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Le lieu semble avoir été choisi pour sa signification au regard de la lutte contre les militants démocratiques et libéraux pakistanais, au moment critique où le Pakistan se trouve confronté à un renforcement des forces djihadistes, avant le retrait prévu des troupes américaines et de l´OTAN d’Afghanistan, fin 2014.
L´objectif annoncé de la conférence était le lancement du projet Shariah4Pakistan, qui vise à faire appliquer les lois de la charia islamique au Pakistan. À l´annonce du lieu de l’événement, les dirigeants islamistes, mis sous pression, ont d´abord été requis d´introduire un changement mineur : la conférence se tiendrait en fait à l’extérieur de la mosquée. Finalement, le 27 novembre, sharia4Pakistan a émis un communiqué annonçant que la conférence était reportée (à une date non déterminée), en raison de pressions gouvernementales et religieuses. Ci-dessous quelques informations sur le programme et les participants de la conférence.
Le programme de la journée en 5 points :
• Un débat sur la nature kufr (mécréante) de la constitution pakistanaise (non islamique), dirigé par le prédicateur islamique Abou Walaa
• La déclaration d´une fatwa (décret islamique) par le cheikh Omar Bakri Muhammad à l’encontre de l’adolescente pakistanaise Malala Yousafzai, qui récupère actuellement d´une attaque des Talibans pour avoir tenu un journal en ligne début 2009, lequel recensait au jour le jour l´application de la charia islamique par les militants talibans
• Une conférence sur le fondateur pakistanais Muhammad Ali Jinnah - sur sa trahison de l´islam - en dépit du fait qu´il ait établi la Nation islamique du Pakistan pour les musulmans indiens d´Inde – donnée par le jeune radical britannique Abou Bara
• Une conférence décrétant que le président pakistanais Asif Zardari est un apostat, ce qui pourrait déboucher sur un appel à l´assassiner, donnée par Abu Rumaysah, autrefois hindou
• Une conférence d’un invité, Anjem Choudary, juge des tribunaux de la charia au Royaume-Uni, sur comment faire du Pakistan un État favorable à la charia. Shariah4Pakistan cherche à déraciner les fondements du Pakistan – pour tenter d´y établir un califat islamique
Parmi les intervenants susnommés, le plus éminent est le cheikh Omar Bakri Mohammed, musulman radical et chef fondateur du groupe djihadiste Al-Muhajiroun qui, alors qu’il résidait au Royaume-Uni, prononçait des discours et des sermons glorifiant le terrorisme islamique devant la jeunesse britannique, avant de partir pour le Liban. Il est aujourd’hui interdit de séjour au Royaume-Uni. Au début de l’année, il défendait les attentats-suicides comme un moyen de faire régner la loi islamique en Syrie, déclarant : « En deux ou trois opérations, [Al-Qaïda] peut faire fuir le parti Baas... Au moyen d´opérations-martyres - vous les appelez attentats-suicides – le [kamikaze] d’Al-Qaïda ira au Parlement lorsque le Baas s´y trouvera, il se fera exploser, et il dira : ‘ô mon Dieu, accueille-moi, ô Dieu, je me hâte vers Toi’. » [1]
Le deuxième orateur le plus éminent est Anjem Choudary, qui écrit sur son site Internet : «Je pense que l´islam nous enjoigne de croire au Tawhid [monothéisme], de vivre par la charia, d´appeler de nos voeux et de nous sacrifier pour la Dawa [prédication] et le djihad... En tant que musulman, je crois que l´islam est supérieur et ne sera jamais dépassé par une autre croyance et idéologie, dans quelque domaine de la vie que ce soit… Je crois qu´un jour, la Grande-Bretagne et finalement le monde entier (y compris le reste de l´Europe, les États-Unis, la Chine et la Russie...) sera régi par les musulmans appliquant la Loi islamique et sera sous leur autorité ». [2]
Abou Walaa, qui devait s´exprimer sur le caractère non islamique de la constitution pakistanaise est présenté comme un prédicateur islamique et le directeur de la « commission de la vérité ».
Abou Bara, musulman britannique de 29 ans, est présenté comme un « professeur de jurisprudence islamique ». Son vrai nom est Mizanur Rahman. Il a été emprisonné au Royaume-Uni pour propagation d´extrémisme et, après sa libération, a publié un livre de 244 pages intitulé « Les manifestations sont-elles bénéfiques ? À la lumière du Coran et de la Sunna », qui précisait que le droit d´auteur est interdit dans l´islam et que tout le monde était libre de diffuser le livre. [3]
Abou Rumaysah, ancien hindou et porte-parole de Convert2Islam, figure sur l´affiche comme président de la « Société des convertis musulmans ».
Tous les intervenants invités pour l´événement appartiennent à un groupe restreint dirigé par Anjem Choudary et le cheikh Omar Bakri Mohammed.
Anjem Choudary et Omar Bakri Muhammad avaient prévu d´organiser une conférence similaire à New Delhi, le 3 mars 2012, pour marquer le 88e anniversaire de la fin du règne du califat islamique en Turquie, mais le projet avait été repoussé par l´Inde. [4]
*Tufail Ahmad est directeur du Projet d’études sur l’Asie du Sud à MEMRI.
Lire le rapport intégral en anglais : http://www.memri.org/report/en/0/0/0/0/0/0/6831.htm
Notes :
[1] Telegraph.co.uk (Royaume-Uni), le 25 janvier 2012. L´original en anglais a été légèrement adapté par souci de clarté.
[2] http://www.anjemchoudary.com/About/A-brief-Introduction-about-me.html, consulté le 19 novembre 2012.
[3] Izharudeen.com, consulté le 18 novembre 2012.
[4] Voir Enquête et Analyse de MEMRI n° 797, British Islamist Anjem Choudary Launches ´Shariah for India,´ Vows to Demolish Hindu Temples and Bollywood; Muslims Urged to Join In New Delhi March Next Month Marking 88th Anniversary of the End of Islamic Caliphate, le 9 février 2012.
Pour consulter l´intégralité des dépêches de MEMRI en français et les archives, libres d´accès, visiter le site www.memri.org/french.