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On ajoutera la persistance des discriminations à l'embauche, au logement, à l'entrée dans les établissements de nuit.
Mais il est aussi de nouveaux phénomènes dont il faut mesurer la gravité et la dangerosité. Sur fond de communautarisme, d'islamisme, de conflit israélo-palestinien et de concurrence mémorielle, se sont développés dans nos villes et nos cités, mais également sur Internet, un racisme intercommunautaire et un antisémitisme virulents qui bouleversent les fondamentaux de notre combat antiraciste, selon lesquels l'immigré, le noir, l'arabe, le juif, sont consubstantiellement des victimes et le raciste nécessairement blanc, chrétien et de droite.
Il existe des endroits en France où l'on désigne à de jeunes désœuvrés qui se sentent, à tort ou à raison, laissés pour compte de la société ceux qui seraient les responsables de leurs malheurs. Ces responsables, ce seraient les "Français", les "blancs", les "fromages", cibles de ce qu'il est désormais convenu d'appeler le racisme anti-blanc. Le terme est sans doute impropre, s'agissant d'un phénomène qui n'a pas la même ampleur et ne relève pas des mêmes mécanismes que le racisme au sens où nous l'entendons habituellement. Devons-nous pour autant l'ignorer ? Mais les vrais responsables du malheur des jeunes embrigadés du djihad, ce seraient surtout les "feujs", les "juifs", les "sionistes", ceux qui auraient le pouvoir, l'argent et le monopole de la souffrance, ceux qui - par extension - massacreraient les enfants palestiniens...
Aujourd'hui, un antisémitisme "new-look" est tendance et se porte fièrement dans certains quartiers. L'entreprise vient de loin. Elle a été imaginée, institutionnalisée et labélisée lors de la conférence de Durban en 2001. Le principe est simple : il suffit de substituer le mot "sioniste" à celui de "juif". L'idée a rapidement trouvé ses "idéologues", islamistes radicaux. D'aucuns en ont fait leur fonds de commerce, comme cet ancien comique, devenu adepte d'Ahmadinejad, et compagnon de route de Faurisson, Soral et Le Pen... Pire, un certain humanisme inclut désormais cet "antisionitémitisme" quand il est question du conflit du proche orient, avec la complicité objective d'apprentis sorciers du conflit israélo-palestinien qui importent et exaltent les tensions communautaires sur notre territoire.
Le constat est amer, la tâche n'est pas aisée. Certains me disent qu'il n'est pas bon de parler de cet antisémitisme des cités, que ce n'est pas bon pour notre image. Mais ce n'est pas en cachant le mal qui nous dérange qu'on le soignera. D'autres se posent la question de savoir s'il est possible de combattre à la fois le racisme et l'antisémitisme, alors que les actes antisémites, en augmentation de 58% en 2012 sont, le plus souvent, perpétrés par des jeunes gens qui se revendiquent de l'islam. Non seulement nous le pouvons, mais nous le devons.
Réponse n°1 : l'universalisme et le rejet de tout communautarisme sont les clés de notre combat. Je refuse de laisser le combat contre l'intégrisme aux extrêmes. On ne demande pas aux pyromanes d'éteindre les incendies. Non seulement nous pouvons lutter à la fois contre le racisme et l'antisémitisme, mais nous le devons, en refusant tout communautarisme, pour nous placer aux côtés de toutes les victimes. L'universalisme de ce combat, nous sommes fiers à Licra de le revendiquer haut et fort depuis 1927, contre vents et marées, contre l'air du temps et les mauvais procès qui nous sont faits.
Réponse n°2 : c'est avec les musulmans que nous triompherons de l'islamisme raciste, antisémite, sexiste, homophobe et liberticide. Les pires ennemis des musulmans ne sont pas les islamophobes, mais les islamistes. Or chaque acte raciste dont les musulmans de France sont victimes alimente leurs rangs. Pour combattre l'islamisme, il faut combattre le racisme sous toutes ses formes et soutenir les tenants d'un islam éclairé, d'un islam des Lumières, d'un islam qui ne soit pas un "islam en France" mais un "islam de France".
Réponse n° 3 : combattre le racisme, l'antisémitisme et l'intégrisme, passe par le combat des valeurs et notamment de la laïcité, joyau de la République trop souvent malmené, comme encore ces derniers jours, avec l'arrêt de la Cour de Cassation dans l'affaire de la crèche Baby Loup. Non, Messieurs les Magistrats de la Cour suprême, le fait d'interdire le port du voile à une salariée dans une crèche ne constitue pas une discrimination, mais le gage de la neutralité religieuse dans le lieu le plus important qui soit, celui où débute l'apprentissage du vivre ensemble par les citoyens de demain.
Réponse n° 4 : combattre le racisme, l'antisémitisme et l'intégrisme, c'est comprendre et respecter toutes les religions, tout en refusant le délit de blasphème et l'immixtion du religieux hors de la sphère privée.
Réponse n° 5 : les questions relatives au racisme, à l'antisémitisme, à la laïcité, à la citoyenneté, au modèle d'intégration, doivent être largement expliquées et débattues dans toutes les sphères de la société française, à l'école, au collège, au lycée et dans les universités, dans le monde du sport et de l'entreprise, dans les associations, les milieux professionnels et les cellules familiales.
Réponse n° 6 : Internet et les réseaux sociaux sont des champs de bataille prioritaires, où il faut contrer l'extrémisme anonyme, xénophobe, raciste et antisémite.
Réponse n°7 : combattre le racisme, l'antisémitisme et l'intégrisme, passe par une volonté politique forte, affirmée, au plus haut niveau de l'Etat. Nous saluons la réactivation du Comité interministériel de lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Nous avons pris connaissance du programme d'action présenté par le Premier ministre le 26 février dernier. Nous avons entendu l'appel au rassemblement lancé par le Président de la République à Toulouse. Mais la volonté n'est rien sans les moyens. Nous attendons de voir.