Yonathan Arfi

Président du Crif, un militant juif et citoyen

Commémoration de la rafle de Libourne- Discours de Yonathan Arfi

12 January 2023 | 73 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Lors de la cérémonie nationale d'hommage commémorant le Vel d'Hiv, le Président du Crif s'est dit "choqué et révolté par les images indécentes des récalcitrant à la vaccination arborant l’étoile jaune et faisant des raccourcis honteux. C’est un outrage à la mémoire des victimes de la Shoah".

Discours de Marcel Dreyfuss,  Président d’honneur du Consistoire, représentant du Crif ARA - Dimanche 18/7/2021 au CHRD

Discours prononcé à la cérémonie du 18 juillet par M. Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine, lors de la « Journée nationale à la mémoire des crimes racistes et antisémites commis par l’État français de Vichy et en hommage aux Justes de France. »

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Actualité

Après notre étude sur les Juifs de Finlande, voici, comme convenu et pour coller à l’actualité qui fait que le conflit russo-ukrainien est en train de s’étendre à d’autres pays, un regard sur les Juifs de Suède.

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Antisémitisme

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Hier, je me suis exprimé sur la récente vague d'antisémitisme qui secoue la France. J'ai demandé à l'ensemble de la communauté nationale de faire front contre la haine antisémite. J'ai également rappelé l'importance pour la justice française d'appliquer des peines suffisamment lourdes pour être dissuasives.

Il est des livres, comme une sève puissante, comme un volcan en éruption, comme le monde à portée de la main, comme la vie, qui remue de l’intérieur, qui secoue de l’intérieur et qui donne majestueusement à donner. Il est des livres que l'on veut lire et que l'on doit lire absolument.

 

Par Marc Lévy, avocat de la LICRA dans le procès de Reynald Leykens et délégué du Crif en Israel

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

"The strength of a Nation always lies in the the way it looks at its History and and its ability to teach it to future generations".

 

"La force d’une Nation réside toujours dans le regard qu’elle sait porter sur son histoire et sa capacité à l’enseigner aux générations suivantes."

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

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Opinion

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Le 10 janvier 2023, Yonathan Arfi, Président du Crif, s'est rendu à la cérémonie en hommage aux victimes de la rafle de Libourne du 10 janvier 1944. Il a prononcé un discours dans la cour de l'école Myriam Errera, arrêtée à Libourne et déportée sans retour à Auschwitz-Birkeneau, en présence notamment de Josette Mélinon, rescapée et cousine de Myriam Errera.  
 

Monsieur le sous-Préfet,

Mesdames et Messieurs les élus,

Cher Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine,

Mesdames Josette Mélinon et Blanche Chauveau,

Mesdames et Messieurs,

 

En écoutant les textes que viennent de prononcer les écoliers de Libourne, il me revient en mémoire un célèbre proverbe juif : « On ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes ».

Cela, deux personnes semblent l’avoir mieux compris que quiconque : il s’agit de Josette Mélinon et Blanche Chauveau, grâce à qui nous sommes réunis aujourd’hui pour nous souvenir de ce qu’il s’est passé dans cette ville il y a 78 ans.

Il y a dans notre Histoire des dates qui ne s’oublient pas. Le 10 janvier 1944 est l’une d’elles. Ce jour-là, la région est plongée dans le vacarme et l’obscurité. À Libourne, 16 personnes juives sont arrêtées et enfermées dans la prison de la ville. La plupart sont ensuite déportées au camp de Drancy, puis à Auschwitz-Birkenau.

Parmi ces femmes et ces hommes dont il ne reste aujourd’hui que les noms et la mémoire, il y a Camille Torres, la grand-mère de Josette Mélinon et Blanche Chauveau, et leur cousine, Myriam Errera. 

C’est en souvenir de Myriam, de sa jeunesse, de sa soif de vivre que Josette et Blanche ont investi tant de temps et d’énergie. Chaque année, à la même date, elles s’attachent à organiser cette cérémonie qui est devenue un rendez-vous de mémoire pour tous les habitants de Libourne. Parents et enfants, jeunes et moins jeunes, vous êtes tous réunis pour honorer le souvenir de cet événement qui a frappé votre ville.

