Depuis plusieurs années, je mène une vaste campagne pour que les femmes fassent entendre leurs voix au sein de la communauté juive. Avec la WIZO, nous avons mis en place une enquête portant sur le statut de la femme dans le judaïsme et nous avons dressé un état des lieux de la présence des femmes à des postes de leadership au sein des instances communautaires. Les résultats étaient édifiants dans tous les domaines. Les actions que nous avons menées à l’issue de cette enquête sont très concrètes, avec par exemple la mise en place d’une ligne d’écoute pour les femmes victimes de violences conjugales. Pour moi, mon élection au bureau exécutif du CRIF est aussi la concrétisation de ce travail de sensibilisation.
Je souhaite apporter un regard nouveau et différent dans cette instance composée uniquement d’hommes. Je suis élue à ce bureau tout en étant la présidente en exercice de la WIZO. Ce point est très important dans la mesure où cela me permet de fait entendre la voix de milliers de personnes qui agissent sur le terrain du sionisme et du statut de la femme. Tout en étant membre de ce bureau, je continue mon action à la WIZO en organisant de nombreuses manifestations d’envergure et je continue à sillonner la France pour rencontrer les sections. C’est réellement un apport pour le CRIF qui doit entendre les communautés et les représenter le mieux possible.
Vous co-présidez une nouvelle commission du CRIF : « Femmes dans la cité ». Pourquoi cette commission ? Quelles sont vos ambitions ? Comment va se faire la rencontre avec la société civile ?
Cette idée de commission trottait dans ma tête depuis plusieurs mois, car le seul fait de siéger au comité directeur du CRIF ne me convenait pas à l’époque de Roger Cukierman. C’est pourquoi, j’ai proposé la création de la commission Femmes dans la Cité aux quatre candidats à la présidence du CRIF. Mais compte tenu de mes nombreuses activités et du fait que je n’aime pas travailler seule, j’ai aussi proposé à Edwige Elkaim, elle aussi membre du comité directeur du CRIF de faire ce travail ensemble. Elle aussi a présidé sur le plan national le BNAI BRITH, une association composée de troupes efficaces sur le terrain.
Richard Prasquier a immédiatement adhéré à ce projet et nous a demandé de mettre en place cette commission, je lui en suis très reconnaissante.
J’espère pouvoir apporter un regard différent sur les problématiques auxquelles est confrontée notre communauté et adapter des solutions passant par un dialogue ouvert avec les femmes de la société civile qui à mes yeux, font un vrai un travail de terrain.
Les femmes veulent souvent se défendre d’être cantonnées aux domaines social et éducatif. Je revendique ma sensibilité dans ces domaines et souhaite initier des actions qui passent par l’éducation comme je l’ai toujours fait à la WIZO. Sans marcher sur les plates bandes du FSJU qui fait un travail magnifique au sein des écoles juives, je voudrais compléter ce travail par une réflexion portant sur les valeurs de la République et amener les gens à réfléchir, en toute sérénité, sur la place que les Juifs occuperont dans le futur de notre pays.
Cette réflexion aboutira sur des actions, c’est ma façon de travailler. Par exemple à l’approche des élections municipales, nous entendrons des femmes juives candidates ou déjà élues pour qu’elles nous racontent leur parcours et nous donnent le meilleur remède pour palier l’absence des juifs dans la vie politique. Compte tenu de notre vocation, nous ferons ce travail auprès des femmes.
Dans un autre domaine, notre première invitée, Judith Cohen-Solal, nous a alertées sur le mal être des jeunes juifs qui envisagent difficilement leur avenir en France. Pour continuer cette réflexion, nous recevrons le philosophe Daniel Sibony et tenterons avec lui et ensuite avec des directeurs d’école de mettre en place des solutions passant par le dialogue et l’apaisement des esprits.
Ce sont des perspectives très intéressantes et je suis émerveillée de constater le succès de cette commission. Nous sommes obligées de refuser les nouvelles demandes d’entrées car nous sommes déjà très nombreuses. Mais le panel des femmes qui siègent à nos réunions et très varié tant au niveau générationnel, qu’idéologique ou associatif. C’est important pour la crédibilité de nos projets.
Vous présidez la WIZO. Quels sont vos projets et programmes dans le cadre du 60ème anniversaire de l’Etat d’Israël ?
Je dois avouer que je suis assez perplexe de la demande de l’ambassade d’Israël qui a demandé aux associations de s’abstenir d’organiser de grandes célébrations à Paris, durant une période de deux mois avant la fête du 60 eme anniversaire qu’elle va faire elle -même. Tout d’abord, je dois dire que nous ignorons totalement quelles sont leurs intentions réelles. Ensuite, je ne vois pas comment la WIZO pourrait s’abstenir de célébrer cet anniversaire alors qu’elle a elle-même contribué à la création de l’Etat Juif avec ses mères fondatrices, Rébecca Sieff ou Juliette Stern. Nos militantes ne le comprendraient pas.
Nous allons donc proposer un voyage qui permettra à des personnes de prendre part aux festivités qui auront lieu en Israël et sommes en train aussi de peaufiner le projet d’un spectacle parisien.
A nos sections, je donne comme consigne de se rallier au projet communautaire de leur ville. Par exemple, notre section WIZO de Marseille va travailler main dans la main avec Isidore Aragones, le président de la délégation régionale du CRIF. J’aimerai en tout cas faire savoir au plus grand nombre que la WIZO a joué un rôle fondamental avant même la création de l’Etat D’Israël et a permis à des femmes de renom de prendre part à toutes les résolutions historiques.