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Publié le 8 Novembre 2019

France - Veiller sur les cimetières juifs pour préserver le patrimoine alsacien

Le cimetière israélite de Jungholtz compte depuis octobre trois veilleurs dont le rôle est de prévenir les actes d’incivilité et antisémites. Parmi eux, Lionel Godmet, professeur de religion aux collèges de Soultz et Guebwiller, a répondu à l’appel.

Publié le 7 novembre sur le site de L'Alsace.fr

Lionel Godmet est devenu un habitué du cimetière juif de Jungholtz depuis qu’il a posé ses valises dans le Haut-Rhin après avoir enseigné la religion dans le Bas-Rhin. Au mois de mars, il a mené une action de sensibilisation avec ses élèves du collège Robert-Beltz de Soultz, qui ont déposé sur les tombes des cailloux sur lesquels étaient inscrits des messages de paix. Cette initiative l’a sensibilisé au projet de veilleur de cimetière israélite lancé par Philippe Ichter, salarié des conseils départementaux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin pour l’interreligieux.

Le professeur de religion, de même que les 22 autres veilleurs de mémoire du Haut-Rhin, a reçu un badge et signé une charte lors d’une cérémonie officielle le 6 octobre à Colmar, jour des vœux de la communauté juive pour la nouvelle année. Cette cérémonie s’est déroulée en présence de la présidente du conseil départemental du Haut-Rhin, Brigitte Klinkert.

L’œuvre du temps  et les squatteurs

Les veilleurs de cimetière s’engagent bénévolement à passer régulièrement et à rapporter les problèmes constatés auprès du Consistoire israélite du Haut-Rhin, de la commune, voire de la gendarmerie.

« J’ai constaté qu’une stèle était tombée depuis mon dernier passage », observe Lionel Godmet. Dans ce cas-là, c’est Bernard Antmann, secrétaire de l’administration du cimetière israélite de Jungholtz, qui intervient. « Beaucoup de tombes s’affaissent à cause du temps et des intempéries », souligne ce dernier. « Nous essayons de contacter la famille, mais ce n’est pas toujours facile. Nous avons essayé de relever des tombes par le passé, mais cela a causé plus de dégâts car les pierres sont très fragiles. » Pas d’acte de malveillance dans le cas présent.

Le cimetière de Jungholtz, ainsi que les cimetières juifs du Haut-Rhin, ont été relativement épargnés par les profanations, qui sont plutôt à déplorer dans le Bas-Rhin. « Le souci principal que nous rencontrons concerne les bandes qui viennent squatter pour boire et fumer de la drogue. Ils ont déjà occupé le bunker qui date de la Première Guerre mondiale et abîmé un dépôt à outils », rapporte Bernard Antmann. Il n’en juge pas moins nécessaire le rôle des veilleurs dans un contexte de recrudescence des actes antisémites et de montée des extrêmes.

Un engagement citoyen

Pour Lionel Godmet, devenir veilleur de cimetière juif est un engagement citoyen. « Le judaïsme fait partie intégrante de l’histoire et du patrimoine alsacien. C’est donc un engagement pour protéger et préserver notre patrimoine. » Le paroissien de Linthal est intéressé par le judaïsme et, plus largement, par le dialogue interreligieux. « Dans mes cours de religion, je parle autant du catholicisme que des autres religions. »

« À une époque, il existait ce qu’on appelle des shabbats goys, des personnes non-juives qui aidaient les juifs à réaliser des actes qui leur sont interdits pendant le shabbat, comme allumer la lumière », renchérit Lionel Godmet. « Il n’y a plus de shabbat goy aujourd’hui, mais il y a toujours des goys qui viennent aider la communauté à préserver les cimetières. » Et d’insister, rassurant : « Il n’y a pas que de l’antisémitisme, il y a aussi des gens qui viennent dans les cimetières avec bienveillance. »

 

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