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Photo : Gisèle Halimi en 2008. © Crédit photo : Maxppp
Publié le 28 juillet dans L'Obs
L'’avocate, militante féministe et femme politique franco-tunisienne Gisèle Halimi est morte à l’âge de 93 ans, annonce sa famille à l’AFP ce mardi 28 juillet. « Elle s’est éteinte dans la sérénité, à Paris », a déclaré à l’AFP l’un de ses trois fils, Emmanuel Faux, estimant que sa mère avait eu « une belle vie ».
Née Zeiza Gisèle Élise Taïeb en 1927 en Tunisie, elle participe en 1965 au Mouvement démocratique féminin. Fondatrice en 1971 avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir de l’association pour le droit à l’avortement Choisir la Cause des Femmes, elle est signataire, la même année dans « le Nouvel Observateur », du « Manifeste des 343 » réclamant le libre accès aux moyens contraceptifs et l’avortement libre.
Sa victoire retentissante au procès de Bobigny en 1972, où elle obtient la relaxe pour une jeune fille de 16 ans qui avait avorté après un viol, ouvre la voie à la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse, promulguée en 1975. Elle devient députée apparentée au groupe socialiste, entre 1981 et 1984, avant d’être nommée ambassadrice de la France auprès de l’Unesco par François Mitterrand. Elle faisait également partie des membres fondateurs de l’association altermondialiste ATTAC, en 1998.
Parallèlement à sa carrière d’avocate, elle a mené une carrière d’écrivain. Parmi sa quinzaine de titres, figurent « Djamila Boupacha » (1962), du nom d’une militante emblématique du FLN, et une œuvre plus intimiste comme « Fritna », sur sa peu aimante mère (1999), « pratiquante juive totalement ignorante ».
Mère de trois garçons, dont Serge Halimi, directeur de la rédaction du « Monde diplomatique », elle a confié qu’elle aurait aimé avoir une fille pour « mettre à l’épreuve » son engagement féministe. « J’aurais voulu savoir si, en l’élevant, j’allais me conformer exactement à ce que j’avais revendiqué, à la fois pour moi et pour toutes les femmes », disait-elle au « Monde » en 2011.
Dans une longue interview accordée au journal « le Monde » en septembre 2019, la nonagénaire s’étonnait encore que « les injustices faites aux femmes ne suscitent pas une révolte générale ».
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