- English
- Français
Publié le 17 mars 2020 dans le Huffington Post
Il n’y a pas que les écoliers qui ont trouvé un point positif au coronavirus. Depuis mardi, les Français sont entrés en confinement à leur tour.
Pour beaucoup, cette situation engendre inquiétude et panique, comme le montrent les images des supermarchés pris d’assaut lundi 16 mars. Mais pour d’autres, cette situation inédite représente aussi une occasion de changer ses habitudes, prendre du temps pour soi et réfléchir à sa manière d’agir au quotidien.
Anaïs, 23 ans, est étudiante en communication. Bien que les restaurants et fast-food aient fermé leurs portes, ils sont encore nombreux à livrer à domicile. Pourtant, la jeune femme raconte qu’elle a décidé de stopper la restauration rapide. Elle était une habituée. “Je me rendais dans des fast-food au minimum deux fois par semaine avec mes amis. Que ce soit pour un repas ou un simple goûter.”
Le coronavirus a permis à cette étudiante de tourner le dos à la tentation. Désormais, elle raconte qu’elle a envie de cuisiner des produits frais. “Je vis seule pour mes études et avec les mesures de confinement, je vais rentrer chez mes parents. Habituellement c’est mes parents qui cuisinent, mais j’ai envie de me faire mes propres plats et de manger sain !”
Dans certaines entreprises, c’est également au niveau de l’alimentation que les salariés se remettent en cause. Valérie qui travaille dans une société spécialisée dans la distribution de baignoire balnéo dans les Bouches-du-Rhône raconte que depuis le début de l’épidémie, elle se prépare elle-même ses plats.
“J’étais habituée à commander à manger le midi avec mes collègues de travail, mais je sais comment ça se passe quand on prépare les commandes! Ma fille travaille en restauration, elle me raconte que pas tout le monde ne se lave les mains. Certains toussent, éternuent dans le vide ! Je préfère éviter les risques !” raconte l’employée de 54 ans.
Alors elle a décidé de privilégier une alimentation saine: ”ça a été l’occasion de stopper les repas gras pour acheter plus de légumes et prier mes collègues de faire de même. Je n’aimerais pas que l’un d’eux se retrouve contaminé et me le refile !”
Certains, placés en quarantaine depuis quelques semaines racontent qu’ils ont profité de ce temps pour reprendre de bonnes habitudes. La plupart, de retour de voyage ou confiné chez eux de manière préventive, ont profité de ces moments pour prendre du temps pour eux et passer du temps avec leurs proches.
Par exemple, Mathieu, journaliste pour Dis-cor-dia, raconte: “j’ai pu rester avec mon chat et j’ai repris les bonnes habitudes: j’ai pu lire plus et regarder plus de films.” Pour cet homme free-lance à temps plein, ce fut aussi un plaisir de profiter de cette mise en quarantaine de trois semaines, après avoir été exposé à une personne testée positive au virus.
Il confie également qu’il trouve intéressant de voir comment cette épidémie ralentit la consommation: “on autorise le télé-travail, les trains circulent moins, les dépenses d’énergie et de CO2 réduisent et par psychose, les gens rationnent. À terme, on se retrouve avec le paradoxe d’une économie soi-disant “en berne” avec des marches qui s’effondrent mais avec des gens plus heureux.”
Si la lecture et les films semblent être au cœur des programmes en quarantaine, le rangement de la maison y est également. Michael, français résident en Israël raconte qu’il a été confiné chez lui pendant 10 jours à son retour de France.
Il raconte qu’au-delà du sentiment d’angoisse qu’il a ressenti, il est également plus serein: “j’ai profité de ces moments pour me recentrer sur moi. J’ai repris le yoga, rangé ma maison. J’ai l’impression de reprendre ce que la routine et son rythme nous enlèvent en général.” Il ajoute qu’à l’approche du printemps, cela lui a permis de remettre de l’ordre dans ses dossiers et faire du tri.
Également depuis l’Israël, à Tel-Aviv, Benjamin, journaliste à I24 News raconte que comme Michael, il vit très bien son confinement de 10 jours après son retour de France. “Je vis seul alors même s’il y a quelques moments de solitude, je reste très positif. En revanche, j’imagine que cela doit être très dur pour les familles en fonction de l’aménagement de l’appartement.”
Le reporter explique que pendant son confinement, il bricole énormément ”à l’approche du grand nettoyage de printemps.” Rapidement, le planning était créé: “un peu de lecture, un petit film, puis du tri ! J’ai même enfin terminé des travaux qui étaient en attente depuis plusieurs semaines.”
Et pour l’après-crise ? Ces habitudes vont-elles perdurer ? Selon l’essayiste Jacques Attali qui s’est confié à ce sujet sur son site, c’est une évidence. Il explique: “Tirer le meilleur des nouvelles pratiques que cette crise, quelle que soit sa gravité, nous aura imposé: se respecter, se laver, passer plus de temps avec la nature [...] Produire autrement, avec une division géographique du travail beaucoup moins dispersée et fragile. Et, en conséquence, promouvoir un tout nouveau mode de croissance, et de nouveaux secteurs économiques jusqu’ici, pour certains, négligés.”