"Itinéraire de Paris à Jérusalem " de Chateaubriand, 1811. Extraits

03 November 2016 | 546 vue(s)
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Israël

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Religion

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaela ! Sur ce blog, Raphaela vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

 

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Et vous, comment définiriez-vous l’humour juif ?

Pour vous donner le goût des vacances, le Crif vous fait voyager et lance sur ses réseaux la campagne "Juifs du Monde". Ensemble, partons à la découverte des populations juives du monde, de leurs histoires et de leurs traditions. Aujourd’hui, embarquement immédiat pour Hong Kong !

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

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Itinéraire de Paris à Jérusalem est un récit de voyage de François-René de Chateaubriand publié en 1811. Il relate un voyage effectué de juillet 1806 à juin 1807.
Il est divisé en sept parties : la 5eme est  consacrée à Jérusalem

Extraits : 
 

Jérusalem fut fondée l’an du monde 2023, par le grand-prêtre Melchisédech : il la nomma Salem, c’est-à-dire la Paix ; elle n’occupait alors que les deux montagnes de Mora et d’Acra.
 
Cinquante ans après sa fondation, elle fut prise par les Jébuséens, descendants de Jébus, fils de Chanaan. Ils bâtirent sur le mont Sion une forteresse, à laquelle ils donnèrent le nom de Jébus, leur père : la ville prit alors le nom de Jérusalem, ce qui signifie Vision de paix. Toute l’Ecriture en fait un magnifique éloge : Jerusalem, civitas Dei, luce splendida fulgebis. Omnes nationes terrae adorabunt 27. te, etc.
 
Josué s’empara de la ville basse de Jérusalem, la première année de son entrée dans la Terre Promise : il fit mourir le roi Adonisédech et les quatre rois d’Ebron, de Jérimol, de Lachis et d’Eglon. Les Jébuséens demeurèrent les maîtres de la ville haute ou de la citadelle de Jébus. Ils n’en furent chassés que par David, huit cent vingt-quatre ans après leur entrée dans la cité de Melchisédech.
 
David fit augmenter la forteresse de Jébus, et lui donna son propre nom. Il fit aussi bâtir sur la montagne de Sion un palais et un tabernacle, afin d’y déposer l’arche d’alliance.
 
Salomon augmenta la cité sainte : il éleva ce premier temple dont l’Ecriture et l’historien Josèphe racontent les merveilles, et pour lequel Salomon lui-même composa de si beaux cantiques.
 
Cinq ans après la mort de Salomon, Sésac, roi d’Égypte, attaqua Roboam, prit et pilla Jérusalem.
 
Elle fut encore saccagée cent cinquante ans après par Joas, roi d’Israël. 
 
Envahie de nouveau par les Assyriens, Manassès, roi de Juda, fut emmené captif à Babylone. Enfin, sous le règne de Sédécias, Nabuchodonosor renversa Jérusalem de fond en comble, brûla le temple et transporta les Juifs à Babylone. Sion quasi ager arabatur, dit Jérémie ; Hierusalem ut… lapidum erat. Saint Jérôme pour peindre la solitude de cette ville désolée dit qu’on n’y voyait pas voler un seul oiseau.
 
Le premier temple fut détruit quatre cent soixante-dix ans six mois et dix jours après sa fondation par Salomon, l’an du monde 3513, environ six cents ans avant Jésus-Christ : quatre cent soixante-dix-sept ans s’étaient écoulés depuis David jusqu’à Sédécias, et la ville avait été gouvernée par dix-sept rois.
 
Après les soixante et dix ans de captivité, Zorobabel commença à rebâtir le temple et la ville. Cet ouvrage, interrompu pendant quelques années, fut successivement achevé par Esdras et Néhémie.
 
Alexandre passa à Jérusalem l’an du monde 3583, et offrit des sacrifices dans le temple.
 
Ptolémée, fils de Lagus, se rendit maître de Jérusalem ; mais elle fut très bien traitée par Ptolémée Philadelphe, qui fit au temple de magnifiques présents.
 
Antiochus le Grand reprit la Judée sur les rois d’Égypte, et la remit ensuite à Ptolémée Evergète. Antiochus Epiphane saccagea de nouveau Jérusalem, et plaça dans le temple l’idole de Jupiter Olympien.
 
Les Machabées rendirent la liberté à leur pays, et le défendirent contre les rois de l’Asie.
 
Malheureusement Aristobule et Hircan se disputèrent la couronne ; ils eurent recours aux Romains, qui par la mort de Mithridate étaient devenus les maîtres de l’Orient. Pompée accourut à Jérusalem : introduit dans la ville, il assiège et prend le temple. Crassus ne tarda pas a piller ce monument auguste, que Pompée vainqueur avait respecté.
 
Hircan, protégé de César, s’était maintenu dans la grande sacrificature. Antigone, fils d’Aristobule, empoisonné par les Pompéiens, fait la guerre à son oncle Hircan, et appelle les Parthes à son secours. Ceux-ci fondent sur la Judée, entrent dans Jérusalem, et emmènent Hircan prisonnier.
 
Hérode le Grand, fils d’Antipater, officier distingué de la cour d’Hircan, s’empare du royaume de Judée par la faveur des Romains. Antigone, que le sort des armes fait tomber entre les mains d’Hérode, est envoyé à Antoine. Le dernier descendant des Machabées, le roi légitime de Jérusalem, est attaché à un poteau, battu de verges et mis à mort par l’ordre d’un citoyen romain.
 
