Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Roch Hachana, il y a soixante ans : la crise des missiles de Cuba

29 September 2022 | 73 vue(s)
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Actualité

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

L’Amitié judéo-chrétienne de France - dont plusieurs militants du Crif sont membres du Comité Directeur - a tenu dimanche 29 janvier son Conseil national, l’occasion pour nous de donner quelques nouvelles du front du dialogue.

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

Un livre de Victoria Klem

Suite au vote le 16 décembre 2016 du conseil municipal de Clermont-Ferrand au vœu présenté par les groupes communistes, Front de gauche et Europe écologie, vœu relatif au boycott des produits israéliens fabriqués dans « les territoires palestiniens occupés », le Maire de Clermont-Ferrand a fait paraître dans le journal local la Montagne un communiqué. La présidente du CRIF Auvergne-Rhône- Alpes lui répond…

Au lendemain des déclarations du ministre israélien de la défense, lundi 26 décembre, qualifiant la conférence de paix sur le Proche-Orient qui doit se tenir prochainement à Paris de nouveau « procès Dreyfus », le Crif a condamné des propos « maladroits ».

 
 
 

J'ai répondu aux questions d'Olivier Lerner dimanche 4 décembre lors de notre Convention Nationale

Halte à la discrimination d'Israel, le CRIF proteste suite à la décision d'étiqueter les produits israeliens. 

Suite à l'annonce de l'adoption de la directive de l'E.U sur l'étiquetage des produits israéliens le Crif a réagit à travers un communiqué, j'ai voulu dénoncer la décision française et l'obessession israelienne.

J'ai répondu aux questions de Sputnik news.

« Si on parlait de la France ? Français, juifs et citoyens » : c’est le thème de la 7e Convention nationale du Crif le dimanche 4 décembre au Palais des Congrès de Paris.

C’est une étonnante indifférence qui entoure la mise en lambeaux de la ville d’Alep en Syrie.

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Opinion
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Blog du Crif - Noé, reviens !
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11 October 2018
Catégorie : France, Opinion

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Reportons-nous au 2 octobre 1962, trois jours, comme aujourd’hui, après le début de Roch Hachana. A Mourmansk, sur le  cercle arctique, quatre sous-marins nucléaires quittent le port. Leur destination, archi-secrète, c’est Cuba.

Quatre semaines plus tard, l’un d’eux est détecté dans les Caraïbes. Pour le faire remonter à la surface aux fins de contrôle, l’US Navy lance des grenades  de faible intensité, une procédure spectaculaire mais classique dont elle a informé l’Etat Major soviétique. Mais le sous-marin a essuyé une grosse tempête, il a perdu le contact avec Moscou, n’a pas les moyens non plus de communiquer avec les Américains, et son commandant, pensant que la guerre a commencé, perd les pédales et ordonne de lancer une torpille nucléaire. Sans le refus de son second, dont l’accord était réglementairement nécessaire, l’apocalypse nucléaire aurait pu être déclenchée . Les Américains ne savaient pas que les Soviétiques voulaient établir une base de sous-marins nucléaires à Cuba et cet épisode fut révélé quarante ans plus tard, quand un expert américain déclara: « Ce jour-là, un gars nommé Vassili Arkhipov a sauvé le monde ».

L’incident avait eu lieu trois jours après le célèbre et magnifique discours du Président Kennedy décrétant une quarantaine sur toutes les livraisons militaires à Cuba, quarantaine, pour éviter le terme de blocus, considéré comme un acte de guerre. Le 14 octobre des rampes de lancement de missiles  avaient été repérées à Cuba, à moins de 200 km des côtes de la Floride.

Les Américains, soutenus par leurs alliés et notamment par De Gaulle pourtant en désaccord avec l’Otan,  ont su formuler aux Soviétiques des menaces crédibles et leur détermination fit reculer un Khrouchtchev jusque là dans le déni et l’arrogance, poussé par un Fidel Castro belliqueux. En quelques jours, un accord fut trouvé et  la base de missiles démantelée. Khrouchtchev apparut le perdant du bras de fer, et cela contribua largement à  sa chute deux ans  plus tard.

