Bruno Halioua

Président de la Commission Souvenir du Crif

Blog du Crif - Le jour où Sacha Distel a vu sa mère porter l'étoile jaune

11 June 2020 | 1297 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

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Antisémitisme

Dimanche 14 janvier 2024, quelques mois avant les Jeux Olympiques Paris 2024, une délégation de sportifs et de dirigeants du monde du sport q"es, avec le Crif, pour un voyage de la mémoire dans le camp d’Auschwitz-Birkenau, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.

 

Le 10 janvier 2023, Yonathan Arfi, Président du Crif, s'est rendu à la cérémonie en hommage aux victimes de la rafle de Libourne du 10 janvier 1944. Il a prononcé un discours dans la cour de l'école Myriam Errera, arrêtée à Libourne et déportée sans retour à Auschwitz-Birkeneau, en présence notamment de Josette Mélinon, rescapée et cousine de Myriam Errera.  
 
À l'occasion de la fête juive de Hanoucca, découvrez les vœux du Président du Crif, Yonathan Arfi.
 

La 12ème Convention nationale du Crif a eu lieu hier, dimanche 4 décembre, à la Maison de la Chimie. Les nombreux ateliers, tables-rondes et conférences de la journée se sont articulés autour du thème "La France dans tous ses états". Aujourd'hui, découvrez un des temps forts de la plénière de clôture : le discours de Yonathan Arfi, Président du Crif.

 

"For the union makes us strong" : car l'union nous rend forts, Solidarity forever, Peter Seegers

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Il y a 80 ans, le 7 juin 1942, la législation instaurant l'étoile jaune était mise en place. À cette occasion, découvrez 4 articles sur la façon dont Serge Gainsbourg, Jean Ferrat, Sacha Distel et Marcel Gotlib ont vécu le port de l'étoile jaune.

Ces articles sont proposés par Bruno Halioua, et issus de son livre «Leur Seconde Guerre Mondiale», (édition Buchet Chastel - 2020). Dans ce livre, il s'intéresse à la façon dont certaines personnes célèbres ont vécu les événements marquants de la Seconde Guerre Mondiale.

Le jour où Sacha Distel a vu sa mère porter l'étoile jaune : "Ça voulait dire quoi, Juif ? Quelqu'un qui porte une étoile ? Je n'y comprenais rien"

Le 7 juin 1942, le petit Sacha Distel âgé de 9 ans se rend compte que sa mère porte une étoile jaune sur le revers de son manteau. Sacha n’est pas astreint au port de l’étoile jaune étant donné que son père n’est pas Juif.

Quand sa mère l’accompagne à l’école, il ressent ce jour-là une gêne indescriptible. Il se rend compte que le regard que lui porte les autres enfants change « J'étais désormais celui dont la maman portait un signe distinctif humiliant et que les autres gosses regardaient avec un drôle d'air ».  Il prend conscience de son altérité sans saisir précisément les raisons exactes :

« Ça voulait dire quoi, Juif ? Quelqu'un qui porte une étoile ? Je n'y comprenais rien. J'éprouvais un sentiment de profonde injustice, de non-normalité dont je ne saisissais pas les raisons ». Ce sentiment d’être différent est d’autant plus gênant qu’il ressent un climat d’angoisse et d’anxiété à travers les conversations de ses parents : « Je pressentais des choses mystérieuses et inquiétantes ».

Par la suite la mère de Sacha Distel est arrêtée par deux policiers français sous les yeux de son mari et de son fils qui tenteront naïvement de les faire changer d’avis : « j’éclate en sanglots, puis je me ressaisis et, parade dérisoire, je leur joue au piano une chanson de Ray à laquelle ils restent insensibles ».

Après le départ de sa mère, Sacha éprouvera une haine irascible vis-à-vis des policiers français. « Le sentiment que j'éprouve alors, ce n'est ni la peur ni la tristesse, mais la colère ; l'envie de tuer ces deux salauds. Et puis une question : comment des Français peuvent-ils faire une chose pareille ? Un dégoût m'envahit... La porte se referme. Papa s'effondre. Nous pleurons tous les deux, sans trouver la force de réagir ».

Sacha Distel est ensuite caché avec treize autres enfants juifs par Constant Domaigné au collège de l'Immaculée-Conception de Laval. A l’occasion de son enroulement comme enfant de chœur, on s’est  rendu compte que Sacha avait une jolie voix.

Sacha Distel restera toute sa vie marquée par cette période de la Shoah où il a mené une existence de parai comme il l’expliquera « Ce trait de caractère me restera : je ne me juge ni meilleur ni pire que les autres, seulement différent d'eux - pas trop différent, mais tout de même assez... ».

 

Dr Bruno Halioua, Président de la Commission Souvenirs du Crif

Cet article est extrait de « Leur Seconde Guerre Mondiale », le prochain livre de Bruno Halioua. (A paraître édition Buchet Chastel en octobre 2020). Dans ce livre, Bruno Halioua s'intéresse à la façon dont certaines personnes célèbres ont vécu les événements marquants de la Seconde Guerre Mondiale.