Le Liban s'est doté lundi d'un nouveau gouvernement dominé par le Hezbollah et ses alliés. Le camp de l'ex-Premier ministre Saad Hariri qui a boycotté ce nouveau cabinet dénonce l'ombre de la Syrie...
C'est trop prêter à la Syrie qui a aujourd'hui d'autres chats à fouetter. Il faut bien que l'opposition se défende puisqu'elle a refusé de participer à ce gouvernement. Elle se sent trahie par certains anciens alliés comme Walid Joumblatt. La Syrie va bien entendu avoir des alliés dans ce gouvernement, mais il faut encore une fois se rappeler que la Syrie est en pleine ébullition et que le front libanais s'est éteint de lui-même. Mais ça ne change rien à l'essentiel : le gouvernement va-t-il pouvoir engager le pays sur la voie des réformes indispensables et publier les décrets d'application d'une loi qui est passée au Parlement et qui prévoit le vote des Libanais à l'étranger ?
C'est donc surtout sur le plan intérieur qu'on attend ce nouveau gouvernement ?
Le gouvernement doit mener des réformes institutionnelles, la transmission de la nationalité libanaise par la mère, le règlement de l'avenir des camps palestiniens. Mais aussi le débat sur la déconfessionnalisation politique...
Et sur sa politique étrangère ?
La politique extérieure du Liban ne dépend pas d'un Etat souverain. Elle est directement liée au conflit latent entre l'Iran, le Vatican du chiisme, et l'Arabie Saoudite, Vatican du sunnisme. Le Liban est l'enjeu et le champ de bataille de ces deux puissances. Et il ne peut pas y avoir une réconciliation.
Les Etats-Unis et l'Union européenne a déclaré qu'elle attendait de voir les actes de bonnes volontés de ce gouvernement avant de juger. C'est une bonne chose ?
Pour une fois que c'est une décision sage ! Il faut attendre, en effet. Pour l'instant, le président du conseil, Najib Mikati, n'a pas demandé l'arrêt ou la suspension des travaux du tribunal international pour le Liban sur l'assassinat de Rafiq Hariri. La communauté internationale attend aussi une prise de distance à l'égard de la Syrie et l'Iran. Les Libanais ne sont jamais mieux portés que quand ils n'avaient pas de gouvernement. Ce gouvernement va devoir faire face à différents débats au Parlement. "Il faut suivre le menteur jusqu'à sa porte" dit un proverbe libanais. Alors, attendons le discours de politique générale.
Photo : D.R.
Source : le Nouvel Observateur