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Publié le 17 Septembre 2019

Actualités des régions - Crif Auvergne-Rhône Alpes : Cérémonie de lancement d’un Mémorial de la Shoah à Lyon

Le 13 septembre 2019, à Lyon, en présence de Gérard Collomb (Maire de Lyon) a eu lieu la cérémonie de lancement d’un nouveau Mémorial de la Shoah. « Une vigie à l'adresse du passant, à l'adresse des générations futures, vigie les mettant en garde contre les populismes, marche-pieds d'une éventuelle peste brune ou d'une quelconque autre couleur... ! »

Le Crif : Pourquoi un Mémorial de la Shoah à Lyon ?

C'est un souhait d'il y a déjà plus de 10 ans...

Il paraissait alors important que Lyon, capitale de la résistance, et sa région qui ont vécu toutes les formes du drame de la seconde guerre mondiale, et qui contiennent en leur sein nombre de lieux de mémoire liés à cette période, envisage l'édification d'un monument mémoriel, à lui seul symbole de la Shoah.

Ce projet, d'emblée le maire de Lyon, Monsieur Gérard Collomb, l'a soutenu...Mais quelle forme lui donner ? Il y avait plusieurs visions possibles, et chacun des partenaires avançait des arguments sincères, mais incompatibles !

Il aura fallu 10 ans pour que le chemin se fasse et nous voilà ici aujourd'hui !

Notre présence en ces murs témoigne de la continuité du soutien fidèle de la mairie de Lyon et nous l'en remercions.

Interpellé par les temps de violence auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés, et par la montée de l'antisémitisme et de la xénophobie, sans doute attentif à notre quête d'un lieu de recueillement de grande force symbolique, il y a quelques mois, c'est Monsieur Jean-Dominique Durand, adjoint à la mémoire, qui nous a proposé et aidés à réactiver ce projet et nous l'en remercions très sincèrement.

C'est ainsi que trois associations « les Fils et Filles des déportés juifs de France », « l'Amicale d’Auschwitz-Birkenau et des camps de haute Silésie » et le Crif Auvergne-Rhône Alpes se sont constitués en une association à la présidence de laquelle il nous est apparu comme une évidence de désigner Monsieur le procureur Jean-Olivier Viout, engagé à nos côtés depuis tant d'années !

C'est un grand honneur pour nous qu'il ait bien voulu accepter cette charge, car c'en est une..., comme c'est aussi un grand honneur que Maître Soulier ait bien voulu prendre la présidence du Comité de parrainage de cette association pour nous aider à mener ce projet jusqu'à son aboutissement. Nous les remercions tous deux très vivement.

Je tiens aussi bien sûr à remercier les membres de notre bureau, eux-mêmes présidents d'associations ou issus de la société civile, ainsi que toutes les éminentes personnalités qui ont répondu favorablement à l'invitation de Maître Soulier pour entrer dans le comité de parrainage.

Nous avons la chance à Lyon, bientôt 75 ans après la libération des camps, d'avoir encore parmi nous des rescapés de la Shoah, Monsieur Benjamin Orenstein et Monsieur Bloch, rescapés dont on connaît ici leur infatigable énergie pour encore  témoigner... Nous les saluons chaleureusement.

Mais dans une génération, ceux qui ont connu, côtoyé, échangé avec les témoins disparaîtront et la Shoah ne sera plus, peut-être, qu'un événement parmi d'autres, mentionné dans les livres d'histoires, une tranche d'histoire qui aura peut-être du mal à trouver sa place dans le roman national...

 

Il est donc temps que ce mémorial devienne une réalité pérenne, ancrée à Lyon.

- À Lyon, qui fut le lieu même de l'apparition du judaïsme dans la Gaule antique,

- À Lyon, qui vit s'installer une société juive intégrée dans la vie de la cité. En témoignent la « rue juiverie » de notre vieux Lyon ou les tombes exhumées récemment lors des travaux de l’hôtel Dieu ….

- À Lyon, qui fut le témoin de toutes les étapes successives de la Shoah avec l'application scrupuleuse du statut des juifs décrété par Vichy, avec les rafles des juifs étrangers d'août 1942 organisées par Vichy, mais  entravées par des réseaux de résistances, en particulier chrétiens, portés par des hommes remarquables comme le Père Chalier, l'Abbé Glaser , le Général de Saint Vincent, ou bien d'autres , connus ou anonymes...avec la rafle de la rue Ste Catherine, avec la rafle des 44 enfants de la maison d'Izieu

- À Lyon, où l'acharnement meurtrier contre les juifs et les résistants s'est déchaîné, et même décuplé à la veille de la retraite des armées nazies, avec les fusillés de Rillieux, avec le dernier convoi du 11 août 44, 285 résistants déportés et plus de 350 juifs envoyés directement à la mort à Auschwitz, avec les massacres de St Genis Laval et de Bron de fin août 44.

 

Le 3 septembre dernier, lors de la commémoration de la libération de Bron, cet acharnement meurtrier, Monsieur Jacques Diaz me l'a profondément fait ressentir... âgé à l'époque de 16 ans, témoin impuissant du massacre des 109 fusillés de l'aéroport de Bron le 21 août 1944, il vit, sidéré, certaines des victimes ensevelies dans la fosse, alors qu'encore vivantes !

Marqué à jamais, il lui fallut plus de 70 ans pour en parler !

La réalité de la Shoah à Lyon c'est tout cela : des lois iniques, des rafles, des justes, des déportations, des fusillades sommaires, des meurtres de masse...

Aussi, même si les livres d'histoire à venir ne relataient que succinctement ce que fut cette tragique période, ce mémorial s'érigera dans notre paysage Lyonnais tel une vigie à l'adresse du passant, à l'adresse des générations futures, vigie les mettant en garde contre les populismes, marche-pieds d'une éventuelle peste brune ou d'une quelconque autre couleur... !

 

Crif Auvergne-Rhône Alpes