Editorial du président
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Publié le 23 Juillet 2014

Conflit israélo-palestinien : refusons la mécanique de la haine

Par Roger Cukierman, Président du CRIF, publié dans le Monde du 22 juillet 2014

Voilà que la tragédie survient de nouveau sur ces terres supposées de lait et de miel ! Comment aider à en sortir ? Peut-on en sortir ? Six cents morts côté palestinien et vingt morts côté israélien. Apparemment les chiffres parlent d'eux-mêmes et ce serait Israël le coupable. Bien pire, disent tous les propagandistes, Israël pratiquerait un « génocide ». La tragédie qui se joue à Gaza et son écho au bord de la Seine font perdre le bon sens et la mesure des choses. Ces images substituent l'émotion à la réflexion.

Croyez-vous vraiment que l'on se réjouisse, quand on est Juif, de la mort d'enfants ? Mais que nous disent les images qui sont exhibées à la télévision ? Israël a des armes pour protéger sa population, le Hamas utilise sa population pour protéger ses armes. Tous les correspondants de presse peuvent en témoigner. Le Hamas bombarde indistinctement les villes d'Israël et s'il n'y a pas plus de victimes civiles, la raison en est du souci de protection des populations civiles de la part des autorités d'Israël. Y a-t-il un comportement identique côté Hamas ? En utilisant sa population comme bouclier humain, il espère attirer la compassion du monde.

Gaza souffre à Paris avec la progressiste participation de leaders de la gauche de la gauche. Avec une régularité toute pavlovienne, la « rue arabe » et la « rue gauchiste » ont fusionné dans un défilé des grands jours pour dénoncer le « génocide » commis par Israël à Gaza. Israël se comporterait en nazi. Dans les rues de Paris, les banderoles affichant le signe égal apposé entre la svastika et l'étoile de David sont devenues monnaie courante tandis que se consument les drapeaux israéliens et que certains hurlent leur haine des Juifs. Quand des milliers de personnes communient dans cette même mécanique haineuse, que se passe-t-il ?

Difficile d'être Juif dans certains endroits de France

L'effet ne s'est pas fait attendre : des centaines de jeunes furieux ont attaqué des synagogues dans Paris à la suite de la manifestation propalestinienne, le 13 juillet. Un début de pogrom a été évité de justesse. Cinq synagogues ont été attaquées la semaine dernière à Paris et en banlieue. Il est devenu difficile d'être Juif dans certains endroits de France, tant la haine d'Israël fait office de religion commune. Étaient-ils pro-palestiniens, ces jeunes en keffieh, ou étaient-ils prioritairement antiJuifs ? Quel souci ont-ils des Palestiniens, quand ceux-ci sont massacrés par Bachar Al-Assad ? Les 170 000 morts en Syrie ont-ils mobilisé l'ombre d'une indignation ?

Je fais miens ces mots de Vladimir Jankélévitch : « Depuis ces années qui nous séparent de l'enfer, bien des choses ont changé : le néoantisémitisme, qui aujourd'hui s'appelle pudiquement antisionisme, a déplacé un peu nos combats. L'antisionisme offre enfin à l'ensemble de nos concitoyens la possibilité d'être antisémite tout en restant démocrate. »

Né des crimes européens au XIXe siècle, le sionisme a symbolisé l'espoir d'un retour sur cette terre célébrée par une prière deux fois millénaire. Dans le même temps, d'autres peuples s'y étaient installés dès la dispersion des Juifs au début de l'ère chrétienne. Considérant cet espace comme le leur, ils refusaient ce retour qu'ils percevaient comme une colonisation étrangère. On ne peut pas lire l'histoire à l'envers, même si certains souhaitent la réécrire comme ils souhaiteraient qu'elle soit. C'est ainsi. Les Juifs sont revenus et des Arabes, pas encore palestiniens, ont dû partir. Je comprends leur désir de retrouver une patrie perdue, même si les États arabes environnants se sont joués de leur détresse et les ont utilisés pour servir d'abord leurs intérêts ou ceux de leurs leaders, dictateurs ou monarques corrompus… Lire la suite.

Source : http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/07/22/refusons-la-mecanique-de-la-haine_4461298_3232.html

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