Jean-Pierre Allali
L’auteure, à qui l’on doit notamment « Le monde d’Hannah » (1) et « Le gardien de nos frères » (2), se lance dans un tout autre domaine que ceux auxquels elle nous avait habitués.
On se souvient que Hugh Nissenson nous avait offert, en 1988 un titre savoureux : « L’éléphant et le problème juif » (3)
Eh bien, dans son nouveau roman, Ariane Bois, avec brio, nous démontre que, tout compte fait, le meilleur ami de l’homme, c’est…l’éléphant. Nous sommes en septembre 1916, à Erwin, dans le Tennessee. Une foule immense est assemblée sur la place principale. C’est qu’il va y avoir du spectacle ! « Mary la tueuse », éléphante d’Asie âgée de trente ans va être exécutée. Elle a tué son dresseur il y a peu. Ce n’est pas la première fois qu’on exécute un éléphant par pendaison. Le 4 janvier 1903, à Coney Island, Topsy, coupable d’avoir écrasé son gardien, qui tentait de lui faire avaler une cigarette allumée, avait été électrocutée et pendue. La foule crie : « Tuez-la, tuez-la ! ». Le pachyderme agonise dix minutes avant de fermer définitivement les yeux. Un journaliste du Boston Herald, Jeremy Parkman assiste à la scène. Tout comme la jeune et jolie Arabella Cox, fille de Joseph Cox, adventiste du septième jour, sévère et rigoureux. Et aussi, Kid, alias William Vernon, un jeune Noir., L’époque, comme le rappelle Ariane Bois, n’est alors pas très clémente pour les Noirs, dans le Sud où le Ku Klux Klan est omniprésent, répandant son racisme abject.
Arabelle, Kid, Jeremy. Ces trois-là étaient faits pour se rencontrer. Et, de fait, ils vont, au fil des pages de cet agréable récit, former un groupe uni et solidaire.
Tous les trois vont traverser la Première Guerre mondiale, tous les trois vont partager les meilleurs moments de leur jeune vie. Tous les trois, surtout, vont œuvrer pour leur passion commune : l’amour des éléphants. Cela les amènera à prendre des risques inouïs en kidnappant, dans la ménagerie d’un cirque à Cogolin dans le sud de la France, une éléphante, Tatcha qu’ils relâcheront dans la forêt…au Kenya, après un voyage épique. Et, plus sérieusement, à profiter de la fortune immense de Jérémy, héritier de son père décédé, pour créer un domaine d’accueil des éléphants. Malgré des drames terribles, un refuge, un sanctuaire pour éléphanteaux verra le jour en Afrique.
« Les éléphants, ces monstres d’humanité » auront montré le chemin à nos trois héros.
Une très belle histoire. Un roman captivant.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Belfond. Janvier 2021, 256 pages. 19 €.