Tribune
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Publié le 17 Janvier 2011

Vanessa Paradis a annulé son concert en Israël, par Véronique Chemla

Ce texte est publié dans la rubrique Tribunes Libres réservée aux commentaires issus de la presse. Les auteurs expriment ici leurs propres positions, qui peuvent être différentes de celles du CRIF.


C’est par un communiqué laconique que les organisateurs du concert de Vanessa Paradis prévu le 10 février 2011, à Tel-Aviv, ont annoncé le 15 janvier 2011 son annulation.
Charles Bensmaine, gérant d’Auguri Productions, et David Stern, président de Stern & Lights, évoquent des « impératifs professionnels de l’artiste ». Sans préciser.
Auguri transmet les excuses de Vanessa Paradis à ses « nombreux fans en Israël ».
Ces producteurs « travaillent d’ores et déjà à la venue en Israël, à court terme, de plusieurs artistes de la scène française ». D’autres artistes, mais pas Vanessa Paradis…
Une campagne de boycott d’Israël



Des « impératifs professionnels de l’artiste » ? Lesquels ? Mystère.



Comment les agents artistiques de Vanessa Paradis et les producteurs du spectacle ont-ils organisé ce concert en Israël sans tenir compte au préalable de tous les « impératifs professionnels » de cette chanteuse et actrice ?




On notera que ces « impératifs professionnels » de Vanessa Paradis ne l’empêcheront pas de se produire, dans le cadre de sa tournée internationale, le 22 janvier à Morges (Suisse), le 2 février à Londres et le 16 février à New York, puis le 18 février à Los Angeles et le 20 février à Montréal (Canada).



Le planning serait « trop chargé » pour une représentation en Israël, dans le magnifique écran prévu – l’Opéra national -, mais pas pour des représentations aux Etats-Unis ou en Suisse ?



La véritable raison de cette annulation résiderait-elle dans la campagne d’intimidations visant cette artiste ?



Citons la lettre d’Israéliens exhortant Vanessa Paradis, et Johnny Depp, à boycotter leur pays et publiée par Boycottfromwithin et à ne pas rencontrer le président Shimon Peres.



La force des ennemis de l’Etat juif réside pour beaucoup dans la faiblesse de ceux qui s’inclinent face à leurs intimidations. L’animateur de télévision et comédien Arthur a témoigné de la haine et de la violence verbale de militants anti-israéliens et antisémites.



Madonna (2009) et Elton John (2010) ont résisté aux menaces et intimidations visant à les contraindre à annuler leur concert en Israël. Ils ont chanté dans l’Etat juif. A guichets fermés.



D’autres artistes ont cédé – les Pixies, Elvis Costello et Carlos Santana - ou militent pour le boycott d’Israël : Ken Loach, Mike Leigh, etc.



Il serait temps que l’Etat juif se dote d’un arsenal législatif sanctionnant pénalement et sévèrement, à l’instar de la législation française, le boycott visant ses ressortissants, ses produits et lui-même.



Il serait indispensable aussi que l’Etat juif dénonce ce boycott soutenu par son « partenaire pour la paix », le « modéré » président Mahmoud Abbas.



Cette campagne de BDS (Boycott Désinvestissement Sanction) pénalise les Israéliens, en l’occurrence tous ceux qui gagnent leur vie en travaillant pour ces spectacles. Elle délégitime l’Etat juif, le diffame, l’ostracise comme un paria, l’isole, le marginalise.



Le boycott d’Israël est une étape et une modalité du boycott des Juifs. Meir Waintrater, rédacteur en chef de L'Arche, l'appelle un « meurtre symbolique ».



L’oiseau de Chanel



Dans les années 1990, Vanessa Paradis a été l’égérie de Chanel pour son parfum Coco. Depuis 2010, elle assure la publicité du rouge à lèvres Rouge Coco de la célèbre marque.



En décembre 2009, elle s’est rendue à Shanghai (Chine) pour assister à un défilé Chanel en présence de Karl Lagerfeld, directeur artistique de la maison de haute couture, et y a donné un concert privé.



Comment Vanessa Paradis réagirait-elle si elle était visée par des intimidations visant à lui faire annuler son contrat avec Chanel, qui est détenue majoritairement par la famille juive Wertheimer ?



Vanessa Paradis serait-elle ce volatile filmé par Jean-Paul Goude pour le parfum Coco : un bel oiseau qui siffle dans sa cage dorée, mais n’en sort pas ?
N’aurait-elle pas compris que ses libertés de femme et d’artiste sont liées à l’existence de l’Etat juif ?



Photo : D.R.
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