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Publié le 19 Juillet 2006

Exclusif : Simon Epstein, enseignant à l’Université de Jérusalem, membre du parti travailliste : «Israël ne peut pas accepter d’être systématiquement menacé par le Hezbollah »

Question : Comment ressentez-vous l’intervention israélienne au Liban ?


Réponse : C’est une intervention absolument salutaire, il était impossible de continuer à vivre avec une organisation terroriste (de type fondamentaliste de type islamiste, soutenue par la Syrie et l’Iran) qui pointe sur notre territoire plusieurs milliers de missiles. Il fallait donc crever cet abcès et l’immense majorité de la population israélienne soutient le gouvernement dans son action.
Question : Est-ce que la gauche israélienne et Shalom Archav soutiennent cette intervention militaire ?
Réponse : Il y a une ultra gauche (les communistes israéliens ou les groupes trotskystes) qui adopte systématiquement le point de vue de l’ennemi. Cette ultra-gauche a commencé à manifester. Mais la gauche (les travaillistes) et même la gauche très militante (Shalom Archav, Meretz notamment) soutiennent le gouvernement. Néanmoins ce soutien est assorti de quelques réserves. La gauche très militante estime qu’il faut éviter une intervention terrestre au Liban et qu’il faut trouver une solution négociée sur le long terme.
Question : Est-ce que les israéliens craignent une évolution de la situation avec une confrontation militaire avec la Syrie ou l’Iran ?
Réponse : Les israéliens craignent la confrontation, mais les syriens la craignent encore plus. Une guerre entre Israël et la Syrie serait très mauvaise pour les syriens. C’est pourquoi les syriens encouragent et aident le Hezbollah avec enthousiasme, mais ils se gardent bien d’intervenir. Les syriens savent qu’ils ne peuvent pas faire la guerre. Quant à l‘Iran, un grave problème concerne toute la communauté internationale : il s’agit de la bombe atomique iranienne. Israël ne doit pas être le seul pays qui doit affronter ce réel danger pour la sécurité et la stabilité du monde.
Question : Quelle est selon vous l’ennemi irréductible d’Israël ?
Réponse : Aujourd’hui c’est le fondamentalisme islamique dans toutes ses formes et dans toutes ses expressions internationales ou régionales. Autant il était possible d’envisager un compromis avec un nationalisme arabe moderne et laïc, autant il est impossible de penser à un compromis avec un fondamentalisme qui veut détruite Israël en particulier, et le monde occidental en général.
Question : Faut-il négocier avec le Hamas ?
Réponse : On peut négocier avec le Hamas, des négociations de type ponctuel portant sur des questions précises et sur le court terme. On ne peut négocier avec le Hamas un accord de paix ou de partition du pays, un accord débouchant sur la création d’un Etat palestinien.
Question : Pourquoi ?
Réponse : Parce que par nature idéologique, le Hamas est réfractaire à la notion de partition. La lutte du Hamas est une lutte pour la récupération d’une terre anciennement islamique. Ce n’est pas la lutte d’un peuple pour son droit à l’existence nationale. Le but du Hamas est la destruction complète d’Israël.
Question : Que répondez-vous aux militants de l’extrême gauche qui condamnent l’intervention israélienne ?
Réponse : Ces militants soutiennent de façon quasi systématique toute entreprise de destruction de l’Etat d’Israël. Il n’est donc pas étonnant qu’ils soutiennent le Hezbollah au Liban. On peut s’affliger de leur attitude mais on ne peut pas s’en étonner.
Propos recueillis par Marc Knobel