Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - À propos d'un refus de réponse

31 August 2023 | 262 vue(s)
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Actualité

Découvrez mon discours prononcé lors de la plénière de clôture de la 11ème Convention nationale du Crif, le 14 novembre 2021, en présence du Premier ministre Jean Castex.

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Israël

Par Chloé Blum

Dans la Vieille Ville de Jérusalem, dissimulé au milieu des pierres millénaires, se cache un trésor tout israélien : une exposition en réalité augmentée pour retourner dans le passé et découvrir le second Temple comme on ne l'a jamais vu. Ajustez vos masques, embarquement immédiat !

Il y a 70 ans, le 29 novembre 1947, était voté par l’ONU à New York, le plan de partage de la Palestine mandataire. Cette résolution numéro 181 prévoyait la création de trois entités : un État juif, un État arabe et Jérusalem placé sous contrôle international.

Alors que le Fatah et le Hamas tentent une énième poignée de main historique, la diplomatie israélienne y répond par un silence qui mérite une attention particulière.

 

 

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

Pour #Jerusalem partagez & faites entendre l’Histoire !

Itinéraire de Paris à Jérusalem est un récit de voyage de François-René de Chateaubriand publié en 1811. Il relate un voyage effectué de juillet 1806 à juin 1807.
Il est divisé en sept parties : la 5eme est  consacrée à Jérusalem

Réflexion d’un professeur d’histoire-géographie sur l’abstention de la France au vote de la résolution adoptée par le comité du patrimoine mondial de l’Unesco niant tous liens entre les Juifs et les lieux saints de Jérusalem.

Comme chaque année, l'association ASI/Keren Or que je préside, distribue des lunettes de vue en Israël aux plus démunis. Cette année l'opération s'est déroulée dans la ville de LOD.

Vendredi 21 octobre j'étais l'invité témoin du journal de Radio J peu après le vote abérrant à l'Unesco d'une résolution sur Jérusalem

FOR JERUSALEM NO VOICE MUST MISS
FOR JERUSALEM NONE OF US CAN REMAIN SILENT

POUR JERUSALEM PAS UNE VOIX NE DOIT MANQUER
POUR JERUSALEM AUCUN D’ENTRE NOUS NE PEUT SE TAIRE
 

 

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Un ouvrage sympathique et émouvant à découvrir.

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Dimanche matin, en lisant les journaux accumulés pendant les vacances, je lisais un article sur un incident survenu dans un bus à Tel Aviv. Une dame de 88 ans, dont on apprendra que c’est une survivante de la Shoah, demande au conducteur si elle est dans la bonne file. Silence… Son mari pose la même question et le conducteur lui répond. ‒ Pourquoi n’avez-vous pas répondu à mon épouse ? ‒ Je ne parle pas aux femmes…

À peine une heure après cette lecture, j’étais à la synagogue pour une Bat Mitzva. La jeune fille a consacré son allocution à une autre survivante de la Shoah, Simone Veil…

Les images se sont télescopées : j’ai imaginé Madame Veil dans ce bus de Tel Aviv. Il était clair que le conducteur aurait passé un très mauvais quart d’heure et j’aurais adoré assister à cette avoinée…

 

Cette anecdote est-elle significative ? Je crois que oui. On ne parle plus ici des clivages internes à une société israélienne dont les différents groupes ont du mal à communiquer. Ce conducteur de bus est engagé dans une extrémisation existentielle.

Ne pas parler aux femmes… J’ai pensé aux moines du Mont Athos qui dans les monastères de leur éperon rocheux de Chalcidique interdisent depuis mille ans toute présence féminine, humaine ou animale. J’ai pensé à ces frustrés enfermés dans leurs réseaux sociaux délirants qui attribuent leurs échecs aux femmes, rêvent de les supprimer et qui parfois passent à l’acte.

