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Laurence Ferrari : Votre présence sur ce plateau est symbolique. C’est une image d’union que vous voulez offrir aux Français ce soir ?
Dalil Boubakeur : Absolument. Le choc que nous avons subi, autant par compassion et solidarité avec la communauté juive durement éprouvée… mais aussi, la communauté musulmane, dans la surprenante découverte que l’auteur de tous ces drames depuis dix jours est un jeune de Toulouse qui se réclame de sa vision de l’Islam… Nous redoutons absolument l’amalgame injuste et injustifié pour une communauté qui ne veut pas du tout se reconnaitre dans ces actes ni dans cette idéologie là.
Richard Prasquier : Aujourd’hui a été la journée de la découverte du coupable, ce qui entraine pour nous un soulagement immense, mais c’est aussi la journée des victimes et je voudrais rappeler leurs noms : Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf, Mohamed Legouade, et puis les victimes juives, la petite Myriam Monsonégo, Jonathan Sandler et ses deux enfants, Aryeh et Gabriel et j’ajouterai, il ne faut pas l’oublier, Loïc Liber, aujourd’hui tétraplégique, sous assistance respiratoire… Ce salaud a mis beaucoup de vies à bas, celles des victimes et de leurs familles… Il a voulu atteindre la France… Il a voulu atteindre les Juifs… et je voudrais dire ici très fortement que l’antisémitisme ça tue. Ça a tué à Copernic, ça a tué Ilan Halimi. Ça a tué à Ozar Hatorah. C’est peut-être la seule « passion » qui puisse rendre un homme capable de tuer un enfant, de sang-froid. Bien entendu, nous ne devons pas faire d’amalgame. Nous sommes ici, avec le recteur Dalil Boubakeur comme nous avons été continuellement avec les Musulmans pour dire qu’il n’y a pas d’amalgame a effectuer entre l’Islam, qui est une des grandes religions de la France, et ces fanatiques, salafistes, islamistes, terroristes, appelez-les comme vous voulez… Ce sont des gens qui sont hors de notre société, y compris quand ils ne portent pas les habits du salafiste mais des costumes plus policés. Cet individu a dit qu’il pensait aux enfants de Gaza. Il y a là un autre amalgame qui est insupportable. C’est cet amalgame que les paroles imbéciles – et je dis bien « imbéciles » - de madame Catherine Ashton ont voulu suggérer. Entre les enfants de Gaza, victimes des ripostes militaires, et ça, il n’y a pas la moindre comparaison à faire. Et je voudrais dire que, de ce point de vue, les médias doivent faire leur examen de conscience. Depuis déjà une douzaine d’années, depuis l’affaire Al Dura et jusqu’aux affaires qui ont eu lieu tout récemment, dans la dernière opération de Gaza, un certain nombre de morts d’enfants, sur la foi d’images envoyées par le Hamas, ont été attribués par des agences à l’armée israélienne, et reprises ici, et je crois que c’est extrêmement grave.
Dalil Boubakeur : Bien sur que tout cela est profondément vrai. Nous sommes embarqués dans un même mal et les Musulmans ont durement payé le prix du sang, le prix des vies. Des centaines de milliers de personnes mortes, dans le monde, du fait de l’intégrisme, du fait du fanatisme, du fait de ces personnalités, apparues depuis quelques dizaines d’années, et qui (prônent) une idéologie en réalité criminelle. Il faut les appeler des criminels et ne pas penser que l’Islam autorise de tels procédés. L’Islam est aussi victime du même mal et ce mal, nous devons l’éliminer.
Richard Prasquier : … Nous devons manifester par notre présence commune. Nous avons des religions qui font partie de la France et dont la France doit être fière.
Dalil Boubakeur : Nous avons construit l’amitié et, ce vendredi, des prières seront dites dans les mosquées de France, pour toutes les victimes.