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Un demi-million de Juifs, approximativement, vivent en Amérique Latine. Les plus vastes communautés se situent en Argentine (un peu plus que 200.000 membres), au Brésil (120.000 personnes) et au Mexique (40.000 pers.). Leur nombre total est appelé à décliner dans l’avenir. L’assimilation est l’une de ces raisons ; les départs pour Israël – bien qu’ils ne soient plus aussi importants que dans les années 1950-1960 – en est une autre. Le Venezuela est un cas particulier, à cause des problèmes politiques liés à la Présidence de feu Hugo Chavez. Au cours de son mandat, de 1998 à 2013, le nombre de Juifs y a diminué, de plus de 20.000 personnes à moins de 9.000.
On doit distinguer les problèmes que rencontre un pays spécifique de ceux qui expriment des tendances régionales. Actuellement, la principale préoccupation, pour les communautés juives d’Amérique Latine est, très probablement la présence iranienne grandissante, principalement, dans tous les pays qui forment l’ALBA, l’Alianza Bolivariana para las Américas [L’Alliance Bolivarienne des Amériques], que Chavez a créée.
[voir la carte des implantations de résealinkux du Hezbollah, en Amérique Latine : https://now.mmedia.me/lb/en/reportsfeatures/south-americas-hezbollah-map-tentative-title]
Les pays membres de l’ALBA comprennent ; le Venezuela, la Bolivie, l’Equateur, le Nicaragua et Cuba. Ce bloc est le principal partenaire de l’Iran en Amérique Latine. L’inculpation de hauts dirigeants iraniens, par le Procureur Spécial argentin, Alberto Nisman – qui enquête sur l’attentat à la bombe contre l’AMIA, à Buenos-Aires, en 1994 – indique bien que l’implantation d’un réseau irano-hezbollahni, en Amérique Latine, date, au moins, du milieu des années 1980. Le dernier rapport de Nisman dénonce le fait que – à part l’Argentine et les pays-membres d’ALBA – les pays affectés sont : le Brésil, le Chili, la Colombie, la Guyane, le Paraguay, le Suriname, Trinidad et Tobago, aussi bien que l’Uruguay.
En plus de l’Iran, les groupes pro-palestiniens jouent, également, un rôle essentiel dans l’incitation à la haine contre les Juifs et Israël. Leur influence demeurera, très probablement forte. La filière iranienne dans la région est un problème particulièrement préoccupant. Cela n’a fait que s’aggraver avec l’accord passé entre l’Argentine et l’Iran, pour réviser conjointement les conclusions de l’enquête sur l’attentat de l’AMIA, qui a fait 85 morts et des centaines de blessés.
Le Forum Social Mondial (WSF/FSM) est un évènement annuel majeur, qui a un impact international très négatif sur Israël. Ce très large rassemblement d’ONG et de mouvements sociaux a été fondé en 2001 à Porto Alegre (Brésil). Il a été instauré par le Partido dos Trabalhadores (Parti Travailliste), qui était, alors, dans l’opposition et qui gouverne, à présent, le Brésil . Le WSF est devenu la principale plateforme internationale de la campagne globale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël. En novembre 2012, il a tenu une session extraordinaire supplémentaire de 4 jours, appelée : « WSF Palestine Libre ».
Au cours de sa visite au Brésil, pour le Sommet RIO + 20 des Nations-Unies, portant sur les problèmes d’environnement, en 2012, le Président iranien de l’époque, Mahmoud Ahmadinedjad, a participé à une rencontre avec les dirigeants de WSF (FSM). L’Iran considère, selon toutes les apparences, que le WSF (FSM), qui représente déjà une tribune de grande valeur pour les Palestiniens, pourrait les aider à obtenir leur pleine légitimité dans l’opinion publique.
Au-delà de ces problèmes régionaux, il y a aussi des incidents antisémites dans une série de pays d’Amérique Latine. On peut décrire un certain nombre d’entre eux comme des manifestations « d’antisémitisme traditionnel ». Cependant, les attaques déguisées en « actes antisionistes » représentent les principales d’entre elles.
Dans la plupart des pays d’Amérique Latine, il n’existe pas de statistiques formelles concernant les incidents antisémites. Parmi les recherches systématiques dans ce domaine, on trouve un rapport annuel réalisé par l’organisation coordinatrice de la Communauté Juive argentine, la DAIA, qui recueille les informations sur les attaques antisémites et d’autres atteintes racistes en Argentine-1-[1].
Du fait de l’absence d’information systématique, il n’est pas évident de savoir si le problème est en augmentation ou en diminution, sur le continent. Ces évolutions se déroulent dans un contexte, où beaucoup de pays d’Amérique Latine sont de « jeunes » démocraties. Ils sont impliqués dans un processus d’expansion des droits civiques et des libertés et deviennent des sociétés plus ouvertes et pluralistes. Pourtant, les préjugés et le racisme demeurent. L’antisémitisme est, principalement, alimenté par les groupes radicaux qui avancent masqués, en prétendant qu’ils combattent Israël, le Sionisme ou l’Impérialisme.
Plusieurs organisations juives font face à l’antisémitisme en Amérique Latine. Le Centre Simon Wiesenthal se situe parmi les plus visibles, dans une perspective continentale ; le B’nai Brith en représente une autre, tout comme le Congrès Juif d’Amérique Latine. Dans de nombreux cas, nous sommes l’unique organisation sioniste juive à participer et à tenir un rôle d’observatoire des principaux forums d’ONG ou de rassemblements sous l’égide des Nations-Unies. C’est le cas avec le WSF (FSM), auquel nous participons régulièrement-2-[2].
Au sein de certaines instances, le SWC travaille sur des incidents passés. Par exemple, notre requête pour des sanctions contre un club de football d’Argentine, dont les supporters chantaient des slogans antisémites, s'est avérée être une intervention couronnée de succès ; ils ont été sanctionnés par le retrait de points au classement du championnat, qui a provoqué leur descente dans une ligue de niveau inférieur. Dans d’autres cas, nous essayons d’empêcher des évolutions négatives à la source. Par exemple, en octobre 2012, le SWC a protesté contre la tenue prévue d’un « Tribunal éthique contre Israël », qui devait se tenir dans les locaux de la Bibliothèque Nationale d’Argentine. L’évènement, a, par conséquent, pu être annulé à temps.
Parmi les Juifs et les amis et alliés non-Juifs d’Israël, il existe des groupes religieux, tels que les Chrétiens évangélistes et certains mouvements catholiques. Bien que les Evangélistes représentent une force en pleine croissance, le Catholicisme demeure la confession prédominante en Amérique Latine. L’élection du Pape François Ier – l’ancien Cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio – a renforcé la position du Catholicisme. Il reste encore énormément de travail à faire, en termes de développement des relations entre les Juifs et d’autres ONG et mouvements sociaux. Il existe divers cas qui illustrent qu’une coopération efficace peut être accomplie.