Mais ce n’est évidemment pas cela. Le plus vraisemblable est que ce chauffeur ne hait pas les femmes, ou comme on le disait dans le passé de certains antisémites, ne les déteste pas plus qu’il n’est raisonnable, mais qu’il est obsédé par l’impureté. Or c’est bien connu, la femme, et entre autres la voix des femmes est vecteur d’impureté et de tentation. On connaît les codes de la Niddah qui lui imposent de rester à l’écart de son mari dans la période des règles et on connaît aussi la tentation de l’extension de ces interdictions à tout homme envers toute femme. À 88 ans, il est peu probable que la dame soit encore réglée et qu’elle puisse susciter de la concupiscence, mais il faut se méfier car Sarah avait deux ans de plus quand elle a enfanté Isaac. On n’est jamais trop prudent…

Est-ce ce raisonnement passablement dément qui a été suivi ? Le conducteur de bus ne serait alors pas seul dans son délire. Dans certains groupes la tendance n’est pas à l’assouplissement.

 

Vous me permettrez une anecdote personnelle. Après la guerre, ma grand-mère a épousé le rabbin Rubinstein de la rue Pavée, synagogue qui était, et qui est toujours, l’exemple d’une stricte orthodoxie. Je me souviens du discours que le rabbin a prononcé sans la moindre gêne, en yiddish, dans la salle de réception au soir de ma Bar Mitzva, devant un public d’hommes et de femmes attablés s’apprêtant bientôt à danser devant lui en parfaite mixité. Récemment j’ai reçu un livre retraçant sa biographie, écrit avec beaucoup de soin par un de ses disciples de Bnei Brak : il contient de nombreuses photos. Des hommes et des hommes ; pas une seule photo de femme…

 

Quoi qu’on pense de la place à donner aux femmes dans l’office religieux, il y a une différence énorme entre ne pas vouloir que les femmes portent des tefillin et ne pas accepter de parler à une femme. Il n’y a pas égalité dans les cours rabbiniques orthodoxes entre le témoignage d’un homme et le témoignage d’une femme. Mais des autorités aussi indiscutées que le Rav Soloveitchik ne voyaient pas d’inconvénient à ce que les femmes étudient la Gémara. Pour étudier ensemble, il faut se parler.

 

Le moine du Mont Athos vit à l’abri de sa montagne et de ses côtes inabordables. Dans beaucoup de traditions religieuses, il y a des reclus et des ermites, qui s’obligent à une ascèse très rigoureuse. C’est leur chemin. Mais ils n’interférent pas dans la vie de la cité et ne deviennent pas conducteurs d’autobus.

 

En Israël, les tentatives de reléguer les femmes dans l’espace public, notamment dans les transports, sont devenues fréquentes. Les canons de tsniout, c’est-à-dire de pudeur, sont d’autant plus des carcans que rien n’est exigé des hommes pour lutter contre leurs pulsions dangereuses. C’est exactement la logique de l’abaya dont on parle tant ces jours-ci. La comparaison avec les mollahs iraniens n’est malheureusement pas fortuite. Heureusement, il s’agit en Israël de minuscules minorités et elles n’ont pas ‒ pas encore, diront les pessimistes ‒ le pouvoir, mais elles mêlent leur voix au chapitre et influent sur l’évolution des mentalités.

Israël a été créé par des jeunes hommes et des jeunes femmes qui ont défriché les terres dans des kibboutzim où régnait une mixité de rôles dont on n’avait pas l’idée jusque-là. Ne pas parler aux femmes, c’est aussi refuser cette glorieuse histoire.

 

Mais au fond, ce conducteur d’autobus est-il vraiment un obsessionnel religieux ? Et s’il ne faisait que profiter de l’esprit du temps, de ce bouleversement des paradigmes qui suffoque actuellement Israël, pour laisser libre cours à des fantasmes jusque-là refoulés ? Un homme, ça s’empêche, écrivait Camus. Précisément, dans les moments sombres de l’histoire, une grande partie du mal provient d’individus qui trouvent l’occasion de ne plus s’empêcher.

On pourrait alors parler ici d’un machisme d’atmosphère…

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif

 

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