Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali - “Je vous aiderai à vivre, vous m’aiderez à mourir”, par Nathalie Saint-Cricq

28 February 2022 | 375 vue(s)
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"Je vous aiderai à vivre, vous m’aiderez à mourir", par Nathalie Saint-Cricq (*)

 

Georges Clémenceau. L’homme aux moustaches de phoque, « Le Tigre », « Le Père La Victoire », « héros incontesté du roman national français. Fils de médecin et médecin lui-même, homme de guerre et homme d’État, celui qui fut, entre 1914 et 1917, à la tête des commissions des Affaires étrangères et de l’Armée au Sénat avant de devenir président du Conseil et ministre de la Guerre , est un véritable personnage de légende.

« Dreyfusard, abolitionniste, anticolonialiste, défendant le droit de vote des Noirs, dénonçant le massacre des Arméniens aux côtés de Jaurès, laïcard militant, il a bien souvent combattu à rebours de son époque et pensé contre son temps ». Sans oublier le journalisme et l’amitié indéfectible avec le peintre Monet.

Mais ce n’est pas tout ! Grâce à Nathalie Saint-Cricq, on découvre une facette méconnue du héros national : il fut un grand séducteur, un « homme à femmes ». Et ce jusqu’à un âge très avancé. « Dans la bonne société, on lui a prêté plus de huit cents conquêtes, il n’a jamais démenti ».

Bien que marié à une Américaine, Mary Plummer, dont il a divorcé et qui lui donnera plusieurs enfants, Clémenceau a véritablement collectionné les aventures. Mais c’est avec Marie-Marguerite Baldensperger, née Bonzon, épouse de Fernand et mère de famille, qu’il va connaître l’Amour avec un grand A ! Le journal de Marguerite, reconstitué par l’auteure, nous permet de voir cette idylle improbable évoluer et se concrétiser. Nous sommes en 1923 et Clémenceau, né le 28 septembre 1841 à Mouilleron-en-Pareds (Vendée) a 82 ans. Quarante années les séparent !

Clémenceau n’est pas dupe : « Vous comptez, madame, la vie en semaines, moi je compte en secondes ». Ou encore : « Je vous aiderai à vivre, vous m’aiderez à mourir ».

Marguerite sera pour lui son « Bel Oiseau », son « Écureuil Volant » ou encore sa « Déesse fricassée dans la neige des Vosges ».

Tout au long des pages, on rencontre Clémenceau dans son appartement parisien, au 8, rue Franklin dans le 16ème arrondissement de Paris ou dans sa maison de Bélébat, en Vendée.

Gravement malade, Clémenceau, est mort le 24 novembre 1929. Anticléricard forcené, il refusera l’assistance religieuse et le crucifix sur la poitrine. « Ni Dieu ni crucifix » aimait-il dire. Parmi les fidèles qui suivront le cortège funèbre : ses amis, Mandel et Wormser.

Marie-Marguerite, elle, est décédée le 1er août 1936.

Un riche cahier iconographique agrémente cette très belle étude particulièrement fouillée. Ce premier ouvrage de Nathalie Saint-Cricq est une belle réussite À découvrir !

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions de l’Observatoire. Mars 2021. 222 pages. 19 €.