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Publié le 5 novembre dans Le Figaro
En déplacement ce jeudi sur la zone frontalière du Perthus dans les Pyrénées-Orientales, Emmanuel Macron a annoncé un doublement des forces contrôlant les frontières de la France, de 2 400 à 4 800, pour lutter contre la menace terroriste, les trafics et l'immigration illégale.
Ce doublement a été décidé «en raison de l'intensification de la menace» après les récents attentats, dont celui de Nice, a expliqué le chef de l'État. Il est accompagné de Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et de Clément Beaune, secrétaire d'État chargé des Affaires européennes.
Accompagné du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et du secrétaire d'État chargé des Affaires européennes Clément Beaune, Emmanuel Macron s'est également dit «favorable» à une refondation «en profondeur» des règles régissant l'espace Schengen de libre circulation en Europe, et à «un plus grand contrôle» des frontières.
«Je porterai en ce sens des premières propositions au Conseil» européen de décembre, pour «repenser l'organisation» de Schengen et «intensifier notre protection commune aux frontières avec une véritable police de sécurité aux frontières extérieures», a-t-il ajouté. Avec la «volonté d'aboutir sous la présidence française», au premier semestre 2022.
Cette refondation doit rendre l'espace Schengen «plus cohérent», pour qu'il «protège mieux ses frontières communes» et qu'il «articule mieux» les impératifs de responsabilité de protection de frontières et de «solidarité», et que «la charge ne soit pas qu'aux pays de première entrée».
«La France est un des principaux pays d'arrivée d'immigration secondaire», lorsque les migrants déboutés d'un pays tentent leur chance dans un autre en Europe, et «je souhaite profondément aussi qu'on change les règles du jeu», a-t-il dit. Il a également plaidé pour «intensifier» la lutte contre l'immigration clandestine et les réseaux de trafiquants «qui, de plus en plus souvent, sont liés aux réseaux terroristes».
«Nous prendrons les lois qui sont nécessaires, si elles correspondent à des besoins identifiés», a-t-il ajouté, mais la situation «ne justifie pas de changer la Constitution», a-t-il assuré, face à des pressions de responsables politiques de droite et d'extrême droite.
Arrivé à la mi-journée au col du Perthus, Emmanuel Macron s'est entretenu avec les policiers de la police aux frontières (PAF) qui contrôlent les véhicules entrant en France par l'autoroute ou la nationale qui le traversent. L'un d'eux lui a notamment fait la démonstration d'un drone surveillant les voies de passage et les sentiers frontaliers.
Puis il a visité le Centre franco-espagnol de coopération policière et douanière, où sont affectées 24 personnes des deux pays à plein temps. «Nous partageons un espace de travail et de convivialité (...) La coopération marche très bien», lui a assuré un responsable espagnol. «Depuis 2017, la coordination entre les services de renseignement a été renforcée et confiée à la DGSI. Les moyens financiers, humains et technologiques ont été considérablement augmentés», a déclaré Emmanuel Macron dans un tweet posté durant sa visite.
Depuis 2017, la coordination entre les services de renseignement a été renforcée et confiée à la DGSI. Les moyens financiers, humains et technologiques ont été considérablement augmentés.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 5, 2020
Quelque 35.000 véhicules passent tous les jours sur l'autoroute et la route qui franchissent le col, entre les villes du Perthus en France et de La Jonquera en Espagne. L'Espagne est l'une des principales portes d'entrée des immigrés clandestins en France, qui arrivent par la côte en provenance d'Afrique du Nord. Plus de 4 000 migrants ont été refusés ces trois derniers mois dans le département des Pyrénées-Orientales, soit le double de d'habitude, selon un responsable de la PAF. Une partie d'entre eux étaient des Algériens tentant d'entrer en France.