Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali - L'Odyssée de Simon d'Essaouira à Constantine, par Jean Nakache

18 January 2023 | 198 vue(s)
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Opinion

Par un enchaînement de hasards, notre bloggueuse Sophie, plus habituée aux sujets de cyber-sécurité et de contre-terrorisme, s'est retrouvée les mains dans la pâte (à pizza). Et ça lui a donné quelques idées plutôt gourmandes... Elle les partage avec vous cet été à travers ces chroniques culinaires !

Discours de Marcel Dreyfuss,  Président d’honneur du Consistoire, représentant du Crif ARA - Dimanche 18/7/2021 au CHRD

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L'Odyssée de Simon d'Essaouira à Constantine, par Jean Nakache (*)

Jean Ernest Nakache est né en 1936 à Constantine. Dans ce récit alerte et bien documenté, il nous raconte à la fois la vie palpitante de son arrière-grand-père maternel, Simon, né en 1855, et nous brosse un tableau très fouillé de la vie, à l’époque, au Maroc et en Algérie.

Tout commence à Essaouira, l’ancienne Mogador. Désireux d’exaucer le vœu que tous les Juifs formulent chaque année au cours du Seder de Pessah : « L’an prochain à Jérusalem », Simon décide d’entreprendre le long voyage qui doit le mener à la capitale de l’ancien Israël. Un voyage qui n’est pas sans risques pour un jeune Juif car il va falloir traverser des territoires soumis au statut infâmant de la dhimma.

Sa première étape est la ville d’Oujda, non loin de la frontière avec l’Algérie. Ici, comme ailleurs, plus tard, il trouve le gîte et le couvert chez le rabbin de la ville. Deuxième étape : Tlemcen, la cité protégée et bénie par le fameux Grand rabbin Ephraïm Aln’Kaoua (Enkaoua). C’est là qu’il prend connaissance d’un projet de pétition que les citoyens juifs d’Algérie envisagent de remettre à l’Empereur Louis Napoléon Bonaparte en vue d’obtenir collectivement la nationalité française. Au sein de la communauté les débats sont animés. Il y a les pour et les contre. Pour ceux qui y sont favorables, c’est une occasion inespérée de sortir du statut de la dhimma qui fait des Juifs en terre d’islam des citoyens de seconde zone. Ceux qui y sont opposés arguent du fait que l’acceptation entraînerait un abandon de certains aspects de la religion juive. À la synagogue, les rabbins et les dirigeants communautaires sollicitent l’avis de Simon, considéré comme un sage. Après Tlemcen, direction Oran, Wahrân, en calèche. Oran où il sympathisera avec David, le fils du rabbin. Leurs conversations refont l’histoire : les deys turcs et leurs terribles janissaires, la terrible Isabelle la Catholique. Pour aller d’Oran à Alger, Simon monte à bord d’un voilier. Escales à Arzew et Mostaganem. À bord, il sympathise avec Ruben, dit Robert, un Juif livournais. Les conversations, là aussi, sont animées. On parle de la fameuse gifle, du soufflet donné par le dey au consul de France sur fond d’une dette due à l’entreprise Bacri-Busnach, qui conduira à la conquête de l’Algérie par la France.

Alger la Blanche, enfin, avec sa Casbah lumineuse, la synagogue de la rue Bab Azoum, le quartier flambant neuf de Bab El Oued. Et toujours et encore, les discussions animées autour du projet de Napoléon et de la pétition. Notamment avec le « Dayan », président du Conseil rabbinique de Constantine. C’est d’ailleurs en compagnie de ce dernier que Simon embarque à bord d’un caboteur pour la suite de leur odyssée. Après Bejaïa, Djidjelli, Collo et Skikda alias Philippeville, nos amis rejoignent Constantine. Voici le rocher et les gorges du Rummel.

On évoque encore la scélératesse des deys et des beys, qui isolèrent les Juifs dans un quartier, la Hara (en turc, le lieu de refuge religieux) que les Juifs désigneront entre eux comme la Cacharah, les dix-sept jeunes filles juives enlevées et offertes au dey, les massacres perpétrés à Alger en 1830.

C’est à Constantine que Simon passera les fêtes de Pessah et c’est dans cette ville que « son regard est attiré par une belle jeune fille aux cheveux blonds et au yeux clairs ». Kamera ou Camille va changer le cours de sa vie. Sur fond de la visite impériale tant attendue, Simon va déclarer sa flamme et épouser la belle Kamera Nakache. Dès lors, il renonce à se rendre à Jérusalem.

Le 14 juillet 1865, le gouvernement français prend des décisions qui déçoivent un peu la communauté juive algérienne. Il faudra attendre le fameux décret Crémieux du 24 octobre 1870 pour que les Juifs d’Algérie deviennent des citoyens français à part entière.

De nombreuses illustrations agrémentent cet ouvrage d’une lecture captivante.

À découvrir !

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Luxe, Janvier 2023, 224 pages, 19,90 €. 
Le livre est disponible ici.