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Publié le 14 Janvier 2016

Agression de Marseille : Porter ou ne pas porter la Kippa, telle est la question, est-ce la bonne question ?

Ne nous trompons ni de combat ni de cible.

Par Ariel Amar, Président de la commission ile de France
 
Depuis plusieurs décennies, le juif est devenu le souffre-douleur d’une minorité de la population française et surtout le symptôme révélateur d’une maladie sociétale.
 
Les récentes agressions qui se déroulent sous nos yeux nous interpellent en tant que citoyens français.
 
Comment pourrions-nous atténuer les tensions et apaiser notre société ?
 
Les responsables communautaires juifs essaient par leurs déclarations de protéger leurs coreligionnaires lorsque survient un évènement grave tel la tentative d’assassinat de Marseille. Mais les implications de ces déclarations notamment du fait de leur écho médiatique débordent la simple signification des mots.
 
Lorsque  Zvi Ammar, président du consistoire israélite de Marseille, préconise le retrait de la kippa,   faut-il y percevoir un cri de désespoir ou une simple réaction à chaud, pour éviter d'autres agressions ?
 
J’opte plutôt pour la première hypothèse, parce que penser  que retirer la kippa ferait disparaitre  les agressions antisémites serait faire preuve de naïveté. Que faudrait-il faire alors pour protéger les victimes d'attentats qui, on l’a vu en novembre, menacent la population générale?
 
Le plus grave serait d’avaliser l’idée que dans l’inconscient collectif porter une kippa est une forme de provocation, laquelle expliquerait (voire justifierait)  toute forme de violence. Certains avaient privilégié ce type d’analyse  extrêmement dangereuse pour notre modèle sociétal, lors des attentats de Charlie hebdo. Ce serait chez l’agressé et non pas chez les agresseurs qu’il faudrait rechercher la solution.
 
Ne nous trompons ni de combat ni de cible. Ce sont les valeurs  de liberté que nous devons défendre, valeurs qui font l’honneur de la France, et le port de la kippa en est une. 
 
Poser les problèmes en termes de lutte  contre le racisme, l’antisémitisme ou les actes antimusulmans risque d’être voué à l'échec, car on continuera, même sans le vouloir, à stigmatiser des groupes déterminés dans la population avec le risque de monter les uns contre les autres.
 
Il faudrait que la population s'investisse dans la défense de notre modèle sociétal et de nos libertés individuelles. La situation actuelle est neuve: il ne suffit plus de démanteler des réseaux terroristes,  le danger est partout. Il est tantôt télécommandé, tantôt spontané et quelles que soient les forces de l’ordre mises en place, elles ne peuvent pas suffire à prévenir et juguler cette profusion d’attaques qui se déclenchent de manière imprévisible  dans le temps et dans l’espace.
 
C’est pourquoi il faut solliciter l’ensemble des citoyens français pour qu’ils apportent leur contribution aux forces de l’ordre, à l’instar de cette personne qui lors de l’agression de Marseille a, sans prendre de risque, suivi l’agresseur pour qu’il soit rapidement interpellé par les forces de l’ordre.
 
Développons la notion de responsabilité citoyenne, entreprenons un travail global et  nous aurons une chance de venir à bout de toutes les formes de haine, sans avoir à les différencier entre elles. Incluons chaque citoyen dans cette lutte pour donner une chance à notre modèle sociétal de survivre à la barbarie. 
 
C’était cela, le sens profond, à conserver, de cette phrase dont nous ne savons plus que faire: je suis Charlie...