Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - Un regard juif sur la visite du Pape en Irak

10 March 2021 | 211 vue(s)
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Actualité

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

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Opinion

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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En 2014 j’accompagnais une petite délégation de Juifs sud-américains reçue par le Pape François qui nous tint dans son espagnol natal un discours inattendu. «Comme Juifs, vous, vous pouvez le comprendre mieux que d’autres, ce qui arrive aux chrétiens d’Orient, c’est un véritable génocide».

Son émotion traduisait une évidente empathie envers les Juifs même si l’expression de génocide, alors couramment utilisée, n’était pas appropriée. La vraie tentative de génocide que Daech a tenté de perpétrer était dirigée contre les yezidis, qui ne sont pas chrétiens, et le Pape en a d’ailleurs parlé en Irak. Les chrétiens d’Irak ont été victimes d’attentats contre les églises, d’assassinats et de déprédations sur un fond d’hostilité populaire qui allait croissant depuis l’intervention américaine  dont ils étaient considérés complices.  Ils ne pouvaient que fuir devant la terreur engendrée par Daech, mais il y avait en réalité des années que les chrétiens quittent un Irak en décomposition: ils étaient 1 500 000  au début du XXIe siècle. Ils seraient aujourd’hui 400 000, certains pensent qu’ils ne sont pas plus de 150 000 et la quasi totalité des jeunes rêvent de partir… Leur avenir est un point d’interrogation.

En me rappelant l’émotion du pape François, je n’ai pas été surpris par ce voyage effectué malgré des risques considérables. L’effort quasi désespéré de cet homme âgé et malade pour planter des graines de paix et de fraternité et  pour rencontrer ceux qui souffrent est digne d’admiration. Mais que peut-il faire dans un monde où le pouvoir se partage entre les cyniques, les narcissiques et les fanatiques en ironisant sur les angéliques, catégorie dans laquelle le Pape François est communément inséré?

Ce fut une belle idée que d’organiser à Ur, au milieu du désert d’où est parti Abraham, le père des croyants monothéistes, une rencontre inter religieuse. Il y avait là les chrétiens, assyriens ou  catholiques chaldéens, les musulmans, chiites ou sunnites, les yezidis et les kakaïs, les mandéens, les zoroastriens et les bahais, tous censés représenter la diversité irakienne, même si certaines communautés sont aujourd’hui minuscules. Tous? Non. Il n’y avait pas de Juifs. Sans dire le nom de Isaac ou celui de Sara, le Pape François a cité le passage de la Genèse où un visiteur annonce à Abraham que son épouse enfantera malgré son âge plus que respectable, et c’est à peu près tout…

D’ailleurs, où aurait-on trouvé un Juif ? On dit qu’il reste quatre Juifs en Irak, tous reclus dans leur maison ; la cinquième est morte en septembre 2020.

Il y a en Irak des musulmans depuis 1 400 ans, des chrétiens depuis 1900 ans et  il y avait des Juifs sur ces terres depuis 2600 ans. L’antique Pumbedita, ville entièrement juive, l’un des deux centres d’origine du Talmud Bavli, cette patrie portable du judaïsme diasporique, s’appelle Fallouja, à l’ouest de Bagdad, qui fut tristement célèbre sous Daech. Les Juifs ont contribué à l’indépendance de l’Empire parthe et sassanide contre Rome, des Juifs irakiens ont créé Shanghai. Ils représentaient au moins le quart de la population de Bagdad en 1900. 150 000 d’entre eux ont été conduits en Israël après la guerre d’Indépendance, après avoir été rigoureusement dépouillés de tout par les autorités. Ceux qui sont restés ont été ensuite  victimes des pires persécutions ….

On souhaite aux très anciennes communautés chrétiennes d’Irak de vivre en paix dans ce pays et le Pape fait tout pour apaiser les esprits. En ce qui concerne les Juifs, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi, je suis plutôt heureux de les savoir en sécurité en Israël. Finalement, cela me console de ne pas les avoir vus à la réunion oecuménique de Ur en Chaldée. Ce n’est pas la première fois qu’un tour de passe passe politiquement correct oblitère les Juifs de la mémoire. Nous y survivrons...

 

Richard Prasquier