Tribune
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Publié le 3 Mai 2017

#Tribune - Polémique inutile contre la visite d’Emmanuel Macron au Mémorial de la shoah

Après les propos d’Alain Finkielkraut et William Goldnadel, le vice-président du Mémorial de la Shoah remet les pendules à l’heure.

Depuis la visite d’Emmanuel Macron au Mémorial de la Shoah en cette Journée Nationale du Souvenir de la Déportation, une petite musique aigre circule de «Causeur» au «Figaro».

Deux intellectuels juifs, descendants de déportés, engagés contre le négationnisme depuis toujours se trompent hélas, cette fois-ci, de combat.

Alain Finkielkraut, d’abord, l’auteur que j’admirais depuis «L’avenir d’une négation» ou de «Le mécontemporain» a déclaré:

«Cette initiative m’a mis dans une colère qui a surpris et choqué mes proches. Je m’en excuse auprès d’eux. C’est le fils de déporté en moi qui hurlait. On ne peut pas faire de l’extermination des juifs un argument de campagne

Mais plus crûment et plus gravement c’est William Goldnadel qui, dans une tribune du Figarovox, écrit :

«M. Macron, la Shoah n’est pas un thème électoral» et de rajouter : «Il est peu d’écrire que j’ai peu apprécié le déplacement spectacle d’Emmanuel Macron au Mémorial de la déportation, dimanche. Exactement pour les mêmes raisons qu’Alain Finkielkraut, en tant que descendant de déportés, cette visite médiatique m’a choqué.» Pour conclure enfin : «Pendant que l’on convoquait une nouvelle fois la question juive d’hier, on prenait grand soin de ne pas évoquer celle d’aujourd’hui.»

Et voilà, nous sommes dans l’incantation et la caricature de tout le travail éducatif exemplaire qu’accomplit le Mémorial de la Shoah depuis tant d’années et qu’ignorent, visiblement, Messieurs Goldnadel et Finkielkraut.

Permettez moi donc de leur répondre en tant que Vice-Président du Mémorial de la Shoah et de militant engagé contre le racisme et l’antisémitisme depuis près de 40 ans, mais aussi comme témoin direct de la chronologie et de la nature des évènements interprétés de manière ignorante par Alain Finkielkraut et volontairement déformante par William Goldnadel.

Emmanuel Macron devait venir au Mémorial de la Shoah le 27 janvier pour la Journée internationale de la commémoration de la Shoah. Il ne put finalement venir ce jour-là, pour des contraintes propres au Mémorial.

Il a donc souhaité s’y rendre symboliquement au cours d’une autre journée de commémoration, pas à la va-vite, mais pour une visite complète du Mémorial de la Shoah et de toutes ses activités (lieux de mémoire, archives, musée).

La Journée Nationale de la Déportation fut donc choisie. Il a souhaité en ce jour si particulier, tout comme le Secrétaire d’Etat aux anciens combattants, la Maire de Paris, deux députés de Paris, le Préfet et les élus locaux accompagnés des anciens déportés des camps de concentration et d’extermination, se rendre au Mémorial de la Shoah mais aussi au Mémorial des Martyrs de la Déportation sur l’île de la Cité en ce dernier dimanche d’avril.

Cette cérémonie a lieu tous les ans depuis soixante ans au Mémorial. Car cette journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation fut instaurée par la loi du 14 avril 1954.

Emmanuel Macron, en souhaitant effectuer cette visite ce jour-là, s’inscrivait dans la continuité de celle de François Hollande du 29 avril 2012. Visite qui eut lieu également entre les deux tours de la présidentielle:

Pour rappel, voici ce qu’écrivait le Monde du 29 avril 2012.

 

Au Mémorial de la Shoah, Hollande appelle à lutter «contre la haine»
Le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, a visité dimanche 29 avril à Paris le Mémorial de la Shoah, saluant un «lieu admirable» et appelant à se réunir autour de «la Mémoire» pour lutter «contre la haine». «C’est un moment où toute la communauté nationale se retrouve», a dit le député de Corrèze en cette Journée du souvenir de la Déportation, qui a lieu chaque dernier dimanche d’avril, dans ce centre au coeur du quartier du Marais, qui était jadis le «pletzl» abritant une importante communauté juive.

 

Cette visite du candidat Hollande n’avait pas à cette époque attirée les foudres, si je ne me trompe, de M.M. Goldnadel et Finkielkraut. Pourquoi ?

Publié par La Règle du Jeu, le 3 mai 2017 , lire l'intégralité ici