Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - Être juif, à Lyon et ses alentours (1940-1944), par Sylvie Altar

22 April 2020 | 219 vue(s)
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France

La 12ème Convention nationale du Crif a eu lieu hier, dimanche 4 décembre, à la Maison de la Chimie. Les nombreux ateliers, tables-rondes et conférences de la journée se sont articulés autour du thème "La France dans tous ses états". Aujourd'hui, découvrez un des temps forts de la plénière de clôture : le discours de Yonathan Arfi, Président du Crif.

 

"For the union makes us strong" : car l'union nous rend forts, Solidarity forever, Peter Seegers

La 77ème cérémonie du Yizkor organisée par le FARBAND - Union des Sociétés Juives de France s'est déroulée dimanche 2 octobre 2022, à 11h30 au cimetière de Bagneux. 

À l'aube de 5783, découvrez les vœux de Yonathan Arfi pour Roch Hachana. 

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Antisémitisme

Lors de la cérémonie nationale d'hommage commémorant le Vel d'Hiv, le Président du Crif s'est dit "choqué et révolté par les images indécentes des récalcitrant à la vaccination arborant l’étoile jaune et faisant des raccourcis honteux. C’est un outrage à la mémoire des victimes de la Shoah".

Discours prononcé à la cérémonie du 18 juillet par M. Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine, lors de la « Journée nationale à la mémoire des crimes racistes et antisémites commis par l’État français de Vichy et en hommage aux Justes de France. »

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Être juif, à Lyon et ses alentours (1940-1944), par Sylvie Altar (*)

Malgré le temps qui passe et près de quatre-vingt ans après la catastrophe de la Shoah, on réalise qu’il reste encore des pans d’histoire à découvrir et des pages sombres à éclairer. Sylvie Altar s’est plus particulièrement penchée sur la vie à Lyon et ses alentours entre 1940 et 1944 et sur le sort que fut alors, dans cette région, celui des Juifs.

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, on compte en France environ 300 000 Juifs. Parmi eux, quelque 6 000 à 7 000 vivent dans l’agglomération lyonnaise : 4 000 à Lyon et le reste dans la proche banlieue, Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Saint-Fons ou encore Vénissieux. Rappelons que Lyon se situe à 150 km de la Suisse et à 250 km de la frontière italienne.

Foyer secondaire du judaïsme français, Lyon a vu des couches successives de communautés juives s’installer en son sein : Comtadins, Alsaciens, Turcs, Juifs des Balkans, Algériens, Marocains, Polonais, Allemands, Autrichiens… Les réseaux communautaires sociaux et culturels fonctionnent convenablement. La partie religieuse est gérée par l’ACIL (Association Cultuelle Israélite de Lyon), le Consistoire, en somme. Inaugurée en 1864, la Grande Synagogue est située sur le quai Tilsitt.

Comme tous les Français, les Juifs lyonnais participeront à l’effort de guerre et seront mobilisés. Un élan patriotique qui poussera également les Juifs étrangers à s’engager volontairement.

À partir de juin 1940, Lyon, de par sa position géographique, va se transformer en ville abri. « La guerre modifie en profondeur l’espace et les repères de la France, elle fait de Lyon une sorte de capitale sans en porter le titre en raison de son attractivité ». Fuyant le rouleau compresseur allemand, les Français se ruent en masse vers Lyon. Lyon se transforme en une ruche bourdonnante dont le seuil de saturation dépasse 12 812 hab/km2. Et, pour ce qui est du judaïsme, on peut se demander si Lyon n’est pas devenue, en ces temps troublés, la capitale du judaïsme français ! Signe des temps : l’Assemblée Générale des Rabbins de France s’y réunit du 3 au 5 septembre 1940. Le Consistoire Central lui-même décide de s’installer à Lyon.

Ville refuge, havre de paix, la ville, hélas, va rapidement se transformer en traquenard mortel pour milliers d’exilés qui pensaient y avoir trouvé le salut. Le titre de la troisième partie du livre de Sylvie Altar est on ne peut plus explicite : « Lyon, ville piège où s’opère le processus génocidaire »

Contrôlés, recensés, marginalisés, assignés à résidence, spoliés, victimes du numerus clausus et de la délation, les Juifs vont peu à peu tomber, victimes d’un système pervers et maléfique : la direction régionale du commissariat général aux questions juives à la solde d’Hitler et du nazisme. C’est le temps des monstres que seront Henri de la Chassagne, Henri Rostaing, Charles Agnès, Marc Billon-Carrel, Francis André et bien d’autres. Sans oublier Paul Touvier et Klaus Barbie.

À partir de décembre 1941, c’est le temps des perquisitions, des rafles et des descentes policières françaises aux ordres de René Bousquet. La rafle du 26 août 1942 sera meurtrière. Tout comme celle, plus tard, le 9 février 1943, dite « de la rue Sainte-Catherine ». Ou encore, le 1er mars 1943, celle de Villeurbanne ;Un camp est installé à Vénissieux, un autre aux Iris à Villeurbanne. Sans oublier la kyrielle de « petites rafles ».Le 12 septembre 1942, jour de Roch Hachana, pour la première fois, un Juif français est arrêté. On perquisitionne la Grande Synagogue et plusieurs autres lieux.

1943 devient, comme le dit l’auteure, « l’année du resserrement et de la traque ».. Celle aussi du STO. Les prisons lyonnaises, comme le fort Montluc ou le Petit Dépôt tournent à plein rendement. Le 26 mai 1943, le Grand rabbin de Lyon, Bernard Schonberg, est arrêté. Le 28 octobre 1943, c’est le tour du président du Consistoire Central. Jacques Helbronner est arrêté ainsi que son épouse. Le 10 décembre, un attentat vise la Grande Synagogue.

« 1944, nous dit Sylvie Altar, sera l’année de tous les excès ».

Les nazis et leurs collaborateurs, qui sentent la fin prochaine de l’Allemagne et du nazisme  multiplient les exactions.

Le 3 septembre 1944, enfin, Yves Farge, commissaire de la République de la région, proclame la libération de Lyon. « La cité rhodanienne, qui se réveille d’un long cauchemar, est tiraillée entre espoir et désespoir ».

Des photographies, des reproductions de documents et des schémas agrémentent cet ouvrage de référence sur le sujet traité. Intéressant.

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Tirésias-Michel Reynaud. Septembre 2019. Préfaces de Serge Klarsfeld et de Laurent Douzou. Postface de Haïm Korsia. 434 pages. 30 €.