Tribune
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Publié le 1 Février 2013

Syrie : bombardements israéliens sur des convois d’armes chimiques. Nous l’avions bien dit…

 

Par Kalman Schnur

 

Nous l’avons bien dit, ce mardi dernier 29 janvier : quelque chose allait se passer en Syrie.

 

Vu l’incapacité croissante des militaires syriens d’assurer la sécurité de leurs arsenaux ; et suite aux tentatives du Hezbollah de « rapatrier » au Liban des armes stockées par le régime Assad, ainsi que celles des « rebelles » syriens de se les accaparer. Ces armes étant, soit chimiques soit des missiles sophistiqués sol-air et sol-mer, Israël ne pouvait rester les bras croisés. Cela n’a pas tardé. L’épais brouillard de secret et d’intox qui entoure ces choses d’habitude interdit d’en avoir une connaissance exacte ; mais de toute évidence une activité aérienne israélienne soutenue se déroule actuellement au-dessus de la Syrie et du Liban. Et pourrait bien se poursuivre.

 

La nuit de mardi 29 à mercredi 30 janvier 2013, la frontière libano-syrienne semble s’être transformée en triangle des Bermudes : un convoi d’armes traversant la zone pour être livré au Hezbollah s’y est volatilisé. Mystère : personne n’en ayant revendiqué la propriété, a-t-il seulement existé ? Mais alors, quid du survol, avéré et ininterrompu, de la zone par l’aviation israélienne pendant toute cette nuit ? Des sources proches des renseignements occidentaux prétendent savoir que le convoi fantôme contenait des missiles sol-air SA17 de fabrication russe. Mais aucun des pays ou organisations concernés ne semble en avoir perdu ou même entendu parler.

 

Israël garde le silence

 

Sachant  qu’avouer reviendrait à confirmer une capacité à connaître les mouvements logistiques de l’adversaire avec précision et même d’avance. Sans oublier l’excellence de visée de nuit nécessaire pour ce genre d’opération. Sachant aussi que ne rien confirmer exonérerait le régime Assad de son « obligation » de réagir à la « violation » de son espace aérien.

 

Le motus israélien dans ces cas est une constante ; jamais l’État hébreu n’a-t-il confirmé ce genre d’informations, même face à une certitude unanime des médias étrangers et des chancelleries. Que ça soit des opérations précédentes en Syrie, bien avant la guerre « civile » actuelle, la plus célèbre étant la destruction, en 2007, de ce qui semblait être l’embryon d’un réacteur nucléaire militaire ; où des opérations, notamment plus récentes, dans la corne de l’Afrique et ailleurs.

 

" Un centre de recherche "

 

Mais le mercredi 30 janvier, vers 21h (heure de Damas), autre son de cloche. La télévision syrienne se fait l’écho d’un inhabituel communiqué de l’armée,  déclarant qu’Israël venait de bombarder un centre de « recherche » près de Damas, tuant deux personnes et en blessant cinq.

Faute, comme d’habitude, de réaction israélienne, des sources occidentales permettent de conclure qu’il s’agirait de deux opérations distinctes ; que le « centre de recherches » damascène, situé à 5 km du palais d’Assad, pourrait abriter des armes chimiques et son bombardement, servir d’avertissement.

 

Mais ceci pourrait aussi accréditer la prétention des « rebelles » syriens selon lesquels l’attaque du « centre » n’était qu’un tir de mortiers de leur fait. Ce « centre » ayant été protégé récemment par des missiles sol-air syriens, cette attaque de mortiers pourrait avoir neutralisé ce système, ouvrant la voie à un bombardement israélien. Mais il serait prématuré de conclure à une quelconque collusion, même objective, israélienne avec les « rebelles » syriens.

 

Israël semble avoir tenu les puissances principales intéressées, à savoir les USA et la Russie, au courant de ses intentions ; voir obtenu leur acquiescement  informel. Mercredi après midi, quelques heures après l’attaque du convoi et avant le supposé bombardement du « centre de recherches », le général israélien Aviv Kokhavi, commandant des renseignements militaires, et M. Jacob Amidror, chef du pôle de sécurité nationale, rentraient en Israël simultanément après des visites éclair à Washington et à Moscou.

 

Ce qui n’empêche nullement la Russie d’exprimer, le matin du jeudi 31 janvier, son « inquiétude » et de protester officiellement ce matin contre une « violation inacceptable » de la souveraineté syrienne, « quelle qu’en soit la cause »…