est justement de rendre ces discours inopérants, et de construire chez ceux qui les entendent les défenses intellectuelles et morales pour y résister.
Nous le faisons par la condamnation et le rejet catégorique de tous les appels à la haine.
Nous le faisons par l’éducation aux droits humains et par notre programme mondial d’éducation à la Shoah, unique au sein des Nations Unies, qui est un moyen de prévenir les violences, de lutter contre le négationnisme et l’antisémitisme aujourd’hui.
Notre rôle est aussi de reconnaître et de dénoncer l’antisémitisme sous toutes ses formes, y compris contemporaines, même les plus insidieuses, car la haine des juifs emprunte des masques multiples, économiques, raciaux, sociaux, religieux et autres, qu’il faut savoir identifier et combattre.
La compréhension de l’histoire, de la culture et du patrimoine sont des conditions de la paix.
Cette idée est au cœur de l’UNESCO, et guide toutes nos actions pour le respect et la compréhension mutuelle à travers les projets La Route de l’Esclave, L’Histoire de l’Afrique, l’initiative Enseigner le respect pour tous ou notre projet sur les différents aspects de la culture islamique, dont le premier volume a été présenté hier, ainsi qu’à travers des projets comme le Qhapac Nan en Amérique du Sud et notre initiative de la Décennie internationale pour le rapprochement des cultures.
Je crois que cette idée est aussi à l’origine du Square de l’UNESCO pour la Tolérance que j’ai eu l’honneur d’inaugurer à Haïfa durant ma visite officielle en Israël il y a trois ans.
C’est l’idée même du Square de la Tolérance au Siège de l’UNESCO offert par l’État d’Israël et l’artiste Dani Karavan, inauguré en 1996 par Shimon Peres alors Premier ministre et Federico Mayor, Directeur général de l’UNESCO.
Ce monument situé derrière moi dans le jardin rassemble l’arbre de la paix et le Préambule de l’Acte constitutif de l’UNESCO rédigé en 10 langues, y compris en Hébreu. Il saisit et exprime à mes yeux l’essence même de l’UNESCO.
C’est l’idée est que la paix durable commence dans l’esprit des hommes et des femmes, par le dialogue et le respect, à travers une meilleure compréhension des autres, de leurs perceptions, de leur patrimoine et de leurs cultures, de leur contribution à l’histoire de l’humanité.
Le Square de la Tolérance est dédié à la promotion de la paix, en hommage au Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, lauréat du prix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix.
Aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin de cet esprit de dialogue et de compréhension pour lutter contre toutes formes de racisme, d’antisémitisme et de xénophobie, quels que soient leurs déguisements.
Je saisis l’occasion de remercier tous les partenaires qui nous accompagnent dans cet effort depuis des années.
Je remercie le Centre Simon Wiesenthal, partenaire de l’UNESCO depuis 1998.
Je remercie Rabbin Heir et Rabbin Cooper d’avoir fait un si long voyage pour assister à cet événement.
Je remercie également Yad Vashem, le Mémorial de la Shoah, le projet Aladin, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et B’nai B’rith, notre fidèle allié, pour tout ce que nous faisons ensemble afin de protéger et de promouvoir la culture juive.
Merci aussi au CRIF, Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, de sa présence parmi nous ce soir.
Dans cet esprit, je joins ma voix à celle de Monsieur le Président Shimon Peres dans le message qu’il a envoyé pour cet événement : « puisse cette exposition attirer des visiteurs de toutes les confessions et de toutes les régions du monde, pour mettre en valeur le magnifique patrimoine du Peuple juif comme un message de paix. »