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Richard Prasquier, Président du CRIF : « Au lieu de susciter l’horreur, Merah a suscité l’admiration »
« Cela fait déjà treize ans, depuis la seconde Intifada, que le nombre d’actes antisémites est beaucoup trop important dans notre pays, la communauté juive ne représentant que 0,8% de la population française. L’année 2012 a été marquée par un événement tragique survenu le 19 mars à Toulouse. Au lieu de calmer les pulsions, cette attaque terroriste a entraîné par la suite une multitude d’actes antisémites comme l’indique le rapport du SPCJ. Ce point est extrêmement grave. Au lieu de susciter l’horreur, Merah a suscité l’admiration. Ce signal-là est dangereux. Il faut le prendre en considération. Une des préoccupations majeures de la communauté juive concerne sa sécurité à travers différents lieux comme les écoles ou les synagogues. De ce point de vue, il faut que les pouvoirs publics continuent à aider la communauté juive. Vis-à-vis de l’ensemble de la communauté nationale, la première chose à faire est de comprendre la gravité du problème. Il existe encore en France d’autres Merah. Un travail de prévention est indispensable. Il faut aussi renforcer les projets pédagogiques à l’intérieur des établissements scolaires de façon à détruire la masse de stéréotypes de haine contre les juifs. »
Joël Mergui, Président du Consistoire de Paris et du Consistoire central : « Miser sur la prévention »
« Le rapport du SPCJ correspond à l’impression que l’on a depuis plusieurs mois. La tuerie de Toulouse, au lieu de freiner l’antisémitisme, a libéré un certain nombre de pulsions antisémites. J’ai vu avec satisfaction que le comité interministériel de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme s’est réuni (mardi 26 février). Il y a un travail éducatif à réaliser au niveau scolaire. Il y a un travail préventif à faire dans le milieu carcéral qui enrôle et fabrique des terroristes. Par ailleurs, il faut améliorer la connaissance sur le judaïsme, l’histoire des juifs et la mémoire de la Shoah. La lutte contre l’antisémitisme en France ne doit pas se résumer à la sécurisation des synagogues. Je suis attentif de savoir si la volonté politique qui se manifeste en haut lieu va pouvoir être relayée à tous les niveaux (écoles, prisons, universités…). Il suffit d’un seul dysfonctionnement pour créer un nouveau terroriste. Un important volet de prévention doit être déployé. Il faut également lutter contre l’antisionisme, lequel est générateur d’antisémitisme. L’idée est donc de ne rien négliger. »
Pierre Besnainou, Président du FSJU et de la Fondation du Judaïsme français : « Être vigilant, intraitable et ne pas entrer dans la spirale de la violence »
« La montée de l’antisémitisme est un sujet qui nous interpelle. On aurait plutôt penséqu’après le terrible drame de Toulouse les choses allaient se calmer. Or, nous avons assisté à des réactions totalement inverses. C’est une vraie préoccupation. L’acte de Merah est devenu un exemple pour certains individus en France. Le terrorisme que l’on croyait hors de nos frontières est désormais à l’intérieur de nos frontières, l’antisémitisme de base se transformant en terrorisme. Au FSJU, nous voulons faire passer le message aux pouvoirs publics que l’antisémitisme est un virus qui ronge la société française. Notre République est donc en danger. La communauté juive doit être capable de surmonter ce fléau de l’antisémitisme. Elle doit être vigilante et intraitable, en signalant tous les actes antisémites immédiatement. Nous voulons dire à nos jeunes de ne pas entrer dans la spirale de la violence. »