Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - Vers l'innomable. L'antisémitisme institutionnel en Hongrie (1920-1944), par André Lorant

28 July 2021 | 333 vue(s)
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Opinion

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Vers l'innomable. L'antisémitisme institutionnel en Hongrie (1920-1944), par André Lorant (*)

Autrefois forte de plusieurs centaines de milliers d’âmes, la communauté juive de Hongrie a quasiment disparu de nos jours. L’horreur du nazisme et de la Shoah est passée par là. André Lorant, né en 1930 à Budapest, nous offre, dans un ouvrage particulièrement bien documenté, parfois par le biais de textes inédits, un panorama des sombres années qui vont de 1920 à 1944, des prises de position des responsables politiques et des autorités ecclésiastique pour ce qui est de la « question juive ».

Et son constat est, pour le moins, terrifiant. Innommable !!

Ce qui apparaît, à la lecture de ce livre, c’est que, si les propos de nombre de dirigeants hongrois, ont, souvent, par les clichés qu’ils ont véhiculés, été pré-génocidaires, leurs conséquences, in-fine, se seront révélées aussi néfastes, donc véritablement génocidaires, que les discours des dignitaires nazis. Tout était en place pour la mise en marche de l’appareil de destruction massive : « l’arsenal juridique, l’intoxication de l’opinion publique par la haine, les mensonges, les propos calomnieux non seulement par des racistes de bas étage, mais encore par des personnalités qui auraient dû incarner la morale chrétienne et servir de guides à la pensée des gens ».

On ne dira jamais assez combien les clauses du traité de Trianon, avec, en somme, le dépeçage de la Hongrie, ont pu agir  sur le mental de la population hongroise, dès lors avide de revanche et de volonté de récupérer les territoires perdus. Et, comme souvent à travers l’Histoire, les Juifs joueront le rôle de bouc émissaire. C’est pourquoi, c’est dès le lendemain de la Première Guerre mondiale que la situation s’envenime pour les Juifs hongrois. La loi de 1920 établit un numerus clausus en défaveur des Juifs. Inspirateur de cette loi inique, l’évêque de Székesfehérvár, Monseigneur Ottokár Prohászka, fondateur de l’idéologie « nationale et chrétienne », se lance dans une campagne antisémite d’une violence inouïe. « Il justifie la haine du Juif par l’amour du Hongrois ».

Au fil des ans, plusieurs lois antijuives seront adoptées : la loi XV de 1938, celle de 1941. Et les protestations des Juifs hongrois (néologues, orthodoxes et du statu quo) auprès des deux chambres n’y feront rien.
L’action de l’amiral Horthy, régent du pays, est examinée sans concessions, textes législatifs à l’appui.  « Dans quelle mesure Horthy est-il responsable de la déportation des Juifs de province ? » se demande l’auteur. 400 000 Juifs de province ont été déportés lors d’une opération de grande envergure en sept étapes et Horthy a laissé faire ! « Horthy précipite sa propre chute et l’installation du régime de terreur des Nyilas ».

La pensé antisémite de deux chefs d’églises chrétiennes est examinée à la loupe : l’évêque protestant László Ravasz et le prince primat Jusztinián Serédi.

La question centrale de cet ouvrage est la suivante : « Le génocide des Juifs de Hongrie est-il l’aboutissement de l’antisémitisme magyar, de plus en plus exacerbé entre 1920 et 1944 ? »

Comme il le rappelle, André Lorant considère, à juste titre, que son travail d’historien se trouve naturellement alourdi par sa propre histoire de survivant de la Shoah. En effet, comme il le raconte, « Grâce au génie, à l’inventivité et au courage de ma tante paternelle, quelques semaines après la prise de pouvoir des Nyilas, j’ai pu me cacher dans un foyer d’enfants placé sous la protection de la Croix-Rouge suédoise, dans le quartier du château royal, ancienne résidence de Horthy arrêté et déporté par les nazis en Allemagne ».

Un bel essai historique. À découvrir !

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions L’Harmattan. Juillet 2020. 384 pages. 38 €.