Le billet de Dorothy Benichou-Katz - Le silence de Treblinka

25 April 2023 | 311 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

Stéphanie Dassa's picture
Documentaire Sauver Auschwitz
|
23 January 2017
Catégorie : Opinion

"Sauver Auschwitz ?" un documentaire diffusé le 24 janvier à 22h40 sur Arte 

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Pages

Aller à Treblinka, c’est se rendre au milieu de nulle part. Ce lieu est caché au milieu d’une immense forêt, sombre, comme la Pologne en compte d’innombrables.

Quand je suis arrivée sur les lieux du camp d’extermination de Treblinka, j’ai été saisie par un silence assourdissant. Ici, il ne reste plus rien de visible. Les nazis ont tout détruit en 1943 après une révolte dans le camp.

Ils ont déterré et broyé tous les corps des fosses communes. Ils ont fait des brasiers immenses qui brûlaient pendant des nuits et des jours. Puis, ils ont éparpillé les cendres tout autour, partout.

Ici, à Treblinka, je suis profondément gênée de marcher sur ce sol. Je sais que je marche sur les cendres près d’un million d’âmes pures d’Israël, exterminées ici.

En l’espace de neuf mois… J’ai l’impression que sous chacun de mes pas, la terre crie, elle hurle. 300 000 Juifs du Ghetto de Varsovie ont terminé leur existence, là. Tous les déportés descendaient du train et allaient directement à la chambre à gaz.

Treblinka était une véritable usine de la mort. Personne ne sortait vivant de Treblinka.

Autour de cette clairière, il y a des milliers de pierres debout, à perte de vue.

C’est vertigineux. Cela donne la dimension « inintégrable » de ce que représente un million de victimes. Ces pierres sont petites et pointues. Certaines pas plus hautes que les genoux. Elles sont pointées vers le ciel. Sur certaines, il y a le nom d’une ville, d’un shtetl, d’un « lieu-dit », d’une bourgade d’où provenaient les déportés. Sur les autres, il n’y a rien d’écrit. Anonymes. Sans nom pour l’éternité. Quand je regarde ce ciel gris, je sais que c’est la dernière image de vie qu’a regardée chaque déporté avant de mourir. Un jour, le ciel de Pologne est tombé sur la terre, et le ciel est resté par terre…

Je me suis rendue dans de nombreux camps de la mort. Aucun endroit ne m’a marquée aussi profondément que Treblinka. On peut se demander en quoi est-ce si important de se rendre dans des lieux où il n’y a plus rien à voir. La réponse est simple : on ne va pas dans ces endroits pour « voir » quelque chose. On va dans ces endroits pour se souvenir, pour se recueillir, pour prier, pour honorer la mémoire de tous les nôtres.

Ils ont été exterminés ici, au fin fond de ces forêts de Pologne. Ils n’ont pas demandé à terminer leur vie ici. C’est un devoir sacré, de se déplacer jusqu’à eux. Ici, à Treblinka, je suis toute seule dans cette grande clairière, au milieu de cette forêt.

Pourtant, j’ai le sentiment d’être entourée d’un million d’âmes juives. En quittant ce lieu, mon cœur saigne… Comme si lâchement, je les abandonnais ici…

 

Dorothy Benichou-Katz, vice-Présidente de la Grande Synagogue de la Victoire, Membre du bureau exécutif du FSJU et Aumônier israélite des armées en charge des Invalides