Hérode, demeuré seul maître de Jérusalem, la remplit de monuments superbes, dont je parlerai dans un autre lieu. Ce fut sous le règne de ce prince que Jésus-Christ vint au monde.
 
(...) 
 
Après la mort d’Agrippa, la Judée fut réduite en province romaine. Les Juifs s’étant révoltés contre leurs maîtres, Titus assiégea et prit Jérusalem. Deux cent mille Juifs moururent de faim pendant ce siège. Depuis le 14 avril jusqu’au 1er de juillet de l’an 71 de notre ère, cent quinze mille huit cent quatre-vingts cadavres sortirent par une seule porte de Jérusalem 28. . On mangea le cuir des souliers et des boucliers ; on en vint à se nourrir de foin et des ordures que l’on chercha dans les égouts de la ville : une mère dévora son enfant. Les assiégés avalaient leur or ; le soldat romain qui s’en aperçut égorgeait les prisonniers, et cherchait ensuite le trésor recélé dans les entrailles de ces malheureux. Onze cent mille Juifs périrent dans la ville de Jérusalem, et deux cent trente-huit mille quatre cent soixante dans le reste de la Judée. Je ne comprends dans ce calcul ni les femmes, ni les enfants, ni les vieillards emportés par la faim, les séditions et les flammes. Enfin il y eut quatre-vingt-dix-neuf mille deux cents prisonniers de guerre ; les uns furent condamnés aux travaux publics, les autres furent réservés au triomphe de Titus : ils parurent dans les amphithéâtres de l’Europe et de l’Asie, où ils s’entre-tuèrent pour amuser la populace du monde romain. Ceux qui n’avaient pas atteint l’âge de dix-sept ans furent mis à l’encan avec les femmes ; on en donnait trente pour un denier. Le sang du Juste avait été vendu trente deniers à Jérusalem, et le peuple avait crié : Sanguis ejus super nos et super filios nostros. Dieu entendit ce vœu des Juifs, et pour la dernière fois il exauça leur prière : après quoi il détourna ses regards de la Terre Promise et choisit un nouveau peuple.
 
Le temple fut brûlé trente-huit ans après la mort de Jésus-Christ ; de sorte qu’un grand nombre de ceux qui avaient entendu la prédication du Sauveur purent en voir l’accomplissement.
 
Le reste de la nation juive s’étant soulevé de nouveau, Adrien acheva de détruire ce que Titus avait laissé debout dans l’ancienne Jérusalem. Il éleva sur les ruines de la cité de David une autre ville, à laquelle il donna le nom d’ Aelia Capitolina ; il en défendit l’entrée aux Juifs sous peine de mort, et fit sculpter un pourceau sur la porte qui conduisait à Bethléem. Saint Grégoire de Nazianze assure cependant que les Juifs avaient la permission d’entrer à Aelia une fois par an, pour y pleurer ; saint Jérôme ajoute qu’on leur vendait au poids de l’or le droit de verser des larmes sur les cendres de leur patrie.
 
Cinq cent quatre-vingt-cinq mille Juifs, au rapport de Dion, moururent de la main du soldat dans cette guerre d’Adrien. Une multitude d’esclaves de l’un et de l’autre sexe fut vendue aux foires de Gaza et de Membré ; on rasa cinquante châteaux et neuf cent quatre-vingt-cinq bourgades.
 
Adrien bâtit sa ville nouvelle précisément dans la place qu’elle : occupe aujourd’hui ; et, par une providence particulière, comme l’observe Doubdan, il enferma le mont Calvaire dans l’enceinte des murailles. A l’époque de la persécution de Dioclétien, le nom même de Jérusalem était si totalement oublié, qu’un martyr ayant répondu à un gouverneur romain qu’il était de Jérusalem, ce gouverneur s’imagina que le martyr parlait de quelque ville factieuse bâtie secrètement par les chrétiens. Vers la fin du VIIe siècle, Jérusalem portait encore le nom d’ Aelia, comme on le voit par le Voyage d’Arculfe, de la rédaction d’Adamannus, ou de celle du vénérable Bède.
 
Quelques mouvements paraissent avoir eu lieu dans la Judée, sous les empereurs Antonin, Septime Sévère et Caracalla. Jérusalem, devenue païenne dans ses vieilles années, reconnut enfin le Dieu qu’elle avait rejeté. Constantin et sa mère renversèrent les idoles élevées sur le sépulcre du Sauveur, et consacrèrent les saints lieux par des édifices qu’on y voit encore.
 
Ce fut en vain que Julien, trente-sept ans après, rassembla les Juifs à Jérusalem pour y rebâtir le temple : les hommes travaillaient à cet ouvrage avec des hottes, des bêches et des pelles d’argent ; les femmes emportaient la terre dans le pan de leurs plus belles robes, mais des globes de feu sortant des fondements à demi creusés dispersèrent les ouvriers, et ne permirent pas d’achever l’entreprise.
 
Nous trouvons une révolte des Juifs sous Justinien, l’an 501 de Jésus-Christ. Ce fut aussi sous cet empereur que l’église de Jérusalem fut élevée à la dignité patriarcale.