Le souvenir de la crise des missiles est certainement présent dans la réaction américaine aux gesticulations de Poutine. A sa menace  d’utiliser l’arme nucléaire répond la très ferme déclaration, dont chaque mot est soigneusement pesé, de Jack Sullivan, conseiller à la sécurité nationale.

Vladimir Poutine avait dix ans pendant la crise des missiles, qu’il a étudiée au cours de sa formation au KGB. Quelles conclusions en a-t-il tirées ?

Il y a une douzaine d’années, j’ai eu le privilège de lui tenir un discours au Kremlin lors d’une rencontre avec le Congrès juif européen. J’ai exprimé ce qui m’angoissait alors, et qui m’angoisse aujourd’hui, l’acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran. J’ai pensé à la crise des missiles de Cuba en disant à Poutine que, entre les mains de responsables rationnels comme Kennedy et Khrouchtchev, la bombe atomique avait été moins dangereuse qu’elle ne le serait dans celles d’un fanatique comme Ahmadinedjad, qui voyait dans le chaos nucléaire l’occasion du retour du dernier imam, le Messie des temps derniers.

Je m’adressais à Poutine comme à un dirigeant raisonnable et responsable, mais j’avais eu une impression sinistre de ma poignée de mains avec lui. Son regard que l’inexpressivité rendait glaçant, sans l’ébauche d’un sourire, était celui d’un tueur à gages. Dans son propre discours, il prétendit que la Russie était le seul pays au monde où l’antisémitisme n’existait pas. J’ai compris que sa vérité n’avait absolument rien à voir avec la vérité des faits.

Et maintenant ? On peut parier que pour Poutine, le Khrouchtchev de la crise des missiles est un contre-modèle, car il apparait comme un perdant. La réalité était plus complexe, avec le démantèlement des bases américaines en Turquie et en Italie, la survie assurée au régime castriste et, finalement, la détente Est-Ouest, mais l’image compte plus que la réalité. Avec sa petite taille qu’il cherche à masquer, Poutine, au sambo, la lutte russe, au judo ou en politique, a l’obsession de paraître dominer. C’est ce qu’accepte, ou acceptait, la majorité du peuple russe, habitué par l’histoire à brader sa liberté en échange de la stabilité et de la fierté de la force.

Alors qu’il s’agit de sa propre  survie, Poutine parle de la survie de la Russie, menacée par l’Occident. La victimisation est au centre du discours des dictateurs, qui disent ne rien faire d’autre que de réagir aux humiliations que les ennemis veulent infliger à leur peuple. En réalité, c’est lui qui aujourd’hui humilie la Russie, mais un Poutine qui prétend défendre une patrie que personne ne menace est un Poutine qui refusera de reconnaitre ses mensonges et ses échecs et fera tout pour garder son pouvoir. Ce Poutine acculé est particulièrement dangereux.

Il a déclaré en 2018 : "À quoi bon le monde, si la Russie n’en fait plus partie".  En fait, le garnement de Leningrad a le terrible moyen de frimer : "À quoi bon le monde, si je ne suis plus le chef ?"

On dit qu’il a cohabité  dans son enfance avec une famille juive religieuse, mais on voit mal Vladimir Poutine faire sa repentance à Kippour. Faut-il espérer qu’un second Vassili Arkhipov vienne sauver la Russie et le monde? Les experts qui pensent que si Poutine disparait de la scène politique, il sera remplacé par plus nationaliste que lui, sont plutôt pessimistes, mais le pire n’est jamais sûr.

Les jours redoutables où nous nous trouvons conduisent à la joyeuse conclusion de Simhat Thora.….

Bonnes fêtes et à la semaine prochaine

 

Richard Prasquier