Hier, une partie de notre pays a suivi le France Angleterre: match nul et relative déception pour les Français. Mais il y a un domaine où l’Angleterre a pris une longueur d’avance : celui de la mémoire.
Comme l’Italie, l’Allemagne et les Pays Bas, l’équipe d’Angleterre s’est déplacée à Auschwitz (vendredi 8 juin) et cela ne l’a apparemment pas empêchée de jouer correctement trois jours plus tard. La France ne l’a pas fait et ne compte pas le faire.
Il est vrai que l’équipe de France est établie à Donetsk en Ukraine à 1373km d’Auschwitz, alors que les Anglais et les Italiens sont installés à Cracovie, à une soixantaine de km du camp. Il est vrai que la France jouera ses matches en Ukraine, jusqu’à la demi-finale, si elle y parvient, et que le voyage est plus long. Mais l’avion raccourcit les distances et le fait même que la visite ne semble pas avoir été envisagée est choquant.
Le football, sport planétaire par excellence, mode prestigieux de promotion sociale et économique, devrait être le symbole de la mixité réussie, bien que les termes heureux de beur, blanc, black semblent appartenir à une génération ancienne. Certains stades sont malheureusement devenus en partie des lieux d’affrontement de supporteurs aux origines fantasmées et aux dénominations racistes.
Si on tient compte du rôle de modèle des grands footballeurs auprès des jeunes, de l’ignorance qui est le lot commun malgré le travail de mémoire effectué dans notre pays et de l’absolue nécessité de lutter contre les amalgames qui sont la plaie de notre société d’information, la visite d’Auschwitz, on le sait, peut conduire à des réflexions salutaires sur l’homme dans la société et sur la signification de l’antisémitisme.
Il nous reste à souhaiter que, une fois l’Euro passé, les dirigeants de ce sport conduisent avec leur équipe, que l’on espère victorieuse, une visite au Mémorial de la Shoah…
Je remercie Yohann Taieb de son initiative dans cette direction.
Richard Prasquier
Président du CRIF