Puisque les dates comptent, je voudrais rappeler qu’il y a un an, presque jour pour jour, le 12 janvier, le Crif a rencontré Josette et Blanche chez elles, ici à Libourne. Les deux sœurs avaient accepté de participer au projet Lest We Forget – N’oublions pas, une exposition de portraits photographiques de 42 survivants français de la Shoah, présentée l’été dernier sur les grilles du Jardin du Luxembourg, à Paris.

Accompagnés du photographe Luigi Toscano, nous avons donc été accueillis par Josette et Blanche qui nous ont raconté leur histoire et celle de leur famille. Pour celles qui avaient voué leur vie à rendre hommage à leur cousine, c’était à leur tour d’être honorées, regardées et entendues. Pendant un mois, leurs photos ont été vues et leurs histoires lues par des milliers de visiteurs qui portent désormais en eux la mission de la transmettre à leur tour. 

Oui, Mesdames et Messieurs, faire face à l’histoire de la Shoah, c’est accepter une responsabilité : celle de devenir soi-même un témoin du présent, un maillon de la chaîne de transmission, trait d’union entre les générations passées et futures. Cette responsabilité ne diminue pas avec les années : au contraire.

Tout à l’heure, nous avons entendu la voix des élèves réciter le texte poignant d’Albert Pesses qui nous décrit « ce badge », cette étoile jaune que tant d’enfants ont dû porter sur leurs manteaux, leurs chemises et leurs robes. « On avait marqué Juif sur mon cœur de sept ans », dit le poème. En 1942, Gilberte, la mère de Josette et Blanche, coud sur ses vêtements l’étoile jaune désormais obligatoire en zone occupée. À elle aussi, on a marqué « juive » sur le cœur. 

Chers élèves, cette cérémonie, c’est vous qui venez de la faire. Cette plaque commémorative, c’est la vôtre. Cette école, dans laquelle Myriam Errera a fait sa scolarité avant d’être arrêtée, dans laquelle Josette a enseigné et dans laquelle ont été scolarisés ses enfants, c’est aussi la vôtre. « Tout se regroupe » nous a dit Josette, et elle avait raison.

Ce récit de la rafle de Libourne, c’est à vous que reviendra demain la tâche de le transmettre. N’oubliez pas, chers élèves, qu’en vous racontant leur histoire, Josette et Blanche vous ont donné des racines. En vous la confiant, elles vous donnent à présent des ailes.

Cette tâche, cependant, n’aura rien de facile. Car 80 ans après la Shoah, rien n’est acquis. Aujourd’hui encore, des comportements et des idées toxiques demeurent. Qu’elle soit d’inspiration islamiste, d’extrême-droite, complotiste, antisioniste, d’extrême-gauche ou négationniste, la haine et la stigmatisation des Juifs persistent comme un bruit de fond.

Pour les combattre, il n’est rien de plus important que de défendre ces valeurs si chères à l’école républicaine, si chères d’ailleurs au judaïsme. Je pense à l’humanisme, à l’universalisme des Lumières. Je pense à l’esprit critique, à l’importance du questionnement et du doute. Je pense au partage du savoir et de la connaissance.

Cela, vous venez de le faire, tout au long de cette cérémonie, à travers la lecture de textes terribles et importants : ceux qui ont scellé le sort des Français juifs il y a 80 ans, de leur dénaturalisation à l’application du Statut des Juifs. Mais puisque nous sommes dans le vif du sujet, je propose que l’on se souvienne aussi d’un autre texte. Celui-là est bien plus ancien. Il s’agit du décret pour l’émancipation des Juifs de France, voté en 1791 par l’Assemblée constituante. Ce décret a permis aux Juifs d’obtenir la citoyenneté et la pleine égalité de leurs droits avec leurs concitoyens.

Des textes comme ceux-là, Mesdames et Messieurs, sont tout aussi importants, car ils nous rappellent que l’histoire des Juifs en France n’est pas qu’une longue succession de drames, mais peut aussi être porteuse d’espoir et d’optimisme.

 

Yonathan Arfi, Président du Crif

 

 

 

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