Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - Un regard juif sur la visite du Pape en Irak

10 March 2021 | 211 vue(s)
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Actualité

Il y a six ans (ndlr. : cet article a été rédigé en mars 2018), en mars 2012, à Montauban et Toulouse, sept vies ont été fauchées par un terroriste islamique, donc je me refuse à rappeler le nom.

Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

Dans leur numéro de janvier, le magazine Youpi, destiné aux enfants de 5 à 8 ans, a clairement laissé entendre à ses jeunes lecteurs qu' "Israel n'était pas un vrai pays".

"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

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Opinion

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En 2014 j’accompagnais une petite délégation de Juifs sud-américains reçue par le Pape François qui nous tint dans son espagnol natal un discours inattendu. «Comme Juifs, vous, vous pouvez le comprendre mieux que d’autres, ce qui arrive aux chrétiens d’Orient, c’est un véritable génocide».

Son émotion traduisait une évidente empathie envers les Juifs même si l’expression de génocide, alors couramment utilisée, n’était pas appropriée. La vraie tentative de génocide que Daech a tenté de perpétrer était dirigée contre les yezidis, qui ne sont pas chrétiens, et le Pape en a d’ailleurs parlé en Irak. Les chrétiens d’Irak ont été victimes d’attentats contre les églises, d’assassinats et de déprédations sur un fond d’hostilité populaire qui allait croissant depuis l’intervention américaine  dont ils étaient considérés complices.  Ils ne pouvaient que fuir devant la terreur engendrée par Daech, mais il y avait en réalité des années que les chrétiens quittent un Irak en décomposition: ils étaient 1 500 000  au début du XXIe siècle. Ils seraient aujourd’hui 400 000, certains pensent qu’ils ne sont pas plus de 150 000 et la quasi totalité des jeunes rêvent de partir… Leur avenir est un point d’interrogation.

En me rappelant l’émotion du pape François, je n’ai pas été surpris par ce voyage effectué malgré des risques considérables. L’effort quasi désespéré de cet homme âgé et malade pour planter des graines de paix et de fraternité et  pour rencontrer ceux qui souffrent est digne d’admiration. Mais que peut-il faire dans un monde où le pouvoir se partage entre les cyniques, les narcissiques et les fanatiques en ironisant sur les angéliques, catégorie dans laquelle le Pape François est communément inséré?

Ce fut une belle idée que d’organiser à Ur, au milieu du désert d’où est parti Abraham, le père des croyants monothéistes, une rencontre inter religieuse. Il y avait là les chrétiens, assyriens ou  catholiques chaldéens, les musulmans, chiites ou sunnites, les yezidis et les kakaïs, les mandéens, les zoroastriens et les bahais, tous censés représenter la diversité irakienne, même si certaines communautés sont aujourd’hui minuscules. Tous? Non. Il n’y avait pas de Juifs. Sans dire le nom de Isaac ou celui de Sara, le Pape François a cité le passage de la Genèse où un visiteur annonce à Abraham que son épouse enfantera malgré son âge plus que respectable, et c’est à peu près tout…

D’ailleurs, où aurait-on trouvé un Juif ? On dit qu’il reste quatre Juifs en Irak, tous reclus dans leur maison ; la cinquième est morte en septembre 2020.

Il y a en Irak des musulmans depuis 1 400 ans, des chrétiens depuis 1900 ans et  il y avait des Juifs sur ces terres depuis 2600 ans. L’antique Pumbedita, ville entièrement juive, l’un des deux centres d’origine du Talmud Bavli, cette patrie portable du judaïsme diasporique, s’appelle Fallouja, à l’ouest de Bagdad, qui fut tristement célèbre sous Daech. Les Juifs ont contribué à l’indépendance de l’Empire parthe et sassanide contre Rome, des Juifs irakiens ont créé Shanghai. Ils représentaient au moins le quart de la population de Bagdad en 1900. 150 000 d’entre eux ont été conduits en Israël après la guerre d’Indépendance, après avoir été rigoureusement dépouillés de tout par les autorités. Ceux qui sont restés ont été ensuite  victimes des pires persécutions ….

On souhaite aux très anciennes communautés chrétiennes d’Irak de vivre en paix dans ce pays et le Pape fait tout pour apaiser les esprits. En ce qui concerne les Juifs, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi, je suis plutôt heureux de les savoir en sécurité en Israël. Finalement, cela me console de ne pas les avoir vus à la réunion oecuménique de Ur en Chaldée. Ce n’est pas la première fois qu’un tour de passe passe politiquement correct oblitère les Juifs de la mémoire. Nous y survivrons...

 

Richard Prasquier