Stéphanie Dassa

Directrice de projets

Blog du Crif - La petite fille du passage Ronce, de Esther Sénot et Isabelle Ernot

28 April 2021 | 372 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Lors de la cérémonie nationale d'hommage commémorant le Vel d'Hiv, le Président du Crif s'est dit "choqué et révolté par les images indécentes des récalcitrant à la vaccination arborant l’étoile jaune et faisant des raccourcis honteux. C’est un outrage à la mémoire des victimes de la Shoah".

Discours de Marcel Dreyfuss,  Président d’honneur du Consistoire, représentant du Crif ARA - Dimanche 18/7/2021 au CHRD

Discours prononcé à la cérémonie du 18 juillet par M. Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine, lors de la « Journée nationale à la mémoire des crimes racistes et antisémites commis par l’État français de Vichy et en hommage aux Justes de France. »

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Esther Sénot est une des dernières survivantes françaises de la Shoah.

Le récit qu’elle nous livre, magnifiquement co-écrit avec Isabelle Ernot historienne, responsable des projets autour de la mémoire de la Shoah à l’Union des Déportés d’Auschwitz, revient sur ses années de déportation à Birkenau pour ensuite dans un bond dans le temps reconstituer les liens d’affection qui unissaient sa famille. Décimée, comme tant d’autres.

La petite fille espiègle et joyeuse de Belleville où se situait le passage Ronce, déportée à 15 ans et libérée à 17 ans a passé son adolescence, ce plus bel âge de la vie, à tenter de survivre dans l’enfer de Birkenau. Du passage Ronce au passage par les ronces… car c’est bien une écorchée vive qui en 1946, après l’horreur, tentera de mettre un terme à son existence. Elle reviendra à la vie, mais le sommeil, lui, s’est enfuit pour toujours.

Originaire de Pologne, la famille s’est installée en France. Pour Esther, tout a basculé le 16 juillet 1942 lorsque la Police française procède à la rafle du Vel d’Hiv.

Dans son livre, Esther écrit des lettres post mortem. Notamment à sa sœur, Fanny déportée avant elle et retrouvée à Birkenau. Fanny n’a pas survécu à sa déportation, épuisée, elle est passée quelques temps par le Revier (cette pseudo infirmerie qui n’est rien d’autre qu’un mouroir) puis a été assassinée dans la chambre à gaz. Esther croit se souvenir que sa sœur l’a supplié de survivre et de raconter pour ne pas que ceux et celles qui sont passés par là deviennent « les oubliés de l’histoire ». Mais au fond d’elle, elle ne sait plus vraiment si sa sœur lui a vraiment confié cette mission. Peu importe, elle deviendra quand même cet Atlas qui porte sur son dos, la mémoire d’un monde disparu. Dans cette tourmente infernale, la seule valeur qui ne soit pas écroulée est celle de l’amitié. Esther et Marie, se sont entraidées à Birkenau, soutenues. Elles ont été évacuées toutes les deux en janvier 1945 dans d’interminables marches puis ont été déportées de camps en camps jusqu’à être libérées en avril 1945. Ensuite, leur amitié a perduré et leurs souvenirs se sont complétés.

A Birkenau, Esther a perdu son père, sa mère, sa sœur et deux de ses frères.

Après la guerre, elle est devenue vendeuse et a exercé ce métier pendant deux décennies. Elle s’est mariée et a eu trois fils.

Aujourd’hui Esther Sénot a 93 ans. Son histoire, elle l’a livrée dans de très nombreux établissements scolaires, à des élèves qui avaient le même âge qu’elle lorsque sa vie a explosé. Esther est un grand témoin de l’histoire, un des derniers. Un témoignage poignant, à lire, pour en apprendre encore davantage sur la Shoah, cette histoire sans fond.

 

Stéphanie Dassa