Réponse : Cette commission a une double présidence que je partage avec François Zimeray, ancien député européen du Parti socialiste et comme j’ai une très grande amitié autant que proximité de vues avec lui, ce fonctionnement en binôme est sans problème. La proposition de Roger Cukierman d’en assumer la fonction impliquait une grande disponibilité et c’est pour cette raison que j’ai préféré la partager avec François Zimeray. Théoriquement la CEP est une commission généraliste, transversale ayant une double mission : analyser le moment présent, le moment politique et fournir au CRIF le produit de cette analyse comme information ou aide à la décision. Elle peut soit traiter d’une question d’expertise, exemple : la menace nucléaire iranienne ou bien prendre la mesure d’une situation, comme l’assassinat d’Ilan Halimi et les questions auxquelles ce meurtre renvoie. Les membres de cette commission le sont es qualité, il ne sont pas forcément des élus du CRIF. Il y a une différence entre l’ambition et le travail effectué, le fonctionnement réel. Se réunir une fois par mois ne permet pas de traiter l’actualité à chaud et peut au contraire induire un décalage entre l’urgence et ce qu’il était prévu de faire. Les réunions tentent de creuser les questions à l’ordre du jour et à échanger des points de vues ou analyses entre nous avec souvent un invité.
Question : Parlez-moi de vos invités. Comment les choisissez-vous ? Qu'attendez vous d'eux ?
Réponse : L’invité l’a été pour sa compétence, sa connaissance ou son témoignage sur un sujet donné. L’invité peut être un expert d’un sujet précis auprès duquel les membres de la commission affineront leurs points de vue. Je souhaiterai que nous puissions instruire un dossier précis sur le nucléaire iranien et ceci pas uniquement en fonction de la menace de ses dirigeants contre Israël mais tout autant contre l’Occident tout entier. Un autre sujet, de teneur idéologique importante est la question du choc ou pas choc des civilisations. A mon sens ce choc a déjà eu lieu le 11 septembre 2001. Certains se voilent la face pour ne pas voir la réalité en face et cette réalité est le fait du troisième totalitarisme qui menace le monde et qui se nomme l’islamisme. Or ce troisième totalitarisme à des alliés en France et en Europe qui y voient le ferment de la nouvelle lutte des classes. Le gaucho-islamisme en est l’exemple le plus abouti et ce nouveau « monstre » s’installe dans de nombreuses cervelles fragiles. Travailler ces questions d’idéologie, très vives en France, car elles font du fantasme une réalité, chimérique mais active, ou bien des questions plus techniques, tels sont les axes de travail que nous sommes sensés aborder.
Question : Qu'aimeriez-vous faire prochainement et quels sont pour cette commission vos plus chers désirs ?
Réponse : La vie juive, intellectuelle ou politique, comme on le sait c’est trois avis pour deux synagogues. On se retrouvera tous sur l’essentiel mais on sait bien que le diable est dans les détails. Tout ceci révèle un foisonnement du débat d’idées encore que certains aient un peu trop tendance à prétendre prendre leur point de vue pour le point de vue juste, bon pour les juifs et eux seuls en seraient les exclusifs détenteurs. On connaît ça par cœur et il y a donc une pédagogie interne à la communauté qu’il nous faudrait développer pour apprendre le débat démocratique, à viser l’intérêt général plutôt que son propre narcissisme. Ainsi va le monde et les juifs ne sont pires qu’ailleurs mais on souhaiterait qu’ils soient meilleurs. Je pense cependant que dans un souci d’efficacité ces commissions ne peuvent fonctionner qu’en nombre réduit alors que beaucoup d’autres commissions se chevauchent. Il faudrait penser à les réorganiser en fonctions de moyens réels et non pas d’objectifs irréalisables. Pour terminer, je souhaite que le 30eme anniversaire de l’affaire d’Entebbe, (juin juillet 1976) le détournement d’un avion d’Air France et le sauvetage des otages par l’armée israélienne soit l’occasion de rappeler à la France et au monde ce qu’est le courage politique et l’audace dont est capable une peuple pour vaincre les barbares. Il faut que le souvenir d’Entebbe serve de leçon d’énergie et de courage dans ces temps de confusion et de démission.
Propos recueillis par Marc Knobel