Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - À propos d'un refus de réponse

31 August 2023 | 262 vue(s)
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Actualité

Cette période de fêtes juives en France, rime aujourd'hui avec contrôles de sécurtié et détecteurs de métaux

Jean Pierre Allali's picture
ADIEU SHIMON
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29 September 2016
Catégorie : Actualité

L'ancien président de l'État d'Israël, mon ami Shimon Peres, prix Nobel de la Paix 1994 est mort dans la nuit du 28 septembre 2016. Il avait 93 ans.

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Dimanche 11 septembre 2016, j'étais l'invité de l'émission "30 minutes pour convaincre".

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

Le Times of Israel a repris ma critique de la comparaison musulmans de France - juifs pendant la Shoah.

Je fais suite aux propos de Jean Luc Melenchon travestissant l'Histoire de France.

Aux côtés de Bruno Valentin, prêtre du diocèse de Versailles et Ahmet Ogras, vice-président du CFCM sur le plateau de BFM TV, j'ai réaffirmé mon sentiment d'horreur face à cet acte barbare qui s'est passé ce matin.

 

Il est peut être temps de poser à ceux qui relaient les théories du complot - en particulier sur les réseaux sociaux - des questions déstabilisantes.

Dans une interview donné à Patrick Perotto de L'Est Républicain, je suis revenu sur l’un des défis des années à venir : combattre les idées de haine qui se répandent sur internet

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

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Dimanche matin, en lisant les journaux accumulés pendant les vacances, je lisais un article sur un incident survenu dans un bus à Tel Aviv. Une dame de 88 ans, dont on apprendra que c’est une survivante de la Shoah, demande au conducteur si elle est dans la bonne file. Silence… Son mari pose la même question et le conducteur lui répond. ‒ Pourquoi n’avez-vous pas répondu à mon épouse ? ‒ Je ne parle pas aux femmes…

À peine une heure après cette lecture, j’étais à la synagogue pour une Bat Mitzva. La jeune fille a consacré son allocution à une autre survivante de la Shoah, Simone Veil…

Les images se sont télescopées : j’ai imaginé Madame Veil dans ce bus de Tel Aviv. Il était clair que le conducteur aurait passé un très mauvais quart d’heure et j’aurais adoré assister à cette avoinée…

 

Cette anecdote est-elle significative ? Je crois que oui. On ne parle plus ici des clivages internes à une société israélienne dont les différents groupes ont du mal à communiquer. Ce conducteur de bus est engagé dans une extrémisation existentielle.

Ne pas parler aux femmes… J’ai pensé aux moines du Mont Athos qui dans les monastères de leur éperon rocheux de Chalcidique interdisent depuis mille ans toute présence féminine, humaine ou animale. J’ai pensé à ces frustrés enfermés dans leurs réseaux sociaux délirants qui attribuent leurs échecs aux femmes, rêvent de les supprimer et qui parfois passent à l’acte.

Mais ce n’est évidemment pas cela. Le plus vraisemblable est que ce chauffeur ne hait pas les femmes, ou comme on le disait dans le passé de certains antisémites, ne les déteste pas plus qu’il n’est raisonnable, mais qu’il est obsédé par l’impureté. Or c’est bien connu, la femme, et entre autres la voix des femmes est vecteur d’impureté et de tentation. On connaît les codes de la Niddah qui lui imposent de rester à l’écart de son mari dans la période des règles et on connaît aussi la tentation de l’extension de ces interdictions à tout homme envers toute femme. À 88 ans, il est peu probable que la dame soit encore réglée et qu’elle puisse susciter de la concupiscence, mais il faut se méfier car Sarah avait deux ans de plus quand elle a enfanté Isaac. On n’est jamais trop prudent…

Est-ce ce raisonnement passablement dément qui a été suivi ? Le conducteur de bus ne serait alors pas seul dans son délire. Dans certains groupes la tendance n’est pas à l’assouplissement.

 

Vous me permettrez une anecdote personnelle. Après la guerre, ma grand-mère a épousé le rabbin Rubinstein de la rue Pavée, synagogue qui était, et qui est toujours, l’exemple d’une stricte orthodoxie. Je me souviens du discours que le rabbin a prononcé sans la moindre gêne, en yiddish, dans la salle de réception au soir de ma Bar Mitzva, devant un public d’hommes et de femmes attablés s’apprêtant bientôt à danser devant lui en parfaite mixité. Récemment j’ai reçu un livre retraçant sa biographie, écrit avec beaucoup de soin par un de ses disciples de Bnei Brak : il contient de nombreuses photos. Des hommes et des hommes ; pas une seule photo de femme…

 

Quoi qu’on pense de la place à donner aux femmes dans l’office religieux, il y a une différence énorme entre ne pas vouloir que les femmes portent des tefillin et ne pas accepter de parler à une femme. Il n’y a pas égalité dans les cours rabbiniques orthodoxes entre le témoignage d’un homme et le témoignage d’une femme. Mais des autorités aussi indiscutées que le Rav Soloveitchik ne voyaient pas d’inconvénient à ce que les femmes étudient la Gémara. Pour étudier ensemble, il faut se parler.

 

Le moine du Mont Athos vit à l’abri de sa montagne et de ses côtes inabordables. Dans beaucoup de traditions religieuses, il y a des reclus et des ermites, qui s’obligent à une ascèse très rigoureuse. C’est leur chemin. Mais ils n’interférent pas dans la vie de la cité et ne deviennent pas conducteurs d’autobus.

 

En Israël, les tentatives de reléguer les femmes dans l’espace public, notamment dans les transports, sont devenues fréquentes. Les canons de tsniout, c’est-à-dire de pudeur, sont d’autant plus des carcans que rien n’est exigé des hommes pour lutter contre leurs pulsions dangereuses. C’est exactement la logique de l’abaya dont on parle tant ces jours-ci. La comparaison avec les mollahs iraniens n’est malheureusement pas fortuite. Heureusement, il s’agit en Israël de minuscules minorités et elles n’ont pas ‒ pas encore, diront les pessimistes ‒ le pouvoir, mais elles mêlent leur voix au chapitre et influent sur l’évolution des mentalités.

Israël a été créé par des jeunes hommes et des jeunes femmes qui ont défriché les terres dans des kibboutzim où régnait une mixité de rôles dont on n’avait pas l’idée jusque-là. Ne pas parler aux femmes, c’est aussi refuser cette glorieuse histoire.

 

Mais au fond, ce conducteur d’autobus est-il vraiment un obsessionnel religieux ? Et s’il ne faisait que profiter de l’esprit du temps, de ce bouleversement des paradigmes qui suffoque actuellement Israël, pour laisser libre cours à des fantasmes jusque-là refoulés ? Un homme, ça s’empêche, écrivait Camus. Précisément, dans les moments sombres de l’histoire, une grande partie du mal provient d’individus qui trouvent l’occasion de ne plus s’empêcher.

On pourrait alors parler ici d’un machisme d’atmosphère…

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif

 

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