Lectures de Jean-Pierre Allali - L'autre Jérusalem, par Michel Kichka

L'autre Jérusalem, par Michel Kichka (*)

Né à Liège, en Belgique, en 1954, le dessinateur Michel Kichka, Mitchi pour les intimes, vit désormais en Israël. Très impliqué dans le combat contre le racisme et l’antisémitisme, il a notamment collaboré à la publication de la bande dessinée Rire contre le racisme, éditée avec le concours de SOS Racisme et de l’Union des Étudiants juifs de France (UEJF).

Dans son nouveau cartoon, réalisé pendant la pandémie de Covid-19, il a choisi de nous parler de Jérusalem et, plus généralement, d’Israël. Son talent est incontestable et ses dessins très réussis. La BD est, en quelque sorte, autobiographique. Il nous parle de son père, rescapé de la Shoah, de sa mère, de ses années d’écolier, de son épouse, Olivia, de ses enfants et de ses petits-enfants. Jusque-là, c’est très sympathique. Mais il dérape, hélas, quand, en homme qui se veut de gauche ; il se lance dans des considérations politiques. Le Premier ministre, Benjamin Netanyahou en prend pour son grade et la droite israélienne vouée aux gémonies. Tandis que les Palestiniens sont présentés sous un jour favorable, les ultra-orthodoxes, qui n’ont que l’expression : « Avec l’aide de Dieu » à la bouche, sont ouvertement critiqués. « Les pères fondateurs de l’État d’Israël plantaient des arbres et cultivaient la terre. Aujourd’hui, des colons sauvages déracinent les oliviers des Palestiniens dans les territoires occupés ». « Ils agressent parfois les villageois qui les replantent et même les Israéliens d’ONG qui viennent les aider par solidarité. Ils incendient des voitures, des maisons et même des mosquées. »

Quant à Bibi, « il politise la crise sanitaire afin d’obtenir l’immunité parlementaire pour échapper à ses procès ». « Il s’inscrit dans l’Histoire aux côtés de Trump le vulgaire, de Poutine le cynique, de Xi Jinping le terrible ». « Tellement minable. Je me suis rallié aux manifestations contre sa politique mais aussi contre lui et le poison de haine qu’il déverse d’un mandat à l’autre. »

Au détour d’un dessin, Kichka nous apprend qu’on le surnomma un jour : « L’artiste des chiottes ». À la lecture de cette BD, on se dit que ce n’est si pas mal trouvé.

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Dargaud, juin 2023, pages, 19